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Ban : Lutter ensemble contre le crime organisé permet de prévenir les conflits

Ban : Lutter ensemble contre le crime organisé permet de prévenir les conflits

Saisie de cocaïne.
Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a insisté mercredi sur les liens entre le crime organisé et les conflits dans le monde, à l'occasion d'un débat du Conseil de sécurité sur « le crime organisé, menace sur la paix et la sécurité internationales », convoqué par la présidence française du Conseil pour le mois de février.

« Contre des menaces transnationales, les Etats n'ont d'autre choix que de travailler ensemble », a-t-il dit. Dans le combat contre la drogue notamment, « nous sommes tous touchés, que ce soit en tant que pays d'approvisionnement, de transit ou de demande » et « nous avons donc une responsabilité partagée d'agir », d'autant que « la prévention du crime, c'est la prévention du conflit ».

« Les Etats membres se sont unis contre les pandémies, la pauvreté, les changements climatiques et le terrorisme », a assuré Ban Ki-moon. « Nous pouvons et nous devons faire de même pour combattre le crime organisé », a-t-il dit, « sans perdre de vue ce pour quoi nous nous battons : la justice et l'état de droit ».

« Nous ne pouvons pas combattre le feu par le feu », a-t-il ajouté, estimant que « les droits de l'homme doivent toujours être au premier plan des efforts contre le crime ».

Il a également insisté sur la nécessité d'une approche intégrée dans la lutte contre le crime organisé, à tous les niveaux, national, régional et international, comme cela a notamment été mis en place en Afrique de l'Ouest.

Le Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, Antonio Maria Costa, a lui aussi rappelé que « l'instabilité appelle le crime, et le crime aggrave l'instabilité ».

Il a appelé à « casser le cercle vicieux entre l'insécurité et le sous-développement », enjoignant les Etats à faire un usage plus efficace de la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée, adoptée il y a dix ans.

« Nous ne pouvons pas juste débloquer de l'argent et des troupes sur ce problème, nous avons aussi besoin d'une application de la loi », a-t-il souligné, regrettant que la plupart des découvertes d'activités illégales dans les pays interviennent par accident.

« Il est temps de voir le partage de renseignements comme une manière de renforcer sa souveraineté, pas comme une renonciation à sa souveraineté », a estimé M. Costa qui a plaidé pour une coopération régionale renforcée.

Il a affirmé que puisque les criminels sont motivés par l'argent, il fallait s'attaquer à leurs biens, notamment en renforçant les mesures contre la corruption et le blanchiment d'argent. « Une ligne de cocaïne sniffée en Europe tue un mettre carré de forêt tropicale dans les Andes et finance l'achat de 100 munitions pour un AK-47 en Afrique de l'Ouest », a-t-il souligné.

Dans une déclaration lue après le débat, le Président du Conseil de sécurité pour le mois de février, Gérard Araud, a indiqué que le Conseil notait « avec inquiétude les graves menaces que le trafic de drogue et la criminalité transnationale organisée font peser dans certains cas sur la sécurité internationale dans différentes régions du monde ».

« Ces menaces transversales sont source de préoccupation croissante », a-t-il ajouté.

Par conséquent, « le Conseil demande aux Etats membres de renforcer la coopération internationale et régionale, sur la base d'une responsabilité commune et partagée, ainsi que leur coopération avec l'ONUDC et l'OICS », l'Organe international de contrôle des stupéfiants.