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FAO : des essaims de criquets menacent l'agriculture à Madagascar

FAO : des essaims de criquets menacent l'agriculture à Madagascar

Des essaims de criquets à Madagascar, début mai 2010.
Madagascar est menacée par une invasion de criquets ravageurs et le gouvernement estime que 460.000 familles rurales pourraient êtres affectées, selon l'alerte lancée jeudi par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Des essaims de criquet migrateur malgache (Locusta migratoria capito) ont quitté le sud-ouest du pays où ils sont généralement cantonnés et ont commencé à migrer vers l'est et le nord, jusqu'à Maintirano.

D'après la FAO, une importante opération de lutte sur plusieurs mois sera nécessaire pendant la saison des pluies, qui démarre à la mi-octobre, afin de limiter l'augmentation des effectifs acridiens et empêcher que la situation n'évolue en une invasion.

C'est actuellement la saison sèche et fraîche à Madagascar, une période défavorable à la reproduction des criquets. Mais le temps chaud et humide de la saison des pluies, qui dure jusqu'au printemps, favorisera leur reproduction rapide. Les criquets peuvent produire une nouvelle génération à peu près tous les deux mois, et jusqu'à quatre générations en un an.

La semaine dernière, la FAO a dépêché une mission d'évaluation qui a confirmé la gravité de la situation acridienne et la nécessité d'initier l'organisation de prospections aériennes d'ici début septembre.

Selon la FAO, 15 millions de dollars environ sont requis d'urgence pour la mise en place d'une vaste campagne terrestre et aérienne sur un demi-million d'hectares. En attendant le démarrage des opérations, l'Organisation a déjà activé des mécanismes de mobilisation des ressources humaines et matérielles et a prépositionné des intrants et de l'équipement dans les zones stratégiques du pays.

Les criquets ne se présentent pas toujours sous forme d'essaims - dans le sud-ouest de Madagascar, ils vivent seul. Mais lorsque de grands nombres d'individus se regroupent et que la densité des effectifs atteint un seuil critique, ils subissent des transformations comportementales, écologiques et morphologiques.

Les criquets commencent à se concentrer et à se comporter en groupes synchronisés de bandes larvaires (criquets encore dépourvus d'ailes) ou d'essaims d'ailés, se déplaçant en masse pour trouver de nouvelles sources de nourriture leur permettant de survivre et de se reproduire. Les changements morphologiques les rendent capables de parcourir de très grandes distances -jusqu'à 100 kilomètres par jour et de manger toutes sortes de plantes et de cultures.

Un criquet adulte peut ingurgiter en un jour l'équivalent de son propre poids en nourriture- soit environ deux grammes. Une infime partie d'un essaim moyen mange en une journée la même quantité qu'environ 2.500 personnes.

Intervenir rapidement dès que les criquets commencent à former des essaims est la meilleure façon de gérer le problème, et aussi la moins coûteuse, indique la FAO.

En 2007-2009, les pays de la région de la mer Rouge qui avaient investi 20 millions de dollars dans la prévention acridienne, ont réussi à empêcher qu'une recrudescence du Criquet pèlerin se transforme en invasion. Les pays d'Afrique du Nord et du Nord-Ouest ne l'avaient pas fait au tout début de la résurgence acridienne de 2003, et ont dû débourser quelque 400 millions de dollars pour venir à bout des infestations en 2005.