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Tchad : Holmes discute avec le Président Déby de la crise humanitaire

Tchad : Holmes discute avec le Président Déby de la crise humanitaire

Une famille de réfugiés dans l'Est du Tchad.
Au terme d'une visite de quatre jours au Tchad, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l'ONU et Coordonnateur des secours d'urgence, John Holmes, a rencontré mercredi le Président tchadien, Idriss Déby, avec qui il a discuté de la grave crise humanitaire que connaît le pays.

Il a aussi rencontré le Premier ministre Emmanuel Nadingar. Le Président Déby a réitéré son engagement à protéger les populations civiles et les travailleurs humanitaires, conformément aux attentes du Conseil de sécurité qui a voté hier le retrait graduel de la Mission de l'ONU en République Centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) d'ici au 31 décembre 2010. Il a également indiqué que les dizaines de milliers de déplacés internes ne pourront pas rentrer chez eux tant que la situation sécuritaire ne sera pas stabilisée dans leur région d'origine.

Mardi, John Holmes s'était entretenu avec le Gouverneur et le Sultan de la région de Kanem, une des zones les plus touchée par la crise alimentaire. Il avait alors appelé la communauté internationale à venir en aide d'urgence aux 354.000 personnes menacée par la crise alimentaire.

« Il est encourageant de constater que les centres nutritionnels fonctionnent et que d'autres seront ouverts aux enfants des zones frappées par la sécheresse. Il est toutefois inquiétant de voir autant d'enfants malnutris et de penser qu'il ne s'agit peut-être que de la pointe de l'iceberg », a-t-il déclaré, après avoir visité trois centres de réhabilitation nutritionnels à Mao, la plus grande ville de Kanem.

Selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), 102.000 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë et auront besoin d'un traitement thérapeutique en 2010. En 2009, l'Analyse globale de la vulnérabilité et de la sécurité alimentaire (CFSVA) menée par le gouvernement tchadien, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) faisait état de taux de malnutrition aiguë alarmants dans les régions sahéliennes, allant de 25,3% dans la région de Batha à 19,9% dans la région du Lac, bien plus élevé que le seuil d'urgence de 15%.

Dans les régions les plus touchées de Kanem, Batha, et Guera, le PAM procèdera le 27 mai à des distributions gratuites de nourriture à 450.000 personnes vulnérables. D'autant que la pénurie alimentaire a déjà contraint de nombreux hommes à quitter leur village pour trouver du travail, laissant derrière leurs familles.

Selon la FAO, il est encore indispensable de soutenir les activités agricoles et d'élevage de 500.000 ménages. La sécheresse a considérablement affaibli leurs moyens de subsistance. Les fermiers contractent des dettes tandis que la santé de leurs troupeaux se détériore rapidement, déplore la FAO.

« La situation est préoccupante, d'autant que la période de soudure vient juste de commencer. Nous devons agir maintenant pour faire en sorte que l'aide parvienne à tous ceux qui en ont besoin », a insisté John Holmes. « Il faut mobiliser des fonds immédiatement pour faire parvenir de la nourriture dans le pays le plus vite possible. Davantage d'organisations doivent être déployées dans l'ouest du pays, en particulier les organisations non gouvernementales », a-t-il conclu.

L'appel de fonds humanitaire de 2010 pour le Tchad, qui s'élevait à 458 millions de dollars le 5 mai dernier pour financer des secours d'urgence, sera révisé à nouveau en juin au regard de l'évolution inquiétante de la situation.

Mercredi, John Holmes devait arriver au Soudan où il restera jusqu'au 30 mai pour visiter le Sud-Soudan et le Darfour. L'insécurité alimentaire, l'assistance humanitaire des déplacés, les affrontements et les violences intercommunautaires seront au centre de cette visite.