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Faire face à la crise grâce aux coopératives de travailleurs migrants

Faire face à la crise grâce aux coopératives de travailleurs migrants

La capitale d'Indonésie Djakarta.
Crise internationale oblige, cette année la Journée mondiale des coopératives de l'ONU met en avant les opportunités que peuvent offrir les coopératives pour contribuer efficacement à la reprise économique. En Indonésie, des milliers de travailleurs migrants, licenciés à cause de la crise économique, rentrent chez eux. Pour certains de ces rapatriés, créer une coopérative est devenue une solution.

Crise internationale oblige, cette année la Journée mondiale des coopératives de l'ONU met en avant les opportunités que peuvent offrir les coopératives pour contribuer efficacement à la reprise économique.

En Indonésie, des milliers de travailleurs migrants, licenciés à cause de la crise économique, rentrent chez eux. Pour certains de ces rapatriés, créer une coopérative est devenue une solution.

La crise économique et sociale mondiale a brisé les rêves de vie meilleure et de revenus plus élevés de nombreux travailleurs migrants. Pour autant, l'histoire de Waniti, 38 ans, mère de trois enfants, montre que la crise mondiale peut également être considérée comme une source de nouvelles opportunités.

A Malang, l'une des principales régions pourvoyeuses de main-d'œuvre, l'ancienne travailleuse a créé une coopérative spécifiquement conçue et destinée aux anciens travailleurs migrants et à leurs familles.

« Avant, je n'aurais jamais songé à épargner ou à investir dans une affaire. Puis, quand je suis rentrée de Hong-kong, je ne savais pas comment gagner ma vie. Je n'arrivais pas à trouver un nouvel emploi, ni à obtenir un prêt de la banque pour me mettre à mon compte », explique-t-elle.

Devant des institutions bancaires qui refusent de traiter la clientèle à bas revenus, Waniti a décidé de créer une coopérative avec d'autres anciens travailleurs migrants. Baptisée « KoperasiTKI Purna Citra Bumi Mandiri », cette coopérative vise le marché potentiel des travailleurs rapatriés avec des produits et des services financiers adaptés à leurs besoins.

Grâce au Projet de l'Organisation internationale du travail (OIT) relatif aux migrations transfrontalières de main-d'œuvre, la coopérative a étendu ses services en dispensant des formations de gestion et de création d'entreprise.

« Il est vital d'offrir un large accès à la formation pour les anciens travailleurs migrants, surtout en période de crise économique, afin qu'ils améliorent leurs compétences entrepreneuriales, se donnent les moyens de générer des revenus et même de créer des emplois pour d'autres », explique Waniti.

« Nous travaillons également avec Seafest, le centre de formation de l'institut agricole de Bogor, pour dispenser des cours sur la sécurité alimentaire et la production agro-alimentaire, et avec le Bureau de main-d'œuvre du district de Malang, dans Java Est, sur les plantes traditionnelles. Ces formations ont incité de nombreux rapatriés à lancer leur propre entreprise », explique de son côté, le coordinateur du projet pour le Bureau international du travail à Java Est, en Indonésie, Muhamad Nour,

Pour lui, l'OIT reconnaît le rôle essentiel joué par les coopératives de travailleurs migrants dans les communautés immigrées pour promouvoir un usage productif des envois de fonds; la plupart du personnel de la coopérative est d'ailleurs constitué d'anciens émigrés avec des profils et des expériences comparables.

Financé par le gouvernement du Japon, le projet est consacré au développement des connaissances et à la recherche, aux systèmes d'information et de statistiques, à la politique nationale et aux réformes institutionnelles, à l'amélioration de la coopération bilatérale, au renforcement des capacités pour une bonne gouvernance des processus migratoires, des systèmes d'envois de fonds efficaces et des investissements productifs.

Aujourd'hui, la coopérative propose toute une série de produits qui vont des produits alimentaires ou agricoles aux fertilisants et au microcrédit. Avec un total de 29 membres couvrant 100 familles d'émigrés, la coopérative dispose maintenant d'un actif total de 130 millions de roupies (13 000 dollars). Le nombre de ses adhérents continue de grossir parce qu'ils bénéficient de l'usage productif des envois de fonds, du crédit pour la santé et l'éducation, ainsi que d'activités génératrices de revenus. Depuis l'an dernier, la coopérative a été formellement enregistrée au Bureau des coopératives du district de Malang.

En période de crise, la coopérative a également étendu ses activités, s'adressant à un nombre croissant de travailleurs indonésiens rapatriés. « En tant qu'ancienne travailleuse émigrée, je sais ce que l'on ressent quand on doit rentrer chez soi, sans savoir ce qu'on va pouvoir faire ni comment utiliser à bon escient les économies réalisées ni même comment les investir. A travers cette coopérative, nous voudrions offrir ce qui compte le plus dans nos vies, l'espoir. C'est pourquoi nous continuons à informer et à porter assistance aux anciens travailleurs émigrés sur la façon d'épargner, d'investir et de lancer leur propre affaire », raconte encore Waniti.

En Asie et au Moyen-Orient, les travailleurs indonésiens sont principalement employés dans le bâtiment, la production manufacturée, les plantations, l'agriculture, l'hôtellerie-restauration, les professions de santé et de soins, y compris les services domestiques. Parmi ces secteurs, le bâtiment, la production manufacturée et l'hôtellerie-restauration ont été particulièrement affectés par la crise financière mondiale.

Le ministre indonésien de la Main-d'œuvre et des Migrations, Erman Suparno, a mis l'accent sur l'impérieuse nécessité de renforcer le dialogue entre pays d'origine et pays d'accueil en ce qui concerne les répercussions de la crise sur les travailleurs migrants.

« Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que les droits des migrants devraient être protégés et promus pour éviter les formes modernes de travail forcé et pour prévenir la traite d'êtres humains », a-t-il déclaré dans son discours aux délégués de la 98e session de la Conférence internationale du Travail en juin 2009. Il a ajouté que les dirigeants de l'ASEAN partageaient un engagement commun à cet égard.