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L'ex-athlète marocaine El Moutawakel au service des Objectifs du Millénaire

L'ex-athlète marocaine El Moutawakel au service des Objectifs du Millénaire

L'Ambassadrice de bonne volonté de l'UNICEF, Nawal El Moutawakel.
« Je suis ici pour participer à la promotion des Objectifs du millénaire pour le développement, pour qu'ils se réalisent, même s'ils sont ambitieux et difficiles. Qui ne tente rien n'a rien », explique Nawal El Moutawakel, ancienne championne olympique du 400 mètres haie, devenue depuis Ambassadrice de bonne volonté de l'UNICEF, après avoir été ministre des Sports et de la jeunesse du Maroc ces dernières années.

Pour l'ancienne athlète marocaine, née à Casablanca en 1962, à une époque où peu de femmes se consacraient au sport, les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ont une signification particulière.

« J'ai vécu personnellement ces difficultés auxquelles les OMD tentent de répondre : l'accès à l'éducation, l'autonomisation des femmes, la protection de l'environnement, l'amélioration de la santé, j'ai connu des expérience dans tous ces domaines liées à ma vie personnelle, à mon pays. Ce sont des causes pour lesquelles j'ai commencé à militer il y a déjà longtemps, et pour lesquelles je continuerai à militer toute ma vie », raconte-t-elle dans un entretien au Centre d'actualités de l'ONU.

Des huit OMD définis en 2000 par les Etats membres de l'ONU et qui doivent être atteints avant 2015, le second –assurer l'éducation primaire pour tous- est celui qui tient le plus à cœur à Nawal El Moutawakel.

« Une femme éduquée, c'est une famille éduquée, c'est un pays éduqué, car les femmes représentent aujourd'hui dans la plupart des pays, plus de la majorité de la population. Quand les femmes n'ont pas accès à l'éducation, tout les autres efforts déployés sont voués à l'échec », estime l'ancienne championne. Pour elle, l'accès à l'éducation primaire est donc essentiel, « car il a un impact transversal sur les autres OMD, il détermine même la réussite et la pérennité de certains, comme par exemple l'autonomisation des femmes ».

L'Ambassadrice de bonne volonté de l'ONU peut citer son pays en exemple. En 2005, le Maroc a lancé l'initiative nationale pour le développement humain (INDH), un programme d'envergure nationale pour élever le niveau de développement de l'ensemble de la société marocaine, et par la même occasion, réaliser les OMD.

« Parmi la multitude de domaines d'action de ce plan, l'accès à l'éducation et en particulier la scolarisation des jeunes filles, étaient prioritaires. Aujourd'hui plus de 90% des jeunes Marocaines vont à l'école entre 6 et 11 ans. C'est un vrai succès, avec un impact extraordinaire pour l'avenir du pays », explique-t-elle.

Elle met aussi en avant d'autres corrélations entre éducation et développement, en particulier dans les zones rurales, où elle défend l'accès aux services élémentaires pour la population.

« Si dans les villages, les adultes passent leur temps à chercher de l'eau, du bois pour le feu, de l'essence pour l'électricité, et les enfants n'ont rien d'autre à faire que de les aider, les situations n'évoluent pas, la pauvreté se transmet de génération en génération. S'il y a l'électricité, de l'eau potable, une école, un dispensaire, les gens sont en bonne santé, les enfants vont à l'école, les parents peuvent se consacrer au reste, les mères suivre des cours, aider leurs enfants, briser ainsi le cercle de la pauvreté », insiste-t-elle.

Pas de doute donc pour elle, les investissements massifs dans les services de base et la scolarisation des enfants, garçon et filles, sont essentiels et payent rapidement.

Pour l'ancienne athlète, devenue en 1984 la première femme musulmane à remporter une médaille d'or au Jeux olympiques, le sport est bien sûr aussi un outil de développement et d'autonomisation.

Ministre de la jeunesse et des sports du Maroc de 2007 à 2009, Nawal El Moutawakel s'est inspirée de son expérience personnelle pour lancer plusieurs projets, non dépourvus de lien avec les OMD, comme l'aménagement de « terrains de proximité », des infrastructures sportives simples, mise à la disposition des populations défavorisées, dans des zones rurales ou marginalisées.

« Cette initiative n'a pas nécessité de dépenses énormes mais a eu en revanche un impact extraordinaire pour la population locale, notamment les communautés isolées qui peuvent s'approprier cet espace, bénéficier des infrastructures. Et puis c'est aussi un moyen de donner une chance à des talents de s'exprimer, d'émerger et peut être ensuite, d'exister sur la scène locale, nationale ou internationale », explique-t-elle, avant de rappeler que c'est un peu son histoire, celle « d'une jeune fille qui a eu l'opportunité de faire de l'athlétisme, puis de représenter son pays, avant de changer sa vie en 54 secondes, le temps d'une course qui l'a faite championne olympique ».

« Le sport, c'est l'école de la vie », résume celle qui est devenu un modèle pour des millions de jeunes filles marocaines, arabes ou africaines. « Des efforts, du travail, dans des conditions souvent difficiles, mais une satisfaction personnelle, un sens à l'existence, la reconnaissance et parfois la victoire. Le sport, c'est se battre, franchir les obstacles, comme dans la vie, pour gagner ».

Et c'est bien parce que Nawal El Moutawakel croit au pouvoir du sport et à son utilité pour le développement humain qu'elle fait partie depuis 1998 du Comité international olympique. L'organisation est devenue cette année observateur à l'Assemblée générale de l'ONU et participe désormais aussi à la réalisation des OMD, via ses partenariats et ses actions parallèles aux évènements sportifs qu'elle organise.