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Népal : Le processus de paix dans une situation délicate

Népal : Le processus de paix dans une situation délicate

Des observateurs de l'ONU surveillent les manifestants du Parti maoïste qui ont lancé une grève générale au Népal.
L'ensemble du processus de paix au Népal se trouve à un moment critique et délicat en raison de désaccords entre le gouvernement et l'opposition maoïste, a déclaré mercredi devant le Conseil de sécurité, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU dans ce pays, Karin Landgren.

« Alors que la grève générale au Népal entre dans son cinquième jour, les négociations entre les principaux partis portent notamment sur les questions de gouvernance qui ont été éludées pendant longtemps, en particulier les aspects constitutionnels concernant la structure fédérale du Népal, la forme de gouvernement, et l'intégration et la réhabilitation du personnel de l'armée maoïste », a-t-elle dit dans son exposé.

Selon elle, les négociations bloquent principalement sur la formation d'un nouveau gouvernement d'unité nationale et sur les modalités d'intégration et de réhabilitation des soldats maoïstes. « Si la crise est évitée grâce à un accord dans les prochains jours, il sera crucial de mettre en place un mécanisme efficace de suivi », a-t-elle ajouté.

La Représentante spéciale a noté que le processus de paix restait marqué par une profonde méfiance entre les partis politiques. Les Maoïstes sont dans l'opposition depuis près de deux ans. Les autres partis ont mis en doute l'engagement des Maoïstes à l'égard de la démocratie multipartite et l'état de droit. Les Maoïstes de leur côté ont exprimé des doutes concernant l'engagement des autres principaux partis à mener des réformes sociales et politiques prévues par les accords de paix.

Dans ce contexte, les tensions se sont aggravées ces derniers mois. Depuis début mars, les affrontements entre partis politiques, particulièrement leurs mouvements de jeunesse, ont augmenté, a souligné Mme Landgren.

Le 1er mai, les Maoïstes ont manifesté en grand nombre dans la capitale Katmandou. Cela a été suivi par une grève générale depuis le 2 mai, les manifestants appelant le gouvernement de Madhav Kumar à démissionner pour ouvrir la voie à un gouvernement d'unité nationale. Le Premier ministre a rejeté cet appel à la démission et a déclaré que l'armée népalaise interviendrait si les manifestations maoïstes devenaient violentes.

« Les risques augmentent chaque jour un peu plus. Il ne faudrait pas laisser cette situation perdurer et il faut encourager les parties à approfondir leurs discussions pour arriver à un accord et résoudre rapidement la crise », a dit Mme Landgren.

Elle a présenté au Conseil de sécurité le dernier rapport du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, sur la situation au Népal. Dans ce rapport, il lance un appel au gouvernement et aux autres parties concernées « pour qu'ils surmontent sans tarder les obstacles politiques qui subsistent et prennent des mesures concrètes en vue de tenir les engagements qu'ils ont pris en les assortissant de critères et d'un calendrier précis ».

A la fin de la séance du Conseil de sécurité, le représentant permanent du Népal auprès des Nations Unies, Gyan Chandra Acharya, a officiellement demandé la prorogation pour quatre mois du mandat de la Mission des Nations Unies au Népal (MINUNEP) qui expire le 15 mai, c'est-à-dire jusqu'au 15 septembre 2010.

Au moment de la rédaction du rapport du Secrétaire général, le gouvernement népalais n'avait pas encore fait sa demande. « Si le gouvernement népalais, en consultation avec les parties, devait demander une prorogation du mandat de la MINUNEP, je recommanderais au Conseil de sécurité de répondre favorablement à cette demande », a écrit M. Ban.

De leur côté, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et le bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) au Népal se sont déclarés mercredi de plus en plus inquiets concernant la participation de mineurs aux manifestations maoïstes, les exposant à des situations potentiellement violentes.

« Les personnes âgées de moins de 18 ans ne doivent pas être forcées, contraintes ou soudoyées pour participer à des activités politiques », écrivent les deux organes dans un communiqué commun.