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Yvo de Boer : « la conférence de Bali doit lancer les négociations de l&#39après-Kyoto »

Yvo de Boer : « la conférence de Bali doit lancer les négociations de l&#39après-Kyoto »

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Le Secrétaire exécutif de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a assuré aujourd&#39hui tout mettre en oeuvre pour que la conférence de Bali, au mois de décembre, lance les négociations pour l&#39après 2012 dans la réduction des gaz à effet de serre, lorsque le Protocole de Kyoto aura expiré.

Lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU, à New York, Yvo de Boer a fait le bilan des deux semaines de réunion préparatoire de cette conférence, à Bonn, qui se sont déroulées selon lui dans « une atmosphère très encourageante » (dépêche du 18.05.2007).

Dans un contexte très technique de prime abord, certains pays, comme le Brésil, ont manifesté leur volonté de négocier l'après 2012, sans se contenter de discussions.

L'Afrique du Sud a souligné pour sa part que les pays en développement, comme les pays développés, devaient avancer dans leur lutte contre les changements climatiques, alors que des représentants du monde de l'entreprise ont rappelé qu'ils avaient besoin d'objectifs à long-terme afin de déterminer la nature et l'ampleur de leurs investissements futurs.

Dans le même esprit, Yvo de Boer s'est félicité de l'annonce récente par la Chine du lancement d'une stratégie très ambitieuse de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, ainsi que de l'organisation en Inde d'une grande réunion sur les progrès possibles dans l'industrie.

Nous devons avancer vite contre les changements climatiques et cette urgence est de plus en plus prise en compte par les pays, a-t-il affirmé.

De plus, nous disposons de la technologie nécessaire pour nous y attaquer, alors que tous les pays du monde peuvent en constater les premiers effets, a-t-il ajouté : l'Europe et l'Amérique du Nord voient le printemps arriver bien plus tôt, certaines chaînes de montagne ont un enneigement particulièrement faible, le nombre de glaciers connaît une diminution drastique (alors que dans l'Himalaya par exemple, les glaciers fournissent l'eau nécessaire à la fois côté chinois et côté indien), l'Afrique est confrontée à des sécheresses plus dures et plus fréquentes, des maladies atteignent des zones qui en étaient exemptes jusque là et la biodiversité est menacée.

« Les pays voient déjà les conséquences des changements climatiques, en particulier les plus pauvres qui ne sont pas à même de s'en protéger », a insisté Yvo de Boer.

Selon lui, la nomination par le Secrétaire général de l'ONU de trois Envoyés spéciaux sur le sujet témoigne de la haute priorité que Ban Ki-moon accorde à cette question. Ils ont notamment pour mission en ce moment de parcourir le monde afin de préparer la conférence de Bali et faire en sorte que des négociations y soient lancées, a-t-il expliqué (dépêche du 8.05.2007).

Interrogé sur les Etats-Unis, qui n'ont pas ratifié le protocole de Kyoto, Yvo de Boer a indiqué que ce pays estimait toujours que le temps n'était pas venu de lancer des négociations sur le long-terme et continuait de préférer la voie de la coopération bilatérale et des progrès techniques à celle d'une réponse multilatérale et globale aux changements climatiques.

Concernant la justification avancée par les Etats-Unis quant au caractère « prématuré » de négociations, il a déclaré qu'il ne saurait se prononcer. « La principale question pour moi, c'est de savoir quand on va voir la volonté politique répondre aux conclusions scientifiques » des trois rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), dont le dernier est paru au début du mois (dépêche du 04.05.2007), a déclaré Yvo de Boer.

Concernant la Russie, il a souligné que le Président Poutine avait des objectifs de croissance économique particulièrement ambitieux (dans un pays qui connaît déjà une croissance de 7%) et que concilier cette croissance avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre représenterait un défi pour le pays.

Il a rappelé que la Russie s'était néanmoins engagée, là où des pays qui émettent deux fois plus de gaz n'ont pris aucun engagement.

Yvo de Boer a aussi salué l'engagement pris par l'Union européenne de réduire de 20% ses émissions.

Enfin, interrogé sur l'Indonésie, pays hôte de la future conférence, il a souligné que la principale préoccupation pour ce pays était liée à la déforestation. « Mais là aussi, c'est un problème qui doit être résolu de manière multilatérale », a-t-il dit.