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Moyen-Orient : l'espace ouvert aux initiatives diplomatiques est en train de se refermer rapidement, affirme Ibrahim Gambari

Moyen-Orient : l'espace ouvert aux initiatives diplomatiques est en train de se refermer rapidement, affirme Ibrahim Gambari

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Le Conseil de sécurité s'est réuni ce matin pour une session d'urgence sur le Moyen-Orient, convoquée à la demande du gouvernement libanais, en présence du représentant israélien et des responsables de l'ONU chargés des affaires politiques et du maintien de la paix, qui ont appelé à préserver la possibilité d'une solution diplomatique.

« Le Secrétaire général est profondément alarmé par l'escalade de la violence au Liban et en Israël. Une partie du Liban est soumis à un blocus et à des opérations militaires israéliennes lourdes, tandis qu'Israël est soumis à des attaques indiscriminées de la part du Hezbollah », a déclaré aujourd'hui Ibrahim Gambari, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l'ONU devant le Conseil de sécurité.

image Retransmission de la séance du Conseil de sécurité[1h45mins]

« L'escalade s'est produite des deux côtés. Nous sommes particulièrement alarmés par les souffrances imposées aux civils des deux parties », a dit Ibrahim Gambari.

Ce dernier a réitéré l'appel du Secrétaire général au respect du « principe de proportionnalité dans toute les opérations militaires ».

Il s'est aussi déclaré « encouragé par les déclarations du récent gouvernement libanais reconfirmant son engagement envers les résolutions internationales et le respect de la Ligne bleue » - la ligne de cessez-le-feu entre Israël et le Liban surveillée par la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).

« Nous soulignons à toutes les parties qu'une escalade qualitative du conflit n'est dans l'intérêt de personne et que l'espace ouvert aux initiatives diplomatiques est en train de se refermer rapidement », a souligné Ibrahim Gambari.

Prenant la parole à sa suite, Jean-Marie Guéhenno, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a rappelé que la crise avait commencé le 12 juillet par l'attaque menée par le Hezbollah qui a tiré de nombreuses roquettes à partir du territoire libanais contre Israël. « Peu après, des combattants du Hezbollah ont franchi la Ligne bleue pour attaquer une patrouille de l'armée israélienne, capturant deux soldats, en tuant trois autres et faisant d'autres blessés ».

Le 13 juillet, « le Hezbollah a mené de nombreuses attaques contre les villes de Nahariya, faisant un mort et contre la ville portuaire de Haifa, faisant des blessés ». Israël a répondu en bombardant les pistes d'atterrissage de l'aéroport international de Beyrouth, et plus tard des réserves de carburant, ainsi que la chaîne de télévision du Hezbollah, Al-Manar », a-t-il ajouté.

« Pour l'instant, huit soldats de l'armée israélienne ont été tués et plusieurs blessés, deux civils israéliens ont été tués et des dizaines d'autres blessés. Un soldat de l'armée libanaise a été tué et plus de 50 civils tués aux côtés de dizaines de blessés du côté libanais », a dit Jean-Marie Guéhenno.

Le Secrétaire général adjoint a indiqué que la FINUL n'avait pas été en mesure de mener ses patrouilles régulières le long de la frontière mais qu'elle maintenait ses positions, n'ayant pas subi de dommages.

Devant le Conseil de sécurité, le représentant du Liban, Nouhad Mahmoud, a affirmé que « la poursuite des destructions et les morts causés par Israël depuis le 12 juillet ne résoudraient pas le problème, mais ne ferait que le compliquer ».

« Le gouvernement israélien tient le gouvernement libanais pour responsable de ces actes, alors même qu'il a émis une déclaration le 12 juillet dans lequel il affirme ne pas avoir été informé de l'incident qui s'est produit le long de la Ligne bleue, qu'il en récuse toute responsabilité et qu'il n'approuve pas ce qui s'est produit », a-t-il ajouté.

Le représentant libanais a aussi rappelé que « depuis plus d'un an le Liban s'efforçait de regagner son indépendance et de reconstruire ses institutions en coopération avec la communauté internationale et dans le plein respect des résolutions du Conseil de sécurité ».

« L'agression israélienne entrave les efforts visant à renforcer la démocratie, en entamant la souveraineté du Liban et ses efforts pour exercer son autorité sur tout son territoire », a dit Nouhad Mahmoud.

Le Sud-Liban est sous le contrôle militaire du Hezbollah, groupe armé chiite pro-syrien et pro-iranien qui dispose d'une représentation au parlement et au gouvernement libanais.

Présentant son dernier rapport sur la résolution 1559 (2004) du Conseil de sécurité sur le rétablissement de la souveraineté du Liban, Terje Roed-Larsen avait souligné que le désarmement des milices, notamment du Hezbollah, comme le demandait le Conseil de sécurité, restait toujours inachevé (dépêche du 26.04.06).

Pour sa part, le représentant d'Israël, Dan Gillerman, a estimé que « le Liban était otage depuis plus de 32 ans des tyrans au Nord et des terroristes au Sud ».

Il a affirmé que, malgré le retrait total d'Israël [en 2000] attesté par les Nations Unies, « le gouvernement du Liban avait une fois de plus choisi de succomber au terrorisme plutôt que de le vaincre », en laissant « le sud de son pays être occupé par des terroristes plutôt que de les désarmer » et en « abandonnant le contrôle de son pays plutôt que d'y exercer sa pleine souveraineté ».

Dan Gillerman a aussi rappelé que son pays avait « fait preuve d'une retenue sans parallèle au cours des six dernières années, malgré les innombrables attaques » et qu'il se devait de répondre « à cet assaut d'une ampleur sans précédent ces dernières années, assaut absolument non provoqué ».

Il a aussi précisé que « nombre des missiles à longue portée qui ont frappé les villes israéliennes [?] étaient lancés depuis des résidences privées abritant des familles ». « C'est un exemple supplémentaire de la façon dont le Hezbollah utilise, de façon cynique et brutale, les civils comme boucliers humains », a-t-il déploré.

Le représentant israélien a aussi souligné que le Hezbollah n'était que le bras de la Syrie et de l'Iran, qui le finance à hauteur de 100 millions de dollars par an et qui fournit les missiles tirés sur Israël.

Il a par ailleurs cité les propos du ministre des Télécommunications du Liban, Marwan Hamouda selon lesquels « Damas donne les ordres, l'Iran fournit l'équipement, Israël réagit et le Liban est la victime ».

Se tournant vers l'ambassadeur du Liban, Dan Gillerman a affirmé : « Au plus profond de vous, vous savez que si vous le pouviez, vous ajouteriez votre courageuse voix à celle de vos courageux compatriotes et collègues. Vous savez que si vous le pouviez, vous seriez assis à mes côtés parce que vous savez que nous faisons ce qui est nécessaire et que si nous réussissons, c'est le Liban qui en sera le bénéficiaire ».