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Ban fête le 60e anniversaire de la Convention européenne des droits de l'homme

Ban fête le 60e anniversaire de la Convention européenne des droits de l'homme

L'ONU encourage les Etats à protéger les droits des migrants.
« L'anniversaire que nous célébrons aujourd'hui est important, la Convention européenne des droits de l'homme a amené des changements fondamentaux dans la vie de nombreuses personnes ; les droits de l'homme pour tous, ce n'est pas un rêve impossible, on ne devrait même pas en parlé comme un rêve », a déclaré mardi le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, devant le Conseil de l'Europe, à Strasbourg.

Invité aux célébrations du 60ème anniversaire de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH), adoptée en 1950 et entrée en vigueur en 1953, il a rappelé que le Conseil de l'Europe était « un partenaire clé de l'ONU », partageant « le même objectif », « unifié derrière le principe selon lequel les droits de l'homme sont universels ».

Ban Ki-moon a ensuite salué le rôle de modèle de l'Europe, « un exemple de changement pacifique, avec une intégration de plus en plus forte » qui est « une source d'inspiration mondiale ».

Mais il a aussi souligné que « les droits de centaines de milliers de personnes continuent d'être ignorés ou bafoués », que « de nouvelles forces font apparaître de nouvelles difficultés », qu'une « fracture de plus en plus marquée entre le Nord et le Sud » est apparue, que « les droits civils et politiques reculent ».

Le Secrétaire général a notamment estimé que « dans bien des pays développés, immigration et récession économique suscitent une anxiété croissante ; une anxiété qui, de plus en plus, sert de prétexte à des politiques de discrimination et d'exclusion ».

Pour le chef de l'ONU, « le danger est clair » et « l'engagement universel en faveur des droits de l'homme doit être réaffirmé » de deux manières.

« Premièrement, en saisissant toutes les occasions de réaffirmer leur universalité et leur indivisibilité ; quand on parle de droits de l'homme, il ne peut y avoir de sélection. Ce n'est pas un menu, dans lequel on choisit », a-t-il dit, avant de déplorer qu'« aucun des grands pays d'Europe n'ait par exemple ratifié la Convention internationale de l'ONU sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille ». Et le Secrétaire général de déplorer que « dans certaines des démocraties les plus avancées, les migrants se voient privés de leurs droits élémentaires ».

Deuxième manière pour lui de rappeler l'engagement en faveur des droits de l'homme, la méthode, « qui ne doit pas restée statique ». « Nous devons respecter la diversité culturelle, mais ne jamais nous compromettre sur les principes fondamentaux », a-t-il expliqué. Rappelant que le respect des droits de l'homme ne pouvait pas être « imposé de l'extérieur », il a appelé les pays d'Europe à « nourrir, encourager et soutenir » les progrès vers l'universalité des droits de l'homme.

« Partout où les droits de l'homme sont foulés au pied, partout où ils sont en repli, c'est là que nous devons être présents. C'est dans ces cas-là que nous devons nous faire entendre », a-t-il encore insisté devant les représentants des 47 Etats membres du Conseil de l'Europe.

Après avoir souligné l'importance fondamentale de la lutte contre l'impunité, salué en particulier le rôle de la Cour européenne des droits de l'homme, le Secrétaire général a rappelé qu'« aucune avancée dans la protection des droits de l'homme n'aurait été possible sans leurs défenseurs, les groupes de la société civile, et les medias ».

Pour conclure son intervention, Ban Ki-moon a appelé les Etats à célébrer les progrès réalisés depuis l'adoption de la CEDH il y a 60 ans, mais leur a aussi demandé « d'aller encore plus de l'avant », « pour les femmes dans les conflits, qui vivent dans la terreur ; pour les opposants politiques, battus ou emprisonnés pour dire ce qu'ils pensent ; pour les enfants dans le besoin, qui demandent pourquoi ils ont faim quand leurs leaders s'enrichissent ». « Ensemble, travaillons pour que les droits de l'homme soit une réalité universelle, les peuples du monde ne desservent rien de moins », a-t-il déclaré.