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Rwanda : Le 'cerveau' du génocide condamné à la prison à vie par le TPIR

Rwanda : Le 'cerveau' du génocide condamné à la prison à vie par le TPIR

Eugénie Mukeshimana, survivante du génocide au Rwanda, allume une bougie lors de la commémoration du 14e anniversaire du génocide (avril 2008).
Le colonel Théoneste Bagosora, présenté comme le 'cerveau' du génocide au Rwanda en 1994, a été condamné jeudi à la prison à vie pour « génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre » par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) installé à Arusha, en Tanzanie.

Le colonel Théoneste Bagosora, présenté comme le 'cerveau' du génocide au Rwanda en 1994, a été condamné jeudi à la prison à vie pour « génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre » par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) installé à Arusha, en Tanzanie.

Deux autres anciens officiers de l'armée rwandaise, le commandant Aloys Ntabakuze, commandant des para-commandos, et le colonel Anatole Nsengiyymva, commandant du secteur de Gisenyi, ont également été condamnés à la prison à vie pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Un quatrième accusé, le général Gratien Kabiligi, ancien haut responsable de l'armée rwandaise, a été acquitté et le tribunal a ordonné sa remise en liberté, indique un communiqué.

Directeur de cabinet au ministère de la défense à l'époque du génocide, le colonel Bagosora, 67 ans, est considéré comme le "cerveau" du génocide qui a fait environ 800.000 morts, des Tutsis pour la plupart, et des Hutus modérés.

« La Chambre a découvert que, dans les premiers jours après la mort du président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994, Bagosora était le responsable le plus élevé au sein du ministère rwandais de la défense avec autorité sur l'armée rwandaise », souligne le communiqué. Il est considéré comme responsable du meurtre le 7 avril de la Premier ministre de l'époque, Agathe Uwilingiyimanan, du président de la Cour constitutionnelle, Joseph Kavaruganda, et de Frédéric Nzamurambaho, Landoald Ndasingwa et Faustin Rucogoza, qui étaient des responsables du parti d'opposition et des ministres du gouvernement. Il est aussi jugé coupable d'être lié au meurtre de dix casques bleus belges. M Bagosora a également été jugé responsable de massacres organisés perpétrés par des soldats et des miliciens à Kigali et Gisenyi entre le 6 et le 9 avril 1994.

Le commandant Aloys Ntabakuze a été jugé coupable de la participation de ses soldats aux massacres à Kabeza, sur la colline de Nyanza et à l'Institut Africain et Mauricien de statistiques et d'économie à Kigali. Le colonel Anatole Nsengiyymva a été jugé coupable des massacres à l'Université Mudende, dans la paroisse de Nyundo Parish ainsi que de meurtres ciblés de civils dans la préfecture de Gisenyi.

En revanche, alors que l'accusation affirmait que le général Gratien Kabiligi avait participé à la distribution d'armes et à des réunions pour planifier le génocide, la Chambre a jugé qu'il avait présenté des alibis crédibles pour cette période et qu'il n'était pas prouvé qu'il avait autorité opérationnelle ou qu'il avait visé des civils.

Par ailleurs, Protais Zigiranyirazo, frère aîné d'Agathe Kanziga, la veuve du président Juvénal Habyarimana, a été reconnu coupable jeudi de génocide et d'extermination par le TPIR. Il a été condamné à vingt ans de prison. La Chambre a conclu qu'il avait participé aux massacres de Tutsis sur la colline de Kesho et qu'il avait aidé et encouragé au massacre de Tutsis dans les environs de sa résidence dans la ville de Kigali.

M. Zigiranyirazo, 70 ans, fut préfet de Kibuye en 1973 et préfet de Ruhengeri de 1974 à 1989. En 1994, il n'exerçait plus de fonctions officielles mais la Chambre a conclu qu'il avait gardé de l'autorité et de l'influence.

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué ces jugements du TPIR. Ils « constituent une avancée majeure dans la lutte contre l'impunité des responsables des crimes les plus graves », selon une déclaration transmise par sa porte-parole. Il a salué les efforts du tribunal pour mener à bien ses travaux tout en respectant les droits des accusés.