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Journée internationale des casques bleus : le maintien de la paix de plus en plus complexe

Journée internationale des casques bleus : le maintien de la paix de plus en plus complexe

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A l&#39occasion de la Journée internationale des casques bleus célébrée aujourd&#39hui, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l&#39ONU, Jean-Marie Guéhenno, a réaffirmé aujourd&#39hui devant la presse à New York les exigences de probité et de neutralité qui incombent aux 100.000 soldats de la paix déployés dans le monde.

« Ce jour honore les individus dont les vies se sont améliorées, à Haïti ou à Monrovia, et célèbre la mémoire de ceux qui ont trouvé la mort en travaillant pour la paix et le développement », a-t-il déclaré (webcast).

Cette année, 107 casques bleus ont été tués en mission, dans le cadre de mandats qui représentent des défis de plus en plus grands, et « ces morts nous rappellent qu'il faut soutenir le maintien de la paix et l'espoir qu'il représente pour de plus en plus de personnes », a souligné le Secrétaire général adjoint.

Interrogé sur le Soudan et le déploiement du dispositif d'appui renforcé au Darfour, Jean-Marie Guéhenno a indiqué qu'il existait de grands besoins en matière d'ingénierie et de communications et que dans certains domaines, il faudrait aller au-delà des capacités africaines. « Nous devrions arriver à un bon équilibre entre capacités africaines et non-africaines », a-t-il déclaré.

Concernant le calendrier de ce déploiement, il a souligné que le mois de juin, en pleine saison des pluies, serait peu propice. « Nous pressons les pays contributeurs de troupe à être prêts pour un déploiement au mois de juillet ou au mois d'août, même s'il y a plus de chances que cela ne soit possible qu'à l'automne », a-t-il ajouté.

Ces troupes devraient être massivement constituées de soldats des pays asiatiques et sud-asiatiques, traditionnellement les plus gros contributeurs.

« Il faut que la force de maintien de la paix dans le pays soit politiquement et géographiquement équilibrée pour avoir la confiance de tous, groupes rebelles, gouvernement et population », a-t-il souligné, estimant qu'il était préférable que les casques bleus soient originaires de pays qui n'ont pas de position tranchée ou d'implication sur le sujet.

Le déploiement va s'appuyer sur les structures existantes pour la Mission de l'Union africaine au Soudan (MUAS) dont les camps seront agrandis afin d'accueillir les nouveaux arrivants afin de procéder plus rapidement.

Concernant le Tchad, où le gouvernement a fait part de son opposition au déploiement d'une force avec une composante militaire, Jean-Marie Guéhenno a rappelé qu'une équipe était déjà sur le terrain.

Les menaces sur la population sont différentes au Tchad par rapport à celles qui existent au Darfour, la violence y est plus diffuse et il faut donc que le maintien de la paix des Nations Unies ajuste sa réponse. Toutefois, compte tenu de cette violence dispersée qui sévit principalement sur les axes de communication, « il semble très difficile de travailler au Tchad sans une composante militaire ».

Le Secrétaire général adjoint a en outre indiqué que l'idée développée par la France de créer des corridors humanitaires au Darfour était actuellement étudiée.

« C'est aux gouvernements et aux groupes rebelles de la région d'envoyer les signaux adéquats depuis le terrain », a-t-il souligné.

Sur les questions disciplinaires entourant les casques bleus, le Secrétaire général adjoint a souligné qu'il n'était pas cohérent de demander à l'ONU d'avoir des soldats de la paix irréprochables en refusant toute interférence sur les normes nationales propres aux pays contributeurs de troupe.

Les pays contributeurs insistent à l'heure actuelle pour conserver le contrôle disciplinaire sur leurs troupes.

« Il faut des compromis, sans quoi cela ne peut marcher », a-t-il déclaré, estimant que l'établissement de normes internationales fortes était d'autant plus important que les cas de mauvaise conduite des casques bleus ont eu un impact réel sur l'image de l'ONU.

Interrogé à propos de l'enquête menée actuellement sur un trafic d'or et d'armes auxquels se seraient livrés des casques bleus dans l'Ituri (dépêche du 23.05.2007), il a rappelé la difficulté d'enquêter dans cette région et de rassembler des témoignages crédibles.

Il a néanmoins insisté sur la nécessité de promouvoir la lutte contre l'impunité en République démocratique du Congo (RDC), ce qui est l'une des missions premières de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC).

Enfin, Jean-Marie Guéhenno a abordé la réforme du Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU (DPKO selon l'acronyme anglais) actuellement en discussion à la Cinquième Commission des Nations Unies, en charge du budget.

Il a souligné que les vraies discussions budgétaires intervenaient en cas de création d'une nouvelle mission, et pas pour une réforme structurelle finalement peu coûteuse par rapport à un nouveau déploiement (55 millions de dollars contre 1 milliard dans le cas de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) par exemple).

« Si on veut être prêt pour le Tchad, la Somalie, ou quelque autre mission que ce soit, nous aurons besoin de ces nouvelles ressources », a-t-il plaidé, « et l'on ne peut pas se permettre de dire aujourd'hui au Darfour, 'désolés, il faudra attendre la prochaine session budgétaire pour avancer' ».