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Soudan : les mois à venir sont déterminants, selon l'ONU

Soudan : les mois à venir sont déterminants, selon l'ONU

Une femme vote lors des élections générales d'avril 2010, à Juba, au Soudan.
« Il y a eu des progrès notables dans la préparation du référendum au Sud-Soudan mais il nous reste très peu de temps. À moins de trois mois du scrutin, le pays est entré dans une période cruciale », a déclaré lundi le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Alain Le Roy.

Il intervenait à l'occasion d'une réunion du Conseil de sécurité pour présenter les derniers rapports du Secrétaire général de l'ONU sur l'Opération de l'Union africaine et des Nations Unies au Darfour (MINUAD) et sur la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS).

A propos des référendums d'auto-détermination au Sud Soudan et dans la région d'Abyei, il a indiqué que la MINUS continuait de fournir un soutien technique et logistique à la Commission du référendum au Sud-Soudan, que la Commission commencerait l'inscription des électeurs le 14 novembre et que les registres des électeurs seraient finalisés le 31 décembre. Il a ensuite signalé que le gouvernement du Soudan n'avait versé que 8,5 millions de dollars pour préparer ce scrutin alors que la consultation « qui est avant tout un exercice national ne pourra pas être mise en œuvre sans un accord de financement national ».

Le Secrétaire général adjoint a en outre estimé « essentiel » que les gouvernements du Soudan et du Sud-Soudan garantissent des conditions permettant aux électeurs de faire un choix libre de toute pression. Tout en se félicitant des progrès réalisés dans la réconciliation entre les parties prenantes dans la région, il s'est dit cependant « profondément préoccupé » par le manque d'avancées concernant la préparation du référendum d'Abyei. « Un fait inquiétant est que la Commission du référendum n'a pas encore été établie », a-t-il insisté, avant de souligner qu'en « l'absence d'un accord négocié entre les parties, la tension croît chaque jour dans la zone ».

Au plan de la sécurité, Alain Le Roy a estimé que si une amélioration de la situation dans la zone d'opération de la MINUS était notable, l'ampleur des risques liés aux référendums avaient amené à étudier plusieurs options de renforcement de la composante militaire de la MINUS.

« Une option consisterait à redéployer vers la frontière des troupes basées dans d'autres zones du Sud-Soudan », a-t-il expliqué, reconnaissant qu'une telle manœuvre risquait aussi d'affaiblir les capacités de la Mission pour les préparatifs du référendum. « L'autre option serait d'augmenter le nombre de troupes près des zones sensibles », a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il était « important de reconnaître qu'une augmentation du nombre de troupes ne permettrait pas d'empêcher ou même de contenir un affrontement entre les deux armées ». « Notre meilleure arme contre un retour à la guerre est politique », a-t-il conclu.

Evoquant ensuite la situation au Darfour, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a souligné que les affrontements violents entre les Forces armées soudanaises et le Mouvement pour la justice et l'égalité aggravaient sérieusement la situation humanitaire. « Le gouvernement ne combat pas assez la culture de l'impunité qui autorise les attaques contre le personnel de l'ONU et les travailleurs humanitaires, qui sont devenues la norme », a-t-il estimé. Il a également fermement déploré l'absence d'amélioration au plan humanitaire au cours des derniers mois, rappelant que « depuis le début de l'année, plus de 280.000 personnes ont été déplacées à travers la région ».

« Dans le même temps, les opérations humanitaires ont été entravées par l'insécurité », a-t-il regretté, rappelant que le Programme alimentaire mondial (PAM) avait été dans l'incapacité d'assurer ses distributions de nourriture à plus de 435.000 réfugiés au mois d'août.

A propos enfin de la mise en œuvre de l'Accord de paix global, Alain Le Roy a rappelé que la MINUAD continuait d'appuyer le processus, en particulier par le biais « d'efforts destinés à faciliter une plus grande participation des Darfouriens ». Il a demandé que le Conseil de sécurité continue d'exhorter le gouvernement soudanais à faire plus pour créer un environnement qui permette à la MINUAD de s'acquitter efficacement de son mandat. « Le gouvernement soudanais doit aussi prendre les mesures nécessaires pour améliorer la vie quotidienne des Darfouriens et gagner leur confiance », a-t-il ajouté.