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L'histoire d'une femme dans les camps au Pakistan

L'histoire d'une femme dans les camps au Pakistan

Une fillette pakistanaise déplacée porte un seau de riz dans le camp de Yar Hussain au Pakistan.
Des années durant, Mariam, une jeune mère de six enfants originaire de la vallée de Swat au Pakistan n'a pas pu sortir de chez elle selon la tradition et la coutume, afin d'élever ses enfants et d'entretenir la maison pour son mari, Shaukat. Elle pouvait à peine imaginer à quel point le conflit survenant dans la Province frontière du Nord-Ouest changerait sa vie, raconte le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

Des années durant, Mariam, une jeune mère de six enfants originaire de la vallée de Swat au Pakistan n'a pas pu sortir de chez elle selon la tradition et la coutume, afin d'élever ses enfants et d'entretenir la maison pour son mari, Shaukat. Elle pouvait à peine imaginer à quel point le conflit survenant dans la Province frontière du Nord-Ouest changerait sa vie, raconte le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

Quand les bombardements se sont rapprochés, en mai, de leur village situé près de Mingora, la capitale de Swat, le couple a fui avec ses enfants. La famille a traversé une région accidentée vers des zones plus sûres situées dans le sud de la province.

« Imaginez, je suis restée à l'intérieur de ma maison durant des années à Swat et soudain je dois gravir des montagnes – une expérience nouvelle pour moi », a expliqué Mariam dans son nouveau foyer, une tente du camp de Yar Hussain géré par le HCR et situé dans le district de Swabi dans la Province frontière du Nord-Ouest.

« Cela m'a rappelé quand j'étais une petite fille et que j'étais libre d'aller et venir aux alentours de la maison », s'est rappelée cette jeune femme de 28 ans. « Puis j'ai grandi et je n'ai plus quitté la maison. Alors quand j'ai marché dans les montagnes il y a quelques semaines, tous ces changements ont été considérables pour moi. » Mariam fait partie des dizaines de milliers de femmes dont la vie a été radicalement changée par les récents événements.

Le bombardement a été traumatisant. « Mes enfants pleuraient tout le temps », a-t-elle expliqué. « Ils étaient terrifiés par le bruit. Je devais leur mettre du coton dans les oreilles pour les calmer. Nous ne pensions qu'à une chose, sauver nos enfants. Nous devions les emmener dans un lieu en sécurité. »

Durant sa fuite dans l'urgence, Mariam a oublié un de ses enfants. « Je pensais que je l'avais pris (mon bébé d'un mois, Noor Zaman) dans la couverture que je tenais dans mes bras, mais il n'y était pas », a-t-elle raconté, les yeux pleins de larmes. « Alors que nous fuyions, mon mari m'a demandé si j'avais notre fils et j'ai réalisé que non. Alors nous sommes retournés en vitesse à la maison pour aller le chercher. »

La famille est arrivée à Buner, un district situé au sud de Swat, après avoir payé 2 500 roupies (40 dollars) pour le trajet en bus, et ils ont dû repartir encore une fois deux semaines après car la famille qui les accueillait a elle-même fui. La famille de Mariam a marché durant près de six heures avant d'arriver dans le district de Swabi [et au camp de Yar Hussain]. Maintenant la famille est en sécurité. Elle bénéficie d'un abri et elle reçoit de la nourriture.

Malgré cela, la vie dans le camp poussiéreux se révèle particulièrement difficile pour Mariam et d'autres femmes musulmanes traditionnelles ici.

Dans la vallée de Swat, sa maison était entourée de hauts murs pour protéger l'honneur des femmes vivant à l'intérieur. Mariam a indiqué qu'elle n'avait pas fait les courses ni participé à un pique-nique depuis son enfance. « Nous étions autorisées à sortir de la maison seulement dans des cas exceptionnels, pour un mariage, un enterrement ou pour recevoir un traitement médical. Je portais une burqa [une pièce de tissus sans forme recouvrant tout le corps] et je devais être accompagnée par un homme de ma famille. »

« Mon mari m'apportait tout à la maison, alors je n'avais pas besoin de m'aventurer hors des murs de ma maison », a-t-elle ajouté. « C'est notre culture. »

Toutefois dans le camp, elle doit sortir de sa tente pour rendre visite dans une tente voisine à son beau-père qui est en mauvaise santé ou pour aller dans une clinique du camp. Elle n'a pas pu fuir avec sa burqa alors quand elle sort, elle ne se sent pas suffisamment voilée. « Je me sens très inconfortable sans la burqa dans le camp », a-t-elle dit. « Il y a de nombreux hommes que je ne connais pas. »

Mariam reste à l'intérieur de sa tente autant que possible, bien qu'il y fasse très chaud. Tout comme d'autres femmes, elle reçoit un traitement pour des douleurs aux reins à cause de leur refus de se rendre aux toilettes durant la journée.

Pour aider ces femmes, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a monté, à l'aide de bâches en plastique, des murs répondant aux normes du purdah (l'isolement des femmes) autour des groupes de tentes pour préserver l'intimité des femmes et des enfants se trouvant à l'intérieur. Certaines familles ont créé leurs propres cloisons selon le purdah autour de tentes individuelles.

Le mari de Mariam est inquiet lui aussi au sujet de sa femme sortant de la tente. « J'ai peur qu'elle ne se perde dans le camp. »

Shaukat, son mari, explique que lui et sa famille illettrée ne savent pas lire les panneaux indicatifs dans le camp et qu'ils pourraient facilement se perdre dans Yar Hussain. Par ailleurs, il insiste sur le fait qu'il essaie de protéger sa femme. « Il y a aussi différentes tribus se trouvant à l'intérieur du camp ; Je ne veux pas que ma femme soit exposée au danger. Il y a de nombreux hommes se promenant dans le camp durant la journée. Et tous ne sont pas des gentlemen. »

Mariam montre sa carte nationale d'identité qui ne comporte pas sa photo, mais seulement ses empreintes digitales. « Imaginez, j'ai maintenant 28 ans et je n'ai jamais eu une photo de moi. Aucune photo depuis que je suis née. »