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Economie mondiale : la reprise fléchit, une nouvelle récession est possible

Photo: Paul Keheler
Paul Keheler
Photo: Paul Keheler

Economie mondiale : la reprise fléchit, une nouvelle récession est possible

La reprise de l'économie mondiale perd de sa vitalité depuis le milieu de l'année 2010 et tous les indicateurs montrent un ralentissement de la croissance économique mondiale évaluée à 3,1% en 2011 et 3,5% en 2012, des niveaux trop faibles pour recréer les emplois détruits par la crise financière et économique, indique un nouveau rapport de l'ONU, dont les premières conclusions ont été rendues publiques mercredi.

Intitulé « Situation économique mondiale et perspectives pour 2011 », le document souligne que « les perspectives demeurent incertaines » et que « d'importants risques de récession demeurent ». « L'esprit de coopération entre les principales économies est en déclin, ce qui a affaibli l'efficacité des réponses à la crise », souligne-t-il, avant de pointer en particulier « le manque de coordination des politiques monétaires, devenu une source de turbulence et d'incertitude sur les marchés financiers ».

Pour l'ONU, « la reprise pourrait subir de nouveaux revers et une deuxième vague de récession se dessine pour l'Europe, le Japon et les Etats-Unis ». « Des politiques de relance budgétaire seront à nouveau nécessaires pour soutenir la reprise, mais elles devront être mieux coordonnées et mieux orientées pour offrir un meilleur soutien à la création d'emplois et faciliter un rééquilibrage durable de l'économie mondiale », ajoutent les auteurs du rapport, qui préviennent que « cela ne pourra pas se faire sans une meilleure coordination de la politique internationale ».

Le Rapport se penche ensuite sur les différentes régions du monde. Parmi les pays développés, si « les États-Unis continuent d'essayer de sortir de la récession la plus longue et la plus profonde depuis la Seconde Guerre mondiale », ils connaissent aussi « le rythme de reprise le plus faible qu'ils aient connu dans des périodes post-crise ».

« La croissance de 2,6% en 2010 devrait encore ralentir, à 2,2% en 2011, avant de s'améliorer légèrement, à 2,8% en 2012 », prévoit le document, qui estime que « il faudra quatre années au pays pour retrouver le niveau d'emploi qui prévalait avant la crise de 2008 ».

L'Europe et le Japon, qui ont connu une croissance de 1,6% en 2010, ont des perspectives encore plus sombres. « En supposant que la reprise, même modérée, se poursuive en Allemagne, la croissance du PIB de la zone euro devrait connaître une quasi-stagnation, avec à 1,3% de croissance en 2011 et 1,9% en 2012 », met en garde le rapport. Il pointe en particulier « certains pays d'Europe qui connaitront des niveaux de croissance encore plus faibles », ceux qui sont « piégés par le niveau de leur dette publique », à l'instar de « la Grèce, de l'Irlande, du Portugal et de l'Espagne, où la croissance sera minée par les politiques d'austérité budgétaire et des taux de chômage encore élevés qui limitent la demande intérieure ». « A court terme, leurs économies resteront soit dans la récession, soit dans la stagnation », selon l'ONU.

Quant aux pays en développement, le rapport estiment qu'ils « continuent à soutenir la reprise mondiale, même si leur croissance devrait aussi fléchir et passer à 6% en 2011-2012, contre 7% cette année ». Principale explication fournie par les auteurs du rapport, la demande des pays développés qui reste faible et l'arrêt progressif des mesures de relance prises par les gouvernements. Ainsi en Asie, si la croissance continue d'être tirée par la Chine et l'Inde, une baisse d'un point est attendue en 2011 et 2012.

En Amérique latine, la croissance devrait restée relativement solide, avec un taux à 4%, en recul néanmoins par rapport au 5,6% de 2010, indique l'ONU. « Le Brésil, moteur de la croissance régionale, bénéficie d'une forte demande intérieure qui stimule sa croissance et celle des pays voisins, via leurs exportations », souligne le rapport qui met aussi en avant « le renforcement des liens économiques entre la sous-région et les économies émergentes d'Asie ».

Au Moyen-Orient et dans d'autres pays d'Asie occidentale, la croissance demeure, mais s'infléchit aussi, avec 5,5% en 2010, 4,7% en 2011 et 4,4% en 2012. « A ce rythme, la croissance annuelle moyenne sera inférieure au taux d'avant la crise », regrette néanmoins le rapport.

Enfin pour l'Afrique, l'ONU relève que « la reprise économique a été solide dans la plupart des pays du continent ». « Un rebond est attendu et la croissance devrait atteindre 5% en 2011 et 2012 », indique l'organisation, qui rappelle toutefois que « c'est bien inférieur au potentiel du continent » et que les situations varient fortement selon les régions et les pays. « Les pays d'Afrique de l'Est sont par exemple en forte croissance, mais plusieurs pays parmi les plus pauvres, en particulier ceux du Sahel, souffrent encore de la sécheresse, de l'instabilité ou de l'insécurité, des facteurs qui entravent la reprise de leurs économies ».