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John Ging : Israéliens et Palestiniens valent mieux que le conflit qui les oppose

John Ging : Israéliens et Palestiniens valent mieux que le conflit qui les oppose

Un entrepôt de l'UNRWA à Gaza qui brûle après avoir été bombardé par l'armée israélienne.
Les peuples palestinien et israélien « valent mieux que la situation politique » qui a conduit à cet affrontement, estimait mardi le directeur des opérations de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Gaza, John Ging, qui a été le témoin de « trois semaines horribles » de combats entre l'armée israélienne et le mouvement palestinien Hamas.

Les peuples palestinien et israélien « valent mieux que la situation politique » qui a conduit à cet affrontement, estimait mardi le directeur des opérations de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Gaza, John Ging, qui a été le témoin de « trois semaines horribles » de combats entre l'armée israélienne et le mouvement palestinien Hamas.

« Ce qui est le plus honteux dans tout ceci est que ces deux peuples valent bien mieux que la situation politique. Ici à Gaza, les gens veulent une relation stable, sûre et pacifique avec leurs voisins. Ils veulent que le conflit soit résolu dans le cadre d'un processus politique », déclare-t-il dans un entretien au Centre d'actualités de l'ONU.

John Ging occupe son poste à l'UNRWA à Gaza depuis trois ans. Il supervise les efforts pour fournir des services de base, notamment en matière d'éducation et de santé, à 750.000 réfugiés palestiniens.

Selon lui dans le conflit qui vient de s'achever par l'annonce d'un cessez-le-feu par Israël et le Hamas, « la priorité n'est pas donnée aux intérêts des gens ordinaires. » « Les politiques sont négatives dans leur approche partant du principe que davantage de sanctions, de fermetures, de campagnes militaires vont apporter un résultat positif. Alors qu'en fait, il est évident que cela ne génère que des réponses négatives et que cela nourrit l'idéologie extrémiste qui s'appuie sur le désespoir, la frustration, la pauvreté, etc. »

« Il faut développer un état d'esprit au sein de la société civile qui soit positif, qui soit ouvert aux compromis. La politique est question de compromis. Les gens à Gaza ces dernières années se sont véritablement vus retirer leur dignité, ont été réduits à dépendre de l'aide humanitaire en raison de l'effondrement de l'économie. Ce sont des êtres humains. Ils veulent protéger leurs enfants, faire d'eux de bonnes personnes, leur donner une éducation, un travail. Certaines personnes ne voient pas le point de vue de ces êtres humains sur le terrain mais sont aspirés par le trou noir de la politique et sa complexité », dit-il.

« Nous arrivons à l'issue de ce conflit après trois semaines horribles et le conflit a trouvé une solution en termes politiques à l'issue de consultations diplomatiques très actives. Pourquoi cela n'a-t-il pas été possible avant que 1.300 personnes meurent et 6.500 soient blessées et qu'il y ait toutes ces destructions ? C'est notre échec. Nous devons arrêter d'accuser l'autre partie. Le décompte des morts ne m'intéresse pas. Tout le monde en Israël a le droit de vivre sans la menace de ces roquettes. Cela doit s'arrêter. Ce n'est pas une résistance légitime. Nous devons enseigner aux enfants palestiniens la différence entre la résistance légitime et la résistance illégale. Pareillement, de l'autre côté, l'Etat d'Israël ne peut pas dire que les extrémistes utilisaient les civils comme boucliers humains et qu'ils ont été tués, comme si c'était quelque chose de passif. Vous savez qu'ils les utilisent comme boucliers humains, c'est un crime de guerre et c'est contraire au droit international, mais quelles mesures Israël a-t-il pris pour s'assurer que ces pauvres civils ne soient pas tués ? », ajoute-t-il.

Face aux critiques israéliennes qui considèrent qu'il a un parti-pris favorable envers les Palestiniens, il répond qu'il a été attaqué par le passé par les Palestiniens. « Personnellement, j'ai été attaqué par des Palestiniens au bout d'un an de séjour ici. Mon convoi a été victime d'une embuscade et notre véhicule blindé a reçu quatorze impacts. J'avais un chauffeur compétent et c'est pour cela que je suis ici pour vous parler aujourd'hui. Environ deux mois plus tard, nous avons également été attaqués au moment où nous lancions un gros programme de loisirs pour les enfants. L'UNRWA avait mis en place pour l'été ce programme destiné à 200.000 enfants. Les extrémistes n'ont pas aimé cela ».

John Ging croit « fermement aux valeurs des Nations Unies d'objectivité, d'impartialité et de neutralité ». « J'ai viré des employés qui avaient été impliqués dans des activités politiques et militantes. Nous sommes très stricts en la matière ».

Selon lui, la vaste majorité des gens à Gaza veulent vivre en paix avec Israël. « Ils l'ont prouvé. Le soutien aux activités de loisirs était attaqué par des sites web de groupes extrémistes accusant l'UNRWA d'avoir des arrière-pensées et encourageant les parents à ne pas y envoyer leurs enfants. Cette année, environ 250.000 enfants ont été inscrits. Les parents envoient un message clair de soutien. »

« L'ambition de nombreuses personnes à Gaza est de se lever le matin et d'aller travailler en Israël. C'est ce qu'ils veulent faire. Pourquoi sont-ils empêchés d'aller en Israël travailler alors qu'ils ont été contrôlés ? Les points de passage sont parmi les plus sophistiqués au monde et les Israéliens en sont fiers. Techniquement, il n'est pas possible pour les gens de passer par ces points de passage avec des explosifs. Aussi, pourquoi a-t-il été décidé de ne pas autoriser des dizaines de milliers de gens d'aller travailler en Israël et de ramener leur expérience à Gaza et d'apporter leur réalité en Israël à un niveau humain ? C'est le problème de ces dernières années. L'interaction entre les deux sociétés a été rompue et cela a un impact négatif car cela déshumanise l'autre partie au conflit », estime-t-il.