L'actualité mondiale Un regard humain

Jordanie : L'éducation aide les jeunes réfugiés iraquiens à affronter l'exil

Jordanie : L'éducation aide les jeunes réfugiés iraquiens à affronter l'exil

Une fillette iraquienne reçoit du HCR un nouveau sac pour l'école, à Damas (2008).
Après avoir enduré des expériences difficiles et douloureuses à un très jeune âge, Omar*, réfugié iraquien de 13 ans, apprend aujourd'hui des choses positives à l'école dans la capitale jordanienne Amman, trois ans après avoir fui l'Iraq avec ses cinq frères et sœurs.

La vie d'Omar a commencé à s'effondrer autour de lui quand son père, policier à Bagdad, a été assassiné par des miliciens. Il se souvient d'un grand choc quand il a appris la nouvelle de la mort de son père. « A ce moment-là, j'ai su qu'il n'était plus possible de rester à Bagdad », a raconté le garçon au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

Puis est venu le traumatisme de la fuite vers la Jordanie voisine pour rejoindre sa mère, partie en avance pour voir s'ils y seraient en sécurité. « Je ne pensais pas que ces jeunes enfants seraient capables de résister au voyage », a dit leur oncle Fahad*, qui les a emmenés cachés dans un taxi.

A Amman, ils étaient en sécurité mais la mère d'Omar avait fui vers le Royaume-Uni sans pouvoir emmener les enfants dont les passeports et les documents d'identité avaient été égarés dans la précipitation pour fuir Bagdad.

De nombreux jeunes, contraints de fuir l'Iraq ces dernières années, ont dû interrompre leurs études - certains n'avaient pas les bons documents, tandis que d'autres ne pouvaient pas se payer les écoles privées. Dans un camp de réfugiés, ils auraient eu au moins accès à l'éducation primaire grâce à l'aide du HCR et à d'autres organisations. Mais l'accès à l'éducation en milieu urbain, où la plupart des réfugiés iraquiens vivent, n'est pas facile en particulier pour les personnes ayant des ressources limitées.

C'était le cas d'Omar, incapable de s'inscrire à l'école à son arrivée à Amman faute de permis de séjour. L'oncle Fahad, qui s'occupe des enfants tout en travaillant sur un marché de légumes, passait quatre heures par jour à apprendre à lire et à écrire à ses deux nièces et à ses quatre neveux.

Grâce à la générosité et à la solidarité du gouvernement et des habitants de Jordanie qui accueillent des centaines de milliers de réfugiés iraquiens, Omar a été inscrit dans une école primaire à l'est d'Amman mi-2009, mais comme il avait manqué l'école pendant deux ans, il a dû commencer à un niveau inférieur. En 2007, un décret royal a ouvert les écoles publiques aux enfants iraquiens quel que soit leur statut juridique.

« Je ne pourrais pas être plus heureux d'être à l'école ; j'ai enfin la chance d'apprendre et d'étudier », a dit Omar. « Mon cours préféré est sans hésitation l'arabe ».

D'autres personnes ont remarqué le changement chez le jeune Iraquien. « Omar a énormément changé depuis qu'il est inscrit à l'école, mais il fait encore face à des difficultés », a affirmé son oncle. « Au plan personnel, il a des amis maintenant - à la fois iraquiens et jordaniens. Au plan scolaire, même s'il a plaisir à apprendre, le programme et le système jordaniens sont totalement différents de ceux en Iraq. »

Fournir une éducation à tous les réfugiés en zone urbaine a posé d'autres problèmes, notamment en termes de mauvais résultats, de brutalités, de capacités limitées et de surpopulation. Certains de ces problèmes sont traités par les organisations humanitaires et les agences des Nations Unies, tandis que d'autres initiatives visent à aider les familles iraquiennes les plus vulnérables à payer les fournitures scolaires, les uniformes, la papéterie et les transports.

En outre, les organisations comme le HCR et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), qui prônent l'éducation pour tous les enfants réfugiés, ont fait pression sur le gouvernement et les donateurs pour couvrir tous les frais de scolarité, y compris les frais d'inscription, pour les enfants iraquiens dont les parents n'ont pas les moyens de payer.

L'année scolaire dernière, les frais de scolarité de 26.800 réfugiés iraquiens dans les écoles primaires et secondaires ont été payés par l'Office d'aide humanitaire de la Commission européenne, plus connu sous le nom d'ECHO.

* Les noms ont été modifiés pour des raisons de protection