L'actualité mondiale Un regard humain

Des Iraquiens aident leurs compatriotes réfugiés en Syrie

Des Iraquiens aident leurs compatriotes réfugiés en Syrie

Des réfugiés iraquiens à Damas, en Syrie.
Dans un taxi collectif à Damas, deux femmes se trouvaient côte à côte, l'une âgée et visiblement désespérée, l'autre plus jeune, cultivée et extravertie. Elles ne se connaissaient pas. La plus jeune d'entre elles a toutefois vite remarqué qu'elles avaient quelque chose en commun : elles étaient toutes deux des réfugiées iraquiennes, à la dérive dans la capitale syrienne.

« Je lui ai demandé ce qui n'allait pas », explique aujourd'hui Lamia*, la plus jeune, devant une tasse de thé sucré iraquien. Maysoun*, la plus âgée, « avait perdu son passeport et elle s'était rendue dans plusieurs services administratifs. Elle était très fatiguée, alors je l'ai emmenée chez moi. »

Mais Lamia ne s'est pas arrêtée là ; elle a collecté de l'argent pour aider Maysoun et sa famille et elle a même fait le nécessaire pour qu'elle se fasse opérer gratuitement de calculs rénaux. C'est grâce à son ingéniosité, sa compassion et sa générosité que Lamia a obtenu il y a un an un poste de bénévole dans l'aide sociale à Damas, dans le cadre d'un programme innovant où les exilés iraquiens aident leurs compatriotes réfugiés.

Contrairement aux camps de réfugiés traditionnels dans lesquels le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) peut facilement fournir des services à des dizaines de milliers de réfugiés au pas de sa porte, les Iraquiens en Syrie sont dispersés dans plusieurs grandes villes. Il leur est non seulement difficile d'accéder aux bureaux du HCR - en raison du manque de transport ou d'argent ou de leur mauvaise santé - mais le HCR peut également avoir des difficultés à les trouver.

« Nous devons fournir nos services avec des moyens nouveaux », a déclaré Zahra Mirghani, chargée des services communautaires pour le HCR en Syrie. « Les responsables des services communautaires ou d'autres personnes remplissant des fonctions similaires sont devenus de plus en plus importants, car un nombre croissant de réfugiés vit en milieu urbain plutôt que dans des camps. »

Sous la direction de Zahra Mirghani, le HCR a mobilisé 80 bénévoles, qui sont toutes des Iraquiennes, pour rendre visite chez eux à leurs compatriotes réfugiés, pour œuvrer en tant que travailleurs sociaux, pour fournir un soutien psychologique informel et pour attirer l'attention du HCR sur les besoins des réfugiés iraquiens. Ces 80 volontaires, ainsi que 12 bénévoles du groupe de soutien, renforcent la capacité du HCR pour s'occuper des personnes âgées, des handicapés, des enfants ou des adolescents vivant seuls et des personnes confrontées à des problèmes psychosociaux.

« Dans ce travail, le plaisir vient du fait que vous pensez moins à vos propres problèmes car vous êtes entièrement tourné vers les autres », a expliqué Lamia, âgée de 40 ans et qui était professeur d'anglais avant de fuir l'Iraq.

Le fait d'être réfugié peut être frustrant, a-t-elle admis, mais « le fait d'être un bénévole dans le domaine de l'aide sociale vous donne le sentiment d'avoir un objectif. Cela vous permet d'aider vos compatriotes ainsi que votre pays et cela vous donne l'impression d'être utile. »

* Noms fictifs pour des raisons de protection