Afghanistan : L'ONU appelle au renforcement de la Force internationale dans le pays
Face à la nouvelle crise en Afghanistan où un tiers du pays est confronté à une violence insurrectionnelle, le Secrétaire général a appelé aujourd'hui la communauté nationale à prendre des engagements politiques et financiers pour stabiliser la situation dans le pays et notamment à renforcer la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS).
Dans son dernier rapport sur la situation en Afghanistan publié aujourd'hui à New York, Kofi Annan a noté « des progrès impressionnants » dans le pays, notamment avec la nouvelle assemblée nationale qui a démontré son « indépendance » et les conseils provinciaux « qui fonctionnent maintenant dans les 34 provinces du pays ».
Cependant, a déploré le Secrétaire général, l'Afghanistan s'est « retrouvée au milieu dune nouvelle crise ». « Un tiers du pays est confrontée à une violence insurrectionnelle », indique le rapport.
« La situation dans le sud, le sud-ouest et dans l'est ne s'améliorera pas dans un futur proche et la perspective d'une détérioration de la situation ne doit pas être exclue (?) et partout dans le pays, les Afghans se rendent compte que l'insurrection pose une grave menace à la transition politique nationale », a-t-il insisté.
Durant le printemps et l'été, les Talibans sont revenus en force dans le sud de l'Afghanistan, en déclenchant les attaques les plus importantes depuis la fin 2001 et le renversement du régime des Talibans par une coalition dirigée par les Américains.
« S'il n'y a pas de réaction immédiate et mondiale, l'insurrection pourrait mettre en péril les réalisations considérables du processus de Bonn et plonger plusieurs parties du pays dans le chaos et l'incertitude », a estimé Kofi Annan.
Après l'optimisme qui a prévalu à la conférence internationale de Londres, le Secrétaire général a appelé aujourd'hui le gouvernement afghan et ses partenaires régionaux, ainsi que la communauté internationale dans son ensemble, à « redoubler d'efforts - notamment par des engagements politiques et financiers - pour stabiliser l'Afghanistan et soutenir la transition du pays qui fait face à des défis de plus en plus grands ».
Le 31 janvier à Londres, une soixantaine de pays s'étaient engagés à soutenir les efforts de la nation afghane vers la démocratie à travers le « Pacte pour l'Afghanistan », une feuille de route pour la consolidation de la paix dans le pays qui faisait suite au « Processus de Bonn » (dépêche du 31.01.06).
Plus concrètement encore, Kofi Annan a appelé au renforcement de la FIAS dans le sud de l'Afghanistan.
« Des éléments de stratégie pour lutter contre l'insurrection émergent des discussions conduites par le gouvernement et les membres de la communautés internationale impliqués dans la zone du pays affectée par la brusque irruption de la violence », a-t-il expliqué. L'insurrection doit être combatte par « une action militaire robuste », a-t-il précisé.
Le Secrétaire général a aussi demandé de redoubler les efforts pour « améliorer et accélérer la réforme de la police afghane », en intensifiant notamment conseils et formations.
Il a aussi rappelé la nécessité de lutter contre la corruption et le trafic de drogue « qui continue de menacer la transition de l'Afghanistan ». « Je suis de plus en plus préoccupé par la corruption de l'administration qui continue, à tous les niveaux, de saper les efforts pour améliorer la gouvernance », a-t-il encore insisté.
Dans son rapport annuel sur le pavot, l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) avait affirmé que la culture et la production d'opium avaient connu une progression spectaculaire en Afghanistan, essentiellement dans les provinces du sud, de plus en plus livrées à l'anarchie.
Selon l'ONUDC, la culture a augmenté de 59 % en 2006 et la récolte a enregistré un niveau record de 6 100 tonnes d'opium.
Son directeur avait lancé un appel à la FIAS pour détruire les laboratoires d'héroïne, démanteler les bazars à opium et attaquer les convois d'opium (dépêche du 12.09.06).
Après plusieurs semaines de tractations, les pays européens ont finalement accepté hier d'envoyer des troupes supplémentaires dans le cadre de la FIAS en Afghanistan. L'OTAN demandait 2.500 hommes supplémentaires pour faire face au regain de violence entraîné par le retour des Talibans dans le pays et éradiquer le trafic d'opium.
La FIAS compte actuellement environ 20.000 soldats en Afghanistan, parallèlement aux 21.000 hommes déployés par les Etats-Unis.