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Le chef du HCR met en garde contre l'augmentation des conflits persistants

Le chef du HCR met en garde contre l'augmentation des conflits persistants

Antonio Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés.
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, a prévenu lundi que l'augmentation de conflits persistants dans le monde engendrait des situations de réfugiés quasi-permanentes qui nécessitent une protection renforcée pour les 43 millions de personnes déracinées sur la planète.

Dans son discours d'ouverture de la session annuelle de l'ExCom, l'organe directeur du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), António Guterres a indiqué que l'environnement pour les réfugiés, les personnes déplacées internes, les demandeurs d'asile, les apatrides et d'autres personnes ayant besoin d'une aide devenait nettement plus complexe.

« Nous assistons à la constitution d'un certain nombre de populations réfugiées mondiales », a-t-il indiqué.

« L'année dernière a été la pire de ces deux dernières décennies pour le rapatriement librement consenti des réfugiés. Il y a là une explication toute simple : le caractère évolutif et de plus en plus insoluble des conflits rend plus difficile l'établissement et le maintien de la paix ».

António Guterres a fait référence à l'Afghanistan et à la Somalie, où les combats font rage depuis des décennies. « Les réfugiés afghans sont dispersés dans 69 autres pays, un tiers de tous les Etats du monde. [Parallèlement, en Somalie] il n'y a pas vraiment de perspective de paix. Je ne pense pas qu'il y ait un groupe de réfugiés aussi systématiquement rejeté, stigmatisé et discriminé ».

António Guterres a appelé les membres de l'ExCom à renforcer leur appui aux personnes affectées par de telles situations. Plus de la moitié des réfugiés dont le HCR assume la responsabilité vivent dans des situations qui s'éternisent. La plupart de ce fardeau est assumé par le monde en développement où vivent 4/5e de l'ensemble des réfugiés.

« Il nous faut renforcer la solidarité internationale et le partage du fardeau », a affirmé António Guterres. « La communauté internationale doit impérativement mieux comprendre et mieux reconnaître les efforts des pays hôtes ».

António Guterres a également reconnu les efforts des pays plus riches pour le partage du fardeau avec la réinstallation accrue de réfugiés pour qui le rapatriement dans leurs pays d'origine ou l'intégration sur place dans leur premier pays d'asile sont impossibles.

Depuis juin 2008, 12 nouveaux pays ont établi des programmes de réinstallation pour les réfugiés.

Cependant, le Haut Commissaire a indiqué que, malgré ces avancées, l'augmentation des places pour la réinstallation ne suivait pas le rythme des besoins.

« Entre les besoins et les capacités en matière de réinstallation, le fossé reste immense », a indiqué António Guterres. « Le HCR estime qu'environ 800.000 réfugiés ont besoin d'être réinstallés alors que le nombre de places mises à disposition chaque année ne représente que 10% de ce chiffre et moins d'1% du nombre total de réfugiés dans le monde ».

António Guterres a également évoqué les besoins d'autres groupes de personnes déracinées au-delà des populations réfugiées, y compris les personnes fuyant les catastrophes naturelles, les 27 millions de personnes qui sont déplacées aujourd'hui au sein de leurs propres pays du fait des conflits et enfin environ les 12 millions de personnes à travers le monde qui sont prises au piège dans le vide juridique de l'apatridie.

Concernant les catastrophes naturelles, le HCR a assumé de façon accrue des efforts d'aide, y compris après les inondations massives survenues cette année au Pakistan.

Selon António Guterres, alors que le HCR a relevé le défi à plusieurs occasions, l'approche au cas par cas est devenue caduque dans le domaine de la réponse aux déplacements du fait de catastrophes naturelles.

Concernant les personnes déplacées internes, il a évoqué de nouvelles formes de coopération se développant entre les agences des Nations Unies, le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge ainsi que les ONG nationales et internationales.

Toutefois il a également rappelé que la responsabilité première de répondre aux situations de déplacement intérieur incombait aux Etats, avant d'encourager vivement les pays à ratifier en plus grand nombre la Convention sur la protection et l'assistance aux déplacés internes en Afrique.

Concernant les apatrides, António Guterres a applaudi les efforts importants déployés par un certain nombre d'Etats pour améliorer leur législation nationale afin de réduire le risque d'apatridie, y compris le Viet Nam – où d'anciens réfugiés apatrides du Cambodge ont récemment été naturalisés – ainsi que le Bangladesh, le Zimbabwe, le Kenya et la Tunisie où respectivement des réformes, une nouvelle constitution (au Kenya) et une réforme sur le point d'être adoptée, visent à reconnaître aux femmes, à égalité avec les hommes, le droit de conférer la nationalité à leurs enfants.

Il a également indiqué que le HCR utiliserait l'occasion de son 60e anniversaire à venir cette année pour favoriser encore davantage ces progrès.

« Le HCR s'emploie activement à plaider en 2011 pour des réformes législatives afin que les mères et les pères puissent indifféremment conférer leur nationalité à leurs enfants », a-t-il indiqué. « J'en appelle à tous les Etats pour qu'ils nous appuient dans cette initiative ».