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Violences au Kirghizistan : les agences de l'ONU déploient leur aide sur le terrain

Violences au Kirghizistan : les agences de l'ONU déploient leur aide sur le terrain

Des Ouzbèkes dans un bus fuyant Och le 15 juin 2010.
Douze jours après le déclenchement de violences interethniques au Kirghizistan qui ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés, les agences des Nations Unies continuent de déployer leur aide destinée aux 300.000 personnes déplacées dans le sud du pays et aux 75.000 autres réfugiées en Ouzbékistan.

Selon Elisabeth Byrs, du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), la situation restait tendue mardi dans le sud du Kirghizistan, en particulier à Och où les violences ont éclaté le 10 juin. Des barricades étaient toujours en place dans la rue principale.

« Les forces de l'ordre kirghizes essayent de retirer ces barrages mais rencontrent de la résistance », a-t-elle précisé lors d'un point de presse à Genève, ajoutant que les tensions persistantes continuaient de rendre la distribution de l'aide humanitaire délicate. Dans la province de Jalalabad, où un certain calme était en revanche revenu, près de 8.000 personnes sont rentrées chez elles ces deux derniers jours.

De son côté le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a annoncé qu'un convoi transportant 40 tonnes d'aide humanitaire était arrivé mardi matin à Och, après avoir transité par Jalalabad où il a également déposé de l'aide. Mercredi, « un pont aérien à destination d'Och sera mis en place pour permettre l'acheminement plus rapide de l'aide », a indiqué John Budd, porte-parole de l'UNICEF.

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a également renforcé sa présence dans le sud du Kirghizistan, avec une équipe à l'aéroport d'Och et un autre dans la ville Jalalabad, pour recenser précisément le nombre de déplacés et évaluer leurs besoins.

En Ouzbékistan, où près de 80.000 Ouzbèkes ont trouvé refuge après l'explosion de violence au sud du Kirghizistan, la situation sanitaire se dégrade selon les agences présentes sur place. Le HCR a déjà acheminé 240 tonnes d'aides, dont des tentes, des abris, des bâches, des jerricans, distribués ces derniers jours aux réfugiés, en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées.

« Les autorités ouzbèkes participent elles-mêmes à la distribution de l'aide acheminée par le HCR et nos équipe d'urgence sont sur le terrain, à Andijan, depuis vendredi », a indiqué le porte-parole de l'agence, Adrian Edwards, avant d'ajouter qu'il y avait désormais une cinquantaine de camps de fortune le long de la frontière. Selon lui, une certaine tension commencerait à y être palpable, en raison des conditions d'installation des réfugiés, de la chaleur et de la promiscuité.

« Le problème majeur qui se pose est celui de l'eau et de l'assainissement », a expliqué pour sa part le porte-parole de l'UNICEF. John Budd s'est notamment inquiété des risques de pénurie d'eau potable et de déshydratation des enfants. « Il y a déjà des éléments qui montrent que cette situation n'est absolument pas durable et que des maladies contagieuses risquent de se développer », a-t-il indiqué.

L'UNICEF s'apprête par conséquent a lancé une campagne de vaccination contre la rougeole, après avoir déjà vacciné 52.000 enfants contre la polio ces derniers jours. L'agence attend également deux avions de matériel et d'aide humanitaire qui doivent atterrir mercredi ou jeudi, à Andijan, la dernière ville ouzbèke avant la frontière kirghize.

Vendredi dernier, l'ONU avait lancé un appel de fonds d'urgence de 71 millions de dollars pour l'aide aux 300.000 déplacés internes au Kirghizistan. Un appel similaire pour les réfugiés en Ouzbékistan devrait être lancé au cours de la semaine.