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Myanmar : 'La répression n&#39a pas cessé', dénonce le Rapporteur spécial de l&#39ONU

Myanmar : 'La répression n&#39a pas cessé', dénonce le Rapporteur spécial de l&#39ONU

Conférence de presse de Paulo Sergio Pinheiro
Paulo Sérgio Pinheiro, le Rapporteur spécial du Haut Commissariat aux droits de l&#39homme sur la situation des droits de l&#39homme au Myanmar, s&#39est adressé cet après-midi à la Troisième Commission de l&#39Assemblée générale puis à la presse, à qui il a déclaré continuer de recevoir des rapports alarmants sur la situation des droits de l&#39homme dans le pays.

Si les chiffres et les informations disponibles sur les morts en détention, les cas de torture et les disparitions sont insuffisants et diffèrent sensiblement, ils n'en requièrent pas moins une enquête précise et approfondie, car ils sont très préoccupants, a souligné Paulo Sérgio Pinheiro dans sa déclaration à la Troisième Commission de l'Assemblée générale, dans laquelle il a fait état de la situation au Myanmar depuis le 15 août dernier.

A cette date, l'annonce par le gouvernement de la hausse du prix des combustibles de 500% a provoqué des manifestations qui ont été durement réprimées.

Des sources fiables ont rapporté un usage excessif de la force de la part des corps de police nationale, et la présence à leurs côtés de groupes armés non-étatiques est un sujet de préoccupation, a-t-il informé. Cependant, il a indiqué se trouver dans l'impossibilité de donner des chiffres exacts sur le nombre de personnes tuées, arrêtés, ni même détenues.

Le rapporteur spécial a annoncé qu'il se rendrait prochainement au Myanmar puisque le gouvernement a accepté cette semaine sa visite.

Il a rappelé les différents appels lancés aux autorités pour qu'elles libèrent immédiatement et de manière inconditionnelle les personnes détenues. La nomination d'un attaché de liaison pour entamer le dialogue avec l'opposition est cependant un point positif, a indiqué Paulo Sérgio Pinheiro, qui a souligné que ce 24 octobre marquait aussi les 12 ans de détention de la représentante principale de l'opposition Aung Sang Suu Kyi.

« Ce qui me dérange, c'est que la répression n'ait pas cessé », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse en fin d'après-midi au Siège de l'ONU à New York.

Or, « la fin de la violence de la part de la police et de l'armée ne représente que le commencement des avancées qui sont nécessaires de façon urgente », a-t-il dit au Troisième Comité, car « le point de départ est un vrai dialogue avec l'opposition ».

La réconciliation nationale commencera avec un dialogue significatif avec les représentants des groupes ethniques, car des générations de minorités, comme les Karen, ont été décimées par cette « guerre cachée ».

Le Rapporteur spécial a informé l'Assemblée que des images par satellite de l'American Association for the Advancement of Science avaient mis en évidence des violations des droits de l'homme de ces peuples, avec la destruction de leurs villages et leur déplacement forcé. Il y aurait actuellement quelque 500.000 personnes déplacées dans le pays, a-t-il déclaré.

« L'aide humanitaire internationale ne peut être l'otage de la politique », a affirmé Paulo Sérgio Pinheiro, qui appelle la communauté internationale à agir pour protéger la population, sans attendre la normalisation de la situation politique.

Par ailleurs, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Myanmar, Ibrahim Gambari, se trouve aujourd'hui à Beijing où il doit y rencontrer le Conseiller d'Etat Tang Jiaxuan, le Vice-ministre des Affaires étrangères Wang Yi, et le ministre des Affaires étrangères adjoint He Yafei.

S'adressant à la presse avant son départ, Ibrahim Gambari a salué le rôle des autorités chinoises, qui ont incité les autorités de Myanmar à le recevoir en plein déroulement de la crise dans le pays. Il a souligné qu'il comptait sur la Chine et les autres partenaires régionaux pour aider l'ONU à parvenir à des résultats avec le gouvernement de Myanmar.

Ibrahim Gambari ira ensuite à Tokyo pour des consultations, avant de se rendre au Myanmar au cours de la première semaine du mois de novembre.