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L'ONU s'attaque aux violences subies par les enfants à leur domicile

L'ONU s'attaque aux violences subies par les enfants à leur domicile

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A l'occasion d'une table ronde organisée vendredi au siège de l'ONU, à New York, des experts ont appelé à la collecte de davantage de données et à de meilleures recherches sur la violence à l'encontre les enfants, dans le but de renforcer l'action des Etats dans la prévention et la réponse apportée, notamment légale.

Organisée par la Représentante spéciale de l'ONU sur la violence contre les enfants, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), avec le soutien du gouvernement de la Suède, cette table ronde interactive visait à renforcer les connaissances sur l'exposition des enfants aux punitions physiques et psychologiques et ses conséquences.

« Trop souvent, la violence contre les enfants reste dissimulée derrière une culture généralisée du silence », a déclaré la Représentante spéciale sur la violence contre les enfants, Marta Santos Pais. « Sans de bonnes données, la planification gouvernementale est compromise, l'élaboration de politiques efficaces est compliquée, la mobilisation des ressources est gênée et les interventions ciblées pour prévenir et combattre la violence contre les enfants sont d'une efficacité limitée », a-t-elle ajouté.

La table ronde faisait suite à la publication d'un nouveau rapport de l'UNICEF sur l'exposition des enfants à la violence dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. Les résultats préliminaires, dans le domaine des pratiques disciplinaires imposées aux enfants à la maison, révèlent que trois enfants interrogés sur quatre subissent une certaine forme de violence dans la discipline, qu'un enfant sur deux reçoit une forme de punition physique et que trois sur quatre sont victimes d'agressions psychologiques.

« La plupart des violences infligées aux enfants sont commises à domicile - et tendent ainsi à être cachées », a souligné la Responsable de la protection de l'enfance à l'UNICEF, Susan Bissell. « L'objectif du rapport est de sortir ces pratiques de l'ombre pour promouvoir des pratiques disciplinaires positives et des formes participatives d'éducation des enfants », a-t-elle poursuivi.

Les études existantes suggèrent en effet que l'exposition d'un enfant à une discipline violente a des conséquences néfastes sur de développement de l'enfant mais aussi, plus généralement, sur la société dans laquelle il vit. Elles montrent notamment que même des contraintes physique très légères de discipline sont nuisibles, en particulier parce qu'elles entravent la capacité cognitive des enfants et accroissent la propension à reproduire des actes de violences ultérieurement. Les violences non physiques, mais d'ordre psychologique - ridiculiser, menacer, intimider- ont également un impact négatif sur le développement et le comportement pendant l'enfance et bien au-delà.

Alors que la Convention relative aux droits de l'enfant ne laisse aucune place à la justification de formes de discipline violentes ou dégradantes, les conclusions préliminaires du rapport de l'UNICEF montrent qu'un écart existe entre les attitudes et les comportements. La punition physique est ainsi très répandue dans la plupart des pays, alors qu'en moyenne, un quart des parents pensent qu'elle est nécessaire à la bonne éducation d'un enfant.

En montrant les conséquences des violences, même infimes, imposées aux enfants à domicile, le rapport marque une étape importante de l'étude des comportements adultes et des conséquences sur les enfants. Il reste toutefois nécessaire de renforcer la collecte de données et les recherches sur la violence qui leur est faite, afin de permettre aux Etats de s'attaquer efficacement au problème, avec des politiques nationales et un cadre légal adapté.

« Une stratégie nationale complète, bien coordonnée, financée et fondée sur des données et des analyses fiables pour combattre la violence contre les enfants sous toutes ses formes doit être mis en œuvre dans tous les pays », a insisté Marta Santos Pais, en conclusion de la table ronde.