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UNESCO : La crise financière mondiale menace de faire reculer l'éducation

UNESCO : La crise financière mondiale menace de faire reculer l'éducation

Des écoliers haïtiens.
Suite à la crise financière mondiale, des millions d'enfants vivant dans les pays les plus pauvres de la planète risquent d'être privés d'accès à l'éducation, met en garde le Rapport mondial de suivi sur l'Education pour tous 2010, publié mardi par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

Suite à la crise financière mondiale, des millions d'enfants vivant dans les pays les plus pauvres de la planète risquent d'être privés d'accès à l'éducation, met en garde le Rapport mondial de suivi sur l'Education pour tous 2010, publié mardi par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

« Alors que les pays riches s'emploient à redresser leurs économies, de nombreux pays pauvres risquent de voir se dégrader très prochainement leur situation en matière d'éducation », a averti la Directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova. « Nous ne pouvons pas nous permettre qu'une génération d'enfants soit sacrifiée et privée de ses chances d'accéder à l'éducation et de sortir de la pauvreté ».

"Nous sommes encore très loin de l'éducation pour tous dans de nombreuses parties du monde", a dit pour sa part le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Il a appelé le monde à respecter sa promesse de l'éducation primaire pour tous d'ici 2015 et a encouragé les bailleurs de fonds à accroître leus efforts malgré les pressions financières auxquelles ils sont confrontés.

Alors que 72 millions d'enfants dans le monde ne sont toujours pas scolarisés, l'effet conjugué du ralentissement de la croissance économique, de l'augmentation de la pauvreté et de la pression accrue sur les budgets, pourrait venir entamer les progrès réalisés au cours des dix dernières années.

Le Rapport mondial de suivi sur l'Education pour tous, réalisé chaque année par une équipe indépendante et publié par l'UNESCO, évalue la progression au niveau mondial des six objectifs de l'Education pour tous sur lesquels 160 pays se sont engagés en 2000.

Il note des avancées spectaculaires en matière d'éducation au cours des dix dernières années, ce qui contraste fortement avec la « décennie perdue » des années 1990. Depuis 1999, le nombre d'enfants non scolarisés a diminué de 33 millions et celui des enfants terminant le cycle primaire a augmenté.

En Afrique subsaharienne, le taux des inscriptions est cinq fois plus élevé que dans les années 1990. Des avancées rapides ont notamment été observées au Bénin et au Mozambique.

En Asie du Sud et de l'Ouest, le nombre d'enfants non scolarisés a été largement divisé par deux, notamment grâce à des mesures encourageant l'intégration des filles au système éducatif. En Inde, le nombre d'enfants non scolarisé a chuté de près de 15 millions en deux ans seulement, entre 2001 et 2003.

Les disparités entre les sexes ont elles aussi diminué. En l'espace d'un cycle primaire, le rapport au Sénégal est passé de 85 filles pour 100 garçons à la parité.

« Des chiffres de ce genre démentent l'idée reçue selon laquelle les pays pauvres seraient incapables de progresser rapidement en matière d'éducation », souligne le rapport. Cependant, « de nombreux pays auront beaucoup de mal à atteindre les objectifs adoptés en 2000 car les gouvernements ont été dans l'incapacité de remédier aux inégalités et les donateurs de tenir leurs engagements ».

Les revers en matière d'éducation auront également des conséquences plus profondes. A la veille du grand sommet international de 2010 sur les objectifs du Millénaire pour le développement de l'ONU, le rapport souligne que les opportunités manquées dans le domaine de l'éducation seront autant d'obstacles à la croissance économique, à la réduction de la pauvreté et aux progrès en matière de santé et dans d'autres domaines.

Selon les auteurs du rapport, l'Afrique subsaharienne doit faire l'objet d'une action prioritaire. Au vu du creusement des déficits budgétaires dans la région, les plans de dépenses pour l'éducation risquent de subir de douloureux réajustements. Conséquence directe de la crise, les dépenses publiques affectées aux systèmes éducatifs de la région pourraient être amputées de quelque 4,6 milliards de dollars par an en 2009 et 2010.

Le rapport exhorte les pays riches et le G20 (principaux pays industrialisés et émergents) à augmenter l'aide à des conditions favorables pour éviter de dégrader les budgets des pays les plus pauvres.

Il estime que les donateurs devront combler un déficit de financement de 16 milliards de dollars par an pour pouvoir atteindre l'objectif d'enseignement primaire universel d'ici 2015. Ces chiffres illustrent la négligence actuelle des gouvernements à l'égard de la lutte contre les inégalités extrêmes. Le monde ne parviendra à scolariser tous ses enfants qu'en mettant la marginalisation au centre des politiques d'éducation.