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Wallström tire la sonnette d'alarme sur les violences sexuelles dans les conflits

Wallström tire la sonnette d'alarme sur les violences sexuelles dans les conflits

Margot Wallström.
Face au nombre de personnes victimes de violences sexuelles dans les conflits à travers le monde, la Représentante spéciale de l'ONU sur la question, Margot Wallström, y voit une « arme de guerre » et rappelle que le champ de bataille ne se concentre pas qu'en Afrique subsaharienne.

Selon elle, tous les continents sont affectés. Dans un entretien au Centre d'actualités de l'ONU, la Représentante spéciale pour les violences sexuelles dans les conflits tire la sonnette d'alarme sur ce fléau.

« Aujourd'hui, la nature des conflits a changé. Les civils sont de plus en plus victimes des conflits modernes et malheureusement les femmes et les enfants sont les plus touchés. La violence sexuelle est utilisée comme une arme de guerre ou comme une tactique de guerre. Historiquement, c'est un phénomène qui est présent dans chaque conflit », explique-t-elle.

L'ampleur des violences sexuelles en République démocratique du Congo (RDC) reste sans communes mesures mais ce type de violations existe dans toutes les parties du monde. Margot Wallström cite notamment la Bosnie-Herzégovine, le Népal, le Timor-Leste, le Myanmar, le Soudan ou encore la Colombie.

Revenant sur les viols de masse perpétrés entre le 30 juillet et le 2 août dernier dans la région de Walikale à l'est de la RDC où plus de 300 personnes ont été violées, la Représentante spéciale estime qu'il est nécessaire de répondre à la question de savoir « pourquoi les Casques bleus sur le terrain n'ont pas vu les signes avant-coureurs et n'ont pas pu s'apercevoir de ce qui était en train de se passer dans la zone ».

Selon elle, quelques leçons ont été tirées notamment le besoin de moyens de communication entre les forces de sécurité et les villages et communautés et la nécessité d'une prise en charge psychologique des victimes « qui a été pratiquement totalement ignorée jusqu'à maintenant ».

Margot Wallström estime que l'une des priorités est de mettre un terme à l'impunité. « Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour identifier les responsables et utiliser notre pouvoir de sanction, nous devons utiliser tous les leviers pour les poursuivre en justice. Je suis devenu plus optimiste après que Mayele – un des membres du groupe armé Maï Maï Cheka, appréhendé dans la région de Walikale au Nord-Kivu? a été arrêté lorsque j'étais sur place en République démocratique du Congo (RDC) », a-t-elle souligné.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté quatre résolutions sur la question des femmes, de la paix et de la sécurité. La résolution 1899 (2009) est la plus récente. On en trouve les fondements dans la résolution 1325 (2000), qui préconise « la participation des femmes sur un pied d'égalité au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité et l'intégration d'une démarche sexo-spécifique dans la prévention des conflits, les négociations de paix, les opérations de maintien de la paix, l'aide humanitaire et la reconstruction après les conflits ». Les résolutions 1820 (2008) et 1888 (2009) portent essentiellement sur la prévention et la répression de la violence sexuelle en période de conflit.

Sur la résolution 1325, qui symbolise la reconnaissance des femmes comme agents de changements au sein des institutions et des processus de paix, Margot Wallström déplore le manque de volonté politique pour mettre en œuvre les réformes sur le terrain.

« L'application sur le terrain de cette résolution nécessite du courage politique. Je pense que nous devons simplement décider que nous ne pouvons pas nommer une équipe ou une délégation pour négocier la paix ou que ce soit sans la présence de femmes. Ils existent beaucoup de négociations de paix qui ont été menées sans les femmes. Cela devrait être interdit. Vous ne pouvez pas négocier la paix sans avoir des femmes autour de la table », insiste la Représentante spéciale.