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RDC : Ban offre ses bons offices, nomme envoyé spécial l'ex-président du Nigéria Obasanjo

RDC : Ban offre ses bons offices, nomme envoyé spécial l'ex-président du Nigéria Obasanjo

L'ex-président du Nigéria, Olusegun Obasanjo.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a offert lundi ses bons offices pour mettre fin à la crise dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) et annoncé la nomination de l'ex-président du Nigeria Olusegun Obasanjo en qualité d'Envoyé spécial.

Lors d'une déclaration à la presse à l'issue de consultations avec le Conseil de sécurité, M. Ban a indiqué qu'il avait abordé la question du conflit en RDC avec des dizaines de chefs d'Etat et avait eu des conversations avec les présidents Kabila de la RDC et Kagame du Rwanda.

Le Secrétaire général a annoncé que face aux signaux positifs émis par les dirigeants congolais et rwandais, il était prêt à les rencontrer cette semaine, à l'endroit de leur choix. De son côté, le président de l'Union africaine (UA), Jakaya Kikwete, va convoquer un sommet régional d'urgence sur la question, a-t-il ajouté.

Ban Ki-moon a aussi annoncé qu'il comptait nommer l'ex-président du Nigéria, Olusegun Obasanjo, au poste d'Envoyé spécial afin de trouver une solution politique durable à la crise. « J'espère que tous ceux qui ont un intérêt dans la région, le Conseil de sécurité, l'Union africaine et l'Union européenne le soutiendront », a-t-il dit.

Lundi, le lieutenant-général Babacar Gaye a également été nommé à la tête de la force de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), en remplacement du lieutenant-général Vincente Diaz de Villegas.

En réponse à une question d'un journaliste, le Secrétaire général a indiqué qu'à sa connaissance, le président de la RDC serait disposé à négocier avec les rebelles du Congrès national du peuple (CNDP), qui bénéficieraient d'un soutien du Rwanda, et de répondre aux griefs du Rwanda qui reproche à l'armée régulière congolaise, les FARDC, de soutenir un autre groupe armé, le FDLR, fondé par d'ex-génocidaires rwandais.

De leur côté, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Alain Le Roy, le représentant du Secrétaire général en RDC, Alan Doss, et son adjoint, Ross Mountain, ont souligné lundi que la MONUC faisait de son mieux pour assurer, dans des conditions très difficiles, la protection des civils avec un nombre de troupes limité. Ils ont ajouté qu'un redéploiement de troupes de la MONUC dans les zones sensibles était envisagé.

« Je suis venu en RDC et à Goma pour apporter mon soutien à la MONUC qui travaille dans des conditions extrêmement difficiles alors que la violence est partout dans la région », a déclaré Alain Le Roy, lors d'une téléconférence depuis Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu où un cessez-le-feu précaire prévaut entre les forces rebelles du CNDP et les forces armées congolaises.

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix se trouve sur le terrain également pour évaluer les moyens dont dispose la Mission pour mieux mettre en oeuvre son mandat, qui consiste à protéger les civils et maintenir la paix, dans le cadre des ressources existantes. Un couvre-feu a été imposé à Goma mais pendant la journée les gens sont dans la rue.

Au plan militaire, la MONUC dispose de 17.000 soldats dans tout le pays, mais la crise au Nord-Kivu exige un regroupement de ces troupes dans la zone de Goma, a insisté Alain Le Roy. « Bien sûr, la MONUC pourrait faire mieux », mais les critiques apparaissant dans la presse sont dans une large mesure injustes, a-t-il estimé.

« La MONUC doit intervenir sur quatre fronts : le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l'Ituri et Ule wele, où se trouve l'Armée de résistance du Seigneur (Lord's Resistance Army, LRA) », a-t-il rappelé. « Or, contrairement à ce qui est souvent rappelé, la MONUC n'est pas la plus grande opération de maintien de la paix jamais mise en place par l'ONU. Au Libéria, 17.000 soldats étaient déployés dans un pays bien plus petit. Au Kosovo, l'OTAN avait déployé 40.000 soldats disposant des meilleurs équipements dans le monde, pour un territoire 200 fois plus petit que la RDC », a-t-il ajouté.

Ross Mountain a souligné pour sa part que la MONUC avait pu préserver ses positions sur le terrain et soutenir le processus de paix, tout en opérant sur un territoire qui fait une fois et demi la taille de la France, avec 10.000 soldats.

MM. Doss et Mountain ont indiqué que pour l'instant, la demande soumise au Conseil de sécurité sur l'envoi rapide de renforts n'avait pas abouti.

Lundi, la MONUC a continué ses patrouilles à Goma et ouvert un corridor humanitaire jusqu'à Rutshuru, a précisé Alain Le Roy. Ross Mountain a ajouté qu'il y avait désormais près d'un million de déplacés au Nord-Kivu, une région qui compte 4 millions d'habitants.