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Enfants et conflits armés : Plus d'action réclamée contre les auteurs de violences sexuelles

Enfants et conflits armés : Plus d'action réclamée contre les auteurs de violences sexuelles

Radhika Coomaraswany, représentante spéciale du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés.
En présence d'une ancienne enfant soldat d'Ouganda, la représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, a appelé mercredi le Conseil de sécurité à ajouter sur ses listes les auteurs de violences sexuelles graves, de meurtres et de mutilations, crimes aussi abominables, selon elle, que le recrutement d'enfants.

En présence d'une ancienne enfant soldat d'Ouganda, la représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, a appelé mercredi le Conseil de sécurité à ajouter sur ses listes les auteurs de violences sexuelles graves, ainsi que de meurtre et de mutilation, crimes aussi abominables, selon elle, que le recrutement d'enfants.

Grace Akallo, ancienne enfant soldat, a raconté devant le Conseil de sécurité comment elle avait été enlevée en 1996 par l'Armée de résistance du Seigneur alors qu'elle n'était qu'une lycéenne.

Après avoir marché pendant plusieurs jours à travers la forêt du nord de l'Ouganda, elle est arrivée au Soudan où elle a appris à démonter, nettoyer et assembler une arme. Elle a ensuite, plusieurs fois, combattu au côté de l'Armée populaire de libération du Soudan. Elle a dû tuer les autres filles de son groupe qui tentaient de s'échapper ou qui refusaient leur mari.

« J'étais une innocente jeune fille. Je n'avais jamais connu un homme dans ma vie jusqu'à ce jour », a dit Grace Akallo. Après plusieurs mois en captivité, elle est finalement parvenue à s'échapper marchant pendant deux semaines à travers le Soudan, sans manger.

La jeune fille se souvient avoir été recueillie par des villageois du Sud-Soudan avant d'être rendue à ses parents. Elle est retournée au collège, puis a eu la chance d'intégrer l'Université et d'y recevoir un diplôme, une opportunité que les autres jeunes filles enlevées pour servir dans les groupes armés, en même temps qu'elle, n'ont pas eue.

« Je vous ai raconté mon histoire mais il y en a des milliers d'autres expériences que vous n'avez pas entendues », a-t-elle fait remarquer.

Pour sa part, Mme Coomaraswamy a estimé qu'il était « maintenant temps pour le Conseil de porter son attention au-delà de la situation des enfants soldats afin de traiter d'autres violations graves avec plus d'efficacité ».

Elle a notamment engagé les membres du Conseil à élargir la liste du Secrétaire général en y ajoutant les auteurs de violences sexuelles graves, ainsi que de meurtre et de mutilation, crimes aussi abominables, selon elle, que le recrutement d'enfants.

Radhika Coomaraswamy s'est par ailleurs félicitée des efforts déployés par le Conseil de sécurité et par son Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés.

Elle s'est également dite encouragée par le fait que certains gouvernements, notamment celui du Myanmar, ont signalé leur intention de collaborer avec le Groupe de travail du Conseil. Elle a aussi indiqué que le Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE) du Soudan finalisait actuellement un plan d'action avec l'aide de l'équipe de pays de l'ONU.

Observant ensuite que de nombreux actes de violence à l'égard des enfants persistent, la Représentante spéciale a estimé que le Conseil devrait à présent examiner les mesures à prendre contre les récidivistes. Selon elle, une communication plus systématique entre les comités de sanction, le Groupe de travail et les groupes d'experts est essentielle.

« Ce débat doit être l'occasion pour le Conseil de renforcer son engagement en faveur des enfants », a-t-elle déclaré, relevant que la « liste de la honte » était devenue un point de ralliement pour toutes les parties désireuses de renforcer la protection des enfants dans les zones de conflit.

La Représentante spéciale a également insisté sur le rôle important des missions de maintien de la paix, et a estimé que le Conseil devrait inclure de façon plus systématique des mesures destinées à la protection des enfants au sein des mandats des opérations et des missions de maintien de la paix, ainsi que dans les résolutions qui ciblent un État précis.