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REPORTAGE : L'ONU active derrière la 'ligne de front'

REPORTAGE : L'ONU active derrière la 'ligne de front'

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Le travail humanitaire a lieu en général dans des zones de conflit ou sur le site d'une catastrophe naturelle ou dans des zones reculées où la nourriture est difficile à trouver et l'assistance manque cruellement. On transporte des sacs de céréales, on distribue des vaccins et des abris temporaires.

Mais un travail humanitaire crucial d'un genre différent est aussi mis en oeuvre loin de la « ligne de front », dans des villes comme New York et Genève, où des décisions vitales sont prises dans des salles de réunion, des couloirs ou au téléphone.

Peu de gens le savent aussi bien qu'Ivan Lupis. Jusqu'au début de cette année, il était chargé du Myanmar et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Chaque pays est sous le coup de sanctions internationales et est donc en situation d'antagonisme vis-à-vis des autres Etats Membres de l'ONU, ce qui signifie qu'Ivan et ses collègues ont des difficultés supplémentaires pour s'assurer que l'assistance parvient à ceux qui en ont besoin.

« On est pris entre des intérêts contraires », dit Ivan, qui explique que les Etats Membres, les organisations non gouvernementales (ONG) et l'ONU elle-même ont des attentes différentes.

Cela s'est révélé de façon flagrante au mois de mai 2008, lors que le cyclone Nargis a frappé le Myanmar provoquant une catastrophe telle que le nombre de victimes est estimé aujourd'hui à prés de 150.000.

Dans les moments qui ont suivi la catastrophe, il est apparu clairement qu'elle dépassait les capacités du gouvernement et certains pays, ONG et lobbies ont affirmé que les autorités ne faisaient pas assez pour faciliter les efforts d'assistance, critiquant la façon dont les Nations Unies géraient les premiers secours.

Mais Ivan souligne que les lobbies ont pratiquement tous un objectif principalement politique, alors qu'à l'OCHA la principale priorité est humanitaire.

« Nous avons toujours pris les plus grandes précautions – notamment au Myanmar – pour séparer les efforts politiques et humanitaires. Politiser la réponse humanitaire dans un environnement aussi complexe que le Myanmar ne facilite pas les choses », insiste-t-il.

Alors que le monde extérieur appelait l'ONU à intervenir et à prendre en main directement les efforts d'assistance, Ivan s'est retrouvé à négocier en coulisses avec des groupes de pression, des Etats Membres et d'autres agences des Nations Unies.

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, John Holmes, puis le Secrétaire général Ban Ki-moon ont visité le Myanmar pour négocier un accès immédiat à l'aide internationale.

Un des résultats a été la formation d'un Groupe de travail tripartite, rassemblant l'ONU, le gouvernement du Myanmar et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN).

« Il est probablement trop tôt pour le savoir, mais ça a bien marché et on espère dans la région et à l'ONU que ce système pourrait devenir un prototype ou un modèle pour d'autres catastrophes », a déclaré Ivan.

Ce dernier souligne que son expérience passée dans les Balkans, pour l'ONU ou l'ONG Human Rights Watch, avec l'International Crisis Group ou le Tribunal pénal International pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a été utile.

Mais « le Myanmar est peut-être le dossier le plus fascinant qui m'ait été confié dans ma carrière, avec de nombreux niveaux de complexité politique », a-t-il rapporté.