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Un groupe d'experts de l'ONU dénonce des exécutions en Somalie

Un groupe d'experts de l'ONU dénonce des exécutions en Somalie

Des hommes armés en Somalie.
Six experts indépendants de l'ONU ont condamné jeudi les récentes exécutions publiques de deux adolescentes en Somalie centrale, estimant qu'elles étaient la dernière manifestation de « l'effroyables crise des droits de l'homme qui mine le pays ».

« Nous avons été horrifiés en apprenant les deux exécutions publiques menées par des insurgés d'Al-Shebab, le 27 octobre, devant des centaines de résidents de Beledweyne. Nous nous joignons au peuple somalien et condamnons dans les termes les plus forts les exécutions sommaires et brutales de ces deux jeunes femmes, condamnées sans le moindre semblant de procédure », indiquent-ils dans un communiqué rendu public jeudi.

Selon des témoignages cités par la presse, les deux jeunes femmes étaient âgées de 17 ou 18 ans et ont été exécutées pour espionnage.

Les six experts appellent les parties au conflit « à cesser immédiatement toutes exécutions extrajudiciaires, tortures, lapidations, décapitations, amputations et flagellations, ainsi que toutes autres violations des droits de l'homme ». Ils se disent « profondément préoccupé » par le fait que « des groupes comme Al-Shebab ramènent la Somalie à l'âge de pierre ».

« A Mogadiscio et dans les régions méridionale et centrale, les institutions judiciaires ont cessé de fonctionner. Dans les zones contrôlées par des groupes insurgés, des tribunaux ad hoc jugent des civils et les condamnent à des peines inhumaines, sans procès équitable, en violation de la loi somalienne et du droit international », dénoncent encore les six experts, avant d'appeler « toutes les parties à respecter leurs obligations et à protéger les civils, conformément à la Conventions de Genève de 1949 et au droit international humanitaire ».

L'un des experts, Shamsul Bari, chargé de la situation des droits de l'homme en Somalie, souligne également que des rapports font constamment état de violences sexuelles et sexistes, en particulier de viols, de mutilations génitales et de mariages forcés.

« La violence sexuelle continue d'augmenter, non seulement parmi les quelque 1,4 million de personnes déplacées à l'intérieur du pays, mais aussi dans les autres couche de la société somalienne », indique-t-il, avant d'ajouter par ailleurs qu'il est « extrêmement triste et inquiétant pour l'avenir du pays de savoir que seulement 10% des enfants somaliens vont à l'école ».

Shamsul Bari rappelle que des rapports font aussi état de « violations répétées de la liberté de religion », notamment avec des destructions de lieux de culte et de cimetières musulmans soufis.

« Nous adressons nos plus sincères condoléances aux familles et aux proches de toutes les victimes, y compris les deux jeunes filles exécutées à Beledweyne, et appelons la communauté internationale à ne pas relâcher ses efforts, à enquêter sur ces crimes inacceptables et à poursuivre les auteurs pour qu'ils soient traduit en justice », conclut le communiqué commun de l'Expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en Somalie, Shamsul Bari, du Rapporteur spécial sur la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, Juan Mendez, du Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns, du Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, Heiner Bielefeldt, du Rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats, Gabriela Knaul et du Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes, Rashida Manjoo.