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Assemblée générale : Les pays riches appelés à respecter leurs engagements pour l'Afrique

Assemblée générale : Les pays riches appelés à respecter leurs engagements pour l'Afrique

L'Assemblée générale de l'ONU.
A la veille de l'ouverture de son débat général, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté lundi, en présence de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement, une déclaration appelant les pays riches à agir pour éliminer la pauvreté en Afrique, à l'occasion d'une session de haut niveau sur les besoins spécifiques de ce continent en matière de développement.

Le texte, intitulé « Déclaration politique sur les besoins de l'Afrique en matière de développement », réaffirme les besoins particuliers du continent. Les Etats Membres des Nations Unies se déclarent préoccupés par le fait que l'engagement de doubler l'aide à l'Afrique d'ici à 2010, formulé au sommet du G8 de Gleneagles, ne sera pas atteint, au rythme actuel.

« Nous appelons à la réalisation de tous les engagements en matière d'assistance publique au développement, y compris ceux pris par de nombreux pays de réaliser l'objectif d'affecter 0,7% de leur PIB à l'aide publique au développement d'ici à 2015, dont 0,15 à 0,20% aux pays les moins développés », affirment les Etats Membres dans la déclaration.

Ils se disent préoccupés que « la part de l'Afrique dans l'économie mondiale ne soit que de 2% » et s'engagent à « redoubler d'efforts » pour achever le cycle de négociations de Doha sur le commerce international, soulignant le rôle du commerce dans la croissance économique.

Notant que « le changement climatique a des implications graves pour le développement durable », les Etats Membres se disent préoccupés que l'Afrique soit confrontée « aux plus grands effets négatifs du changement climatique, alors qu'elle émet le moins de gaz à effet de serre ».

Cette session spéciale de l'Assemblée générale sur l'Afrique était destinée à faire le point des promesses faites en 2000 par les Etats Membres au 'Sommet du Millénaire' pour réparer « les irréparables injustices de l'histoire et les ravages inhérents à la colonisation » de l'Afrique, a rappelé en préambule le président de la 63ème Assemblée générale de l'ONU, Miguel d'Escoto Brockmann, du Nicaragua.

M. d'Escoto a noté les « progrès démocratiques considérables » accomplis en Afrique, avec la tenue d'élections, des gouvernements élus sur tout le continent et la création de l'Union africaine. Mais les « défis sont encore énormes », a-t-il déclaré. S'il a salué l'allègement de la dette extérieure, il a regretté les « conditions iniques encore imposées par les institutions de Bretton Woods », qui ont « l'effet pervers d'empêcher la mise en oeuvre des programmes de réduction de la pauvreté et d'éroder les conditions de vie de dizaines de millions de personnes ».

Le président de l'Assemblée générale a appelé « les pays riches à redoubler d'efforts pour que l'assistance officielle au développement, qui est passée de 0,33% de leur PIB en 2005 à 0,28% en 2007, se rapproche de l'engagement de 0,7% pris au Sommet de Monterrey.

Il a aussi appelé les membres du G8 [Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Russie, Royaume-Uni, Etats-Unis et Union européenne], « avec toute la force conférée par sa position de président de l'Assemblée générale », à respecter leurs engagements pris à Gleneagles en 2005 de doubler leur assistance publique au développement d'ici à 2010.

Pour sa part le Secrétaire général Ban Ki-moon a précisé qu'il faudra 72 milliards de dollars par an de financement externe pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d'ici à 2015. Cette somme paraît élevée, mais elle n'est pas hors de portée si l'on considère que l'année dernière les pays de l'OCDE ont dépensé 267 milliards de dollars, juste pour leurs subventions agricoles.

« Dans ce contexte, le prix du règlement de la crise alimentaire, de la lutte contre le réchauffement climatique et de l'assistance à des millions de personnes à sortir de la pauvreté extrême en Afrique paraît une bonne affaire », a déclaré Ban Ki-moon.

« L'intégration de l'Afrique à l'économie mondiale doit aussi être garantie », a souligné le président de l'Assemblée générale, regrettant les subventions des pays développés à leur agriculture et l'effondrement des pourparlers de Doha sur la libéralisation des échanges agricoles notamment. « Ceux qui promeuvent le libéralisme extrême changent de ton au premier signe de menace à leur puissance », a-t-il déploré.

Le président de l'Assemblée générale a appelé à la « solidarité fraternelle » pour faire face à la crise alimentaire, qui vient « éteindre le peu d'espoir qu'il y avait de réduire d'ici à 2015 le nombre d'Africains souffrant de la faim ».

Il a appelé au transfert des technologies nécessaires à la sécurité alimentaire et à l'adaptation aux « conséquences dévastatrices du changement climatique ». Le principe de responsabilité partagée mais différenciée face au développement durable met les pays développés face « à une obligation morale et juridique de respecter leurs engagements », a dit le président de l'Assemblée, qui a souligné les « richesses effarantes générées par les multinationales de l'extraction de ressources à partir de la terre, de la chair et du sang de l'Afrique, sans produire en retour des investissements diversifiés ».

Le président de l'Assemblée a enfin appelé à l'assistance dans le domaine de la santé, face notamment aux 25 millions de personnes atteintes du Sida en Afrique.

Le débat de lundi servait de débat préparatoire au sommet de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui se tiendra jeudi à l'ONU.