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Au Maroc, Ban Ki-moon souligne le rôle central de la gouvernance mondiale

Au Maroc, Ban Ki-moon souligne le rôle central de la gouvernance mondiale

Ban Ki-moon.
« Le monde est confronté à des défis qui transcendent les frontières comme jamais dans l'histoire », a souligné le Secrétaire général de l'ONU, invité à la troisième édition de la « World Policy Conference (WPC) » organisée à Marrakech, au Maroc, par l'Institut français des relations internationales (IFRI).

Dans son allocution devant 150 représentants de gouvernements et d'organisations internationales, de dirigeants du secteur privé et d'universitaires, Ban Ki-moon a insisté sur l'importance de la gouvernance mondiale, estimant qu'à « mesure que l'interdépendance se renforçait, certains des anciens modes d'organisation internationale étaient dépassés ».

« Nous devons tout simplement trouver de meilleures façons de travailler ensemble - construire des systèmes adaptés à notre époque – avec plus responsabilités, plus de représentativité, et plus à même de nous permettre d'allier nos forces pour maximiser nos ressources au profit de toute la communauté mondiale » , a-t-il expliqué. « C''est ce que la gouvernance mondiale représente pour moi ».

Le Secrétaire général a poursuivi en rappelant que « aucun pays ou organisation, aussi puissant soit-il, n'est en mesure de résoudre seul des problèmes qui dépassent toutes les frontières.

« Même l'ONU ne peut pas le faire seul, sans le soutien total des États membres et des organisations internationales, régionales et sous-régionales », a-t-il déclaré, avant de mettre en avant trois priorités dans lesquelles le monde doit, selon lui, mettre immédiatement en commun ses énergies et ses ressources.

Premièrement, les pays du monde doivent unir leurs forces pour aider les plus vulnérables. Selon Ban Ki-moon, les pays en développement sont les moteurs de la croissance mondiale et aideront le monde à sortir de la crise financière et économique internationale.

Malgré cela, « aujourd'hui leurs voix ne sont pas entendues dans les prises de décisions liées à l'économie mondiale comme elles devraient l'être. Ce n''est pas ce qu''ils méritent », a-t-il souligné.

« Quoi que nous apprenions de la crise, une chose est claire: la gestion économique mondiale ne peut plus se permettre de négliger les plus vulnérables ou les plus défavorisés », a-t-il poursuivi, estimant que « les plans de relance ne peuvent pas être construit sur le dos des plus pauvres ». « C'est moralement et politiquement inacceptable d'imposer le plus lourd fardeau à ceux qui sont les moins responsables de la crise ».

Deuxièmement, le Secrétaire général a insisté sur l'importance de faire plus d'efforts pour répondre aux défis multiples posés par le changement climatique.

« Bien que la dernière conférence de l'ONU sur le changement climatique, organisée à Copenhague en décembre 2009, n'ait pas répondu aux attentes de tous, il est important de ne pas sous-estimer les éléments sur lesquels les dirigeants du monde sont parvenus à un accord », a déclaré Ban Ki-moon.

Pour la première fois dans l'histoire, les dirigeants de la planète ont en effet convenu de contenir la hausse des températures globales en dessous de 2 degrés Celsius d'ici à 2050. Ils se sont également engagés à fournir 100 milliards de dollars par an aux pays en développement pour les aider à s'adapter.

« Il est de plus en plus évident que plus nous tardons, plus nous allons payer - en terme de compétitivité, de ressources et surtout de vies humaines », a-t-il encore insisté, soulignant la nécessité d'entériner les progrès là où des consensus ont été trouvés à l'occasion de la prochaine conférence sur la Convention cadre de l'ONU sur les changements climatiques (CCNUCC) organisée le mois prochain à Cancun, au Mexique.

« Dans l'immédiat, nous devons progresser sur le financement. Nous devons admettre qu'il y a un grave manque de confiance entre les pays en développement et les pays développés. La meilleure façon et la plus rapide de combler ce déficit de confiance est de fournir un soutien financier rapide aux pays en développement », a poursuivi le Secrétaire général.

Il a ensuite évoqué ce qu'il appelle « le défi 50-50 » : en 2050, la population mondiale aura augmenté de 50%, pour atteindre 9 milliards de personnes et d'ici là, le monde doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50%.

Enfin, Ban Ki-moon a insisté sur la nécessité de mettre en place une gouvernance mondiale qui permette de relever une nouvelle génération de défis, comme la gestion de plus de 200 millions de migrants dans le monde, la biotechnologie, le crime organisé ou le terrorisme international.

« La possibilité que des terroristes puissent avoir accès aux matières fissiles a rappelé l'urgence de la question de la sécurité nucléaire. Ceux qui sont armés de bombes et de fusils aujourd'hui pourraient demain avoir des moyens beaucoup plus puissants. La meilleure réponse est encore une fois la coopération et la coordination internationale », a déclaré Ban Ki-moon.

« Et effectivement, en réponse à ces défis, nous avons déjà adopté de nouvelles conventions et accords internationaux, élaboré de nouvelles stratégies et mis en place de nouveaux partenariats, au nom de la globalité des problèmes à résoudre, et pas au nom d'un gouvernement mondial », a poursuivi le chef de l'ONU.

« La gouvernance mondiale, ce n'est pas seulement des arrangements à long terme, mais c'est aussi le leadership ici et maintenant », a-t-il encore souligné, citant en exemple les référendums d'autodétermination au Sud Soudan et dans la région d'Abyei, programmé en janvier prochain.

« La gouvernance mondiale est trop importante pour être abandonnée à une seule organisation ou un seul groupe. Mais il y a l'ONU, avec son universalité, son expérience et sa présence dans presque tous les pays du monde – où la gouvernance mondiale peut mieux s'organiser », a conclu le Secrétaire général.

Arrivé vendredi au Maroc, Ban Ki-moon s'est entretenu samedi en marge de la conférence avec le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, et le Président de la Banque européenne, Jean-Claude Trichet. Une rencontre avec le roi du Maroc, Mohammed VI est également prévue avant son départ pour la France.

Le 19 Octobre, à Strasbourg, il s'adressera au Conseil de l'Europe à l'occasion du 60ème anniversaire de la Convention européenne des droits de l'homme. Il interviendra également devant le Parlement européen.