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Soudan : L'Accord de paix Nord-Sud reste sur les rails malgré l'incident d'Abyei

Soudan : L'Accord de paix Nord-Sud reste sur les rails malgré l'incident d'Abyei

Un groupe de réfugiés soudanais arrivent à Juba, Sud-Soudan, après des années en République centrafricaine (février 2008).
La mise en oeuvre de l'Accord de paix entre le Nord et le Sud-Soudan, qui doit aboutir à des élections fin 2009, est en retard mais reste sur les rails, a estimé lundi le représentant spécial du Secrétaire général, Ashraf Qazi, devant le Conseil de sécurité.

« Les fondations d'une paix durable restent fragiles », a-t-il prévenu lors d'un exposé sur la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS).

Le représentant spécial a rappelé les violents affrontements en mai entre l'armée gouvernementale (du Nord) et l'armée de libération du peuple du Soudan (du Sud), à Abyei qui ont fait 89 morts dont 18 civils, déplacé 50.000 personnes et conduit à la destruction de la majorité de la ville.

M. Qazi a ajouté que l'ONU apportait à l'heure actuelle son soutien pour la démarcation de la frontière entre le Nord et le Sud, au niveau d'Abyei, au moment où l'on prévoit de commencer le retour des populations déplacées.

Le chef de l'UNMIS a néanmoins souligné que la Mission n'avait pas pu jouer son rôle de protection des civils et de leurs biens lors des affrontements. D'une part parce que les armées des deux côtés se battaient à l'arme lourde, d'autre part parce que le mandat de l'UNMIS ne comporte pas de référence au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, et n'autorise pas le recours à la force pour sa mise en oeuvre.

En outre, « l'UNMIS ne dispose pas de capacités d'intervention robustes, et les parties ne lui confèrent pas de liberté de mouvement et de vérification », a-t-il insisté.

Bien que les relations de travail entre le Nord et le Sud restent « cordiales », l'absence de confiance mutuelle est un obstacle important pour rendre l'unité « attractive », a affirmé le chef de l'UNMIS.

L'accord de paix signé en 2005, qui avait mis fin à des années de combat, prévoyait notamment l'organisation d'élections et la possibilité pour le Sud de se prononcer sur son autodétermination.

A cet égard, Ashraf Qazi note que les lois électorales ont été adoptées et que le recensement national devrait être achevé début 2009. « Si les choses avancent comme prévu, des élections peuvent encore avoir lieu d'ici à la fin de l'année 2009 », a-t-il souligné.

Ashraf Qazi a par ailleurs noté la demande soumise aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) par le Procureur de la Cour, visant à arrêter le président soudanais Omar Al-Bachir accusé de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre.

« J'ai fait remarquer au gouvernement que la CPI est une institution indépendante et que l'UNMIS continuera à mettre en oeuvre son mandat au Soudan », a-t-il dit.

Le gouvernement soudanais a prévenu la Mission que l'émission d'un mandat d'arrêt contre le président Al-Bachir « pourrait avoir de graves conséquences pour le personnel et les infrastructures de l'ONU », a rapporté Ashraf Qazi devant le Conseil de sécurité.