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En Colombie, concours de beauté riment souvent avec exploitation

En Colombie, concours de beauté riment souvent avec exploitation

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Avec leur strass et leurs paillettes, les concours de beauté attirent de nombreuses jeunes filles qui caressent l'espoir de participer un jour à de prestigieux défilés de mode. Alors que les projecteurs sont fixés sur New York, où a commencé jeudi la Semaine de la mode, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) met en garde contre les concours de beauté locaux organisés en Colombie par des réseaux de trafiquants spécialisés dans l'exploitation et le commerce du sexe.

En Colombie, le crime organisé tire profit de l'obsession nationale autour des concours de beauté. Une étude menée en 2009 par l'Université nationale de Colombie, le ministère de l'Intérieur et de la Justice et l'ONUDC a montré que de la plupart des concours étaient utilisés par les trafiquants pour attirer les jeunes femmes, avant de les exploiter, en particulier à des fins sexuelles.

Dans un effort conjoint destiné à protéger les jeunes filles attirées par ces concours, le gouvernement colombien, l'ONUDC et l'agence internationale de mannequinat Elite se sont associés pour lancer un projet novateur de sensibilisation des jeunes filles, avec l'organisation d'un « Concours Elite Model Look » destiné à sélectionner une représentante nationale.

Lors des sélections, des castings ont été organisés dans 15 villes colombiennes, dont Monteria, Barranquilla, Bucaramanga, Medellín, Bogotá, Cartagena et Cali. Plus de 750 jeunes filles de 14 à 21 ans y ont participé, accompagnées souvent de leurs parents. Toutes ont reçu des informations essentielles sur la manière d'identifier les vrais concours, destinés à celles qui veulent devenir mannequin, des faux concours organisés par les mafias du pays.

Pour symboliser leur engagement, les participantes ont également reçu des bracelets portant la mention « Je lutte contre la traite ». Un clip vidéo sur la traite des êtres humains, mettant en scène l'actrice Mira Sorvino, Ambassadrie de bonne volonté de l'ONUDC pour la lutte contre la traite des personnes, a été aussi projeté.

L'objectif de cette campagne de plusieurs mois était de provoquer une prise de conscience des participantes et de leurs parents sur les risques existants, afin de réduire l'exposition des jeunes filles et le risque de les voir devenir victimes de la traite. La campagne a également prodigué des conseils sur l'utilisation des mécanismes de lutte contre le trafic d'êtres humains, notamment les « hot line » (lignes téléphoniques d'urgence).

Le 1er septembre, la gagnante du « Concours Elite Model Look » a été désignée. Elle participera à la promotion de messages sur le trafic d'êtres humains dans tout le pays.

En 2004 déjà, en coopération avec une chaîne de télévision colombienne privée et une chaîne de divertissement, un feuilleton intitulé « Todos con quieren Marilyn » et consacré à la traite et à l'exploitation sexuelle avait été produit et diffusé pendant un an. En 2008, un documentaire intitulé « Esclaves de nos jours » avait également été réalisé en partenariat avec une chaîne de divertissement privé et diffusé largement dans tout le pays.

Depuis 2003, l'ONUDC collabore avec le gouvernement colombien pour renforcer la lutte contre la traite des êtres humains. En partenariat avec l'ONU, les autorités colombiennes ont élaboré et mis en œuvre une stratégie nationale de lutte contre la traite et pour la protection des victimes.

Au-delà des initiatives de sensibilisation et de prévention, cette stratégie renforce aussi le soutien apporté au système judiciaire et aux forces de l'ordre pour les enquêtes, les recherches, les arrestations et les poursuites judiciaires des auteurs de trafic d'êtres humains ou d'exploitation.

En 2005, la Colombie s'est dotée d'une législation nationale visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier celles des femmes et des enfants.