L'actualité mondiale Un regard humain

UNESCO : la pénurie d'ingénieurs est une menace pour le développement

UNESCO : la pénurie d'ingénieurs est une menace pour le développement

media:entermedia_image:43c10d99-db4c-42b3-8721-8e7acc212a8b
Plus que jamais, le monde a besoin de solutions innovantes en matière d'ingénierie pour affronter les grands défis, de la pauvreté au changement climatique. Or, de nombreux pays constatent une baisse du nombre de jeunes, de femmes en particulier, dans les écoles d'ingénieurs, selon un rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) publié vendredi.

Plus que jamais, le monde a besoin de solutions innovantes en matière d'ingénierie pour affronter les grands défis, de la pauvreté au changement climatique. Or, de nombreux pays constatent une baisse du nombre de jeunes, de femmes en particulier, dans les écoles d'ingénieurs, selon un rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) publié vendredi.

Cette baisse des effectifs menace d'affecter les capacités futures en matière d'ingénierie, notamment dans les pays en développement où la fuite des cerveaux constitue un problème supplémentaire, ajoute ce rapport intitulé « Engineering: Issues, challenges and opportunities for development » et qui s'appuie sur les contributions de plus de 120 experts du monde entier.

Alors que se rapproche la date butoir de 2015 pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement de l'ONU (OMD), il est « vital que nous prenions la pleine mesure du pouvoir de l'ingénierie afin de faire la différence dans le monde en développement », affirme la Directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, dans l'avant-propos du rapport.

On estime ainsi qu'environ 2,5 millions de nouveaux ingénieurs et techniciens seront nécessaires pour la seule Afrique subsaharienne si la région entend atteindre l'Objectif du Millénaire pour le développement relatif à un meilleur accès à l'eau potable et à l'assainissement. Dans le même temps, les experts prédisent que le marché mondial lié à la recherche de solutions pour faire face au changement climatique – tels que des produits à basse teneur en carbone ou les systèmes d'énergie renouvelable – atteindra rapidement 1.000 milliards de dollars et qu'il continuera de croître.

Or, le manque d'ingénieurs est patent dans de nombreux pays. L'Allemagne enregistre ainsi une pénurie sérieuse d'ingénieurs dans la plupart des secteurs. Au Danemark, une étude montre que d'ici à 2020, 14.000 ingénieurs feront défaut. Et bien qu'en chiffres absolus le nombre d'étudiants ingénieurs augmente dans le monde, leur pourcentage est en baisse par rapport aux autres disciplines. Au Japon, aux Pays-Bas, en Norvège et en République de Corée par exemple, une baisse de 5 à 10% des inscriptions a été enregistrée depuis la fin des années 1990.

« La baisse d'attractivité des études d'ingénieur chez les étudiants vient apparemment de ce qu'elle est perçue comme une matière ennuyeuse et qui demande beaucoup de travail, qui débouche sur des emplois mal payés eu égard aux responsabilités qu'ils impliquent, que l'ingénierie a un impact négatif sur l'environnement et peut-être considérée plutôt comme une partie du problème que comme la solution », explique Tony Marjoram, qui a dirigé la publication du rapport.

En ce qui concerne l'égalité entre les sexes, les efforts visant à accroître la participation des femmes dans de nombreux pays a permis d'augmenter leur nombre qui, de 10 à 15% au départ, est passé à 20% voire plus même si on constate un recul depuis 2000. Dans certains pays, le pourcentage de femmes ingénieurs est inférieur à 10% et elles sont quasi absentes dans certains pays. Une étude récente menée pendant deux ans au Royaume-Uni montre la persistance de préjugés identifiant l'ingénierie comme une discipline strictement technique et masculine.

Les étudiants ne sont pas les seuls à avoir des conceptions erronées : l'ingénierie est « couramment négligée par les politiques de développement et de planification », par exemple dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement, constate Tony Marjoram.

Pour susciter plus d'intérêt et d'adhésion, l'ingénierie exige innovation et transformation. De nouvelles démarches doivent par exemple être développées en matière d'éducation et de formation, dans le sens d'un apprentissage plus concret, démontrant ainsi que l'ingénierie permet, par sa nature même, de résoudre les problèmes posés. Un autre secteur de croissance important concerne l'ingénierie « verte » ou durable. « L'ingénierie doit se présenter comme un domaine pertinent capable de résoudre les problèmes contemporains, afin de devenir plus responsable socialement et de faire le lien avec les questions éthiques liées au développement », explique encore Tony Marjoram. « Cela contribuera aussi à attirer les jeunes ».