L'actualité mondiale Un regard humain

Conseil de sécurité : le retour au statu quo serait "intenable", affirme l'émissaire de l'ONU au Moyen-Orient

Conseil de sécurité : le retour au statu quo serait "intenable", affirme l'émissaire de l'ONU au Moyen-Orient

media:entermedia_image:e7916a03-5b8b-43c4-aef8-bd6941055b27
Présentant aujourd'hui au Conseil de sécurité un compte-rendu de ses consultations au Liban, en Israël et à Gaza, le chef de la mission du Secrétaire général au Moyen-Orient, Vijay Nambiar, a appelé de nouveau à un arrêt des hostilités et à mettre fin à la menace que pose le Hezbollah tant pour Israël que pour le Liban, expliquant que le retour au statu quo ante serait « intenable ».

« Des consultations de la mission, il est clairement apparu qu'il existe de sérieux obstacles à la réalisation d'un cessez-le-feu global dans l'immédiat. Toutefois, la mission envisage deux objectifs politiques vitaux pour la communauté internationale dans les jours qui viennent », a déclaré aujourd'hui le chef de la mission de paix au Moyen-Orient, déléguée par le Secrétaire général, afin de trouver une solution diplomatique aux crises entre Israël et le Liban et Israël et l'Autorité palestinienne.

imageRetransmission de la séance du Conseil de sécurité[1h55mins]

Vijay Nambiar avait été dépêché dans la région le 13 juillet dernier à la tête d'une délégation comprenant Alvaro de Soto, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général auprès de l´Organisation de libération de la Palestine et de l´Autorité palestinienne, et Terje Roed-Larsen, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la mise en oeuvre de la résolution 1559 (2004) du Conseil de sécurité visant à rétablir la souveraineté du Liban (dépêche du 13.07.06).

« Le premier objectif est de réaliser, urgemment, une forme de cessation des hostilités. Cela est essentiel pour la libération et la protection des captifs, la garantie de l'accès humanitaire, une importante réduction des pertes en vies humaines parmi les populations civiles et l'ouverture de l'espace politique à la négociation d'un cessez-le-feu complet et durable », a dit le Conseiller politique spécial du Secrétaire général.

« Le deuxième objectif est de développer rapidement les éléments d'un cadre politique ouvrant la voie à un cessez-le-feu total et durable », a-t-il ajouté.

A cet égard, Vijay Nambiar a souligné « qu'un retour à la situation antérieure à l'attaque du Hezbollah du 12 juillet, qui laisserait tant les Israéliens que les Libanais victimes des objectifs et des capacités du Hezbollah et des puissances extérieures qui le soutiennent, serait intenable ».

« Il faut donc un ensemble de mesures politiques qui garantissent aux gouvernements d'Israël et du Liban que les horreurs que chaque pays endure à l'heure actuelle ne soient pas répétées ? c'est-à-dire la fin de la menace du Hezbollah contre Israël et le plein respect par toutes les parties libanaises et tous les voisins du Liban de la souveraineté et du contrôle du gouvernement libanais », a-t-il expliqué.

Vijay Nambiar a sur ce point renvoyé aux propositions formulées hier par le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, devant le Conseil de sécurité (dépêche du 20.07.06).

Résumant ses consultations au Moyen-Orient et les positions des différentes parties, Vijay Nambiar a indiqué qu'il avait rencontré à deux reprises, les 16 et 17 juillet, le Premier ministre Fouad Siniora et le président du parlement, Nabih Berri.

Tous deux ont « exprimé une grande frustration et leur peine vis-à-vis de l'étendue des opérations militaires d'Israël au Liban », appelant à un cessez-le-feu immédiat et à l'aide de la communauté internationale à cet effet, a-t-il rapporté.

« Tous deux avaient peine à croire qu'Israël mènerait des actions qui, de leur point de vue, aideraient inévitablement le Hezbollah à long terme, en accroissant les souffrances et en radicalisant l'opinion publique », a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre a aussi dit qu'il « n'était pas en position de négocier un cessez-le-feu lui-même en l'état actuel des choses, puisqu'il n'était pas impliqué dans le déclenchement ou la poursuite des attaques du Hezbollah, que son gouvernement avait désapprouvé ».

Réitérant son « appui à la pleine mise en oeuvre de toutes les résolutions du Conseil de sécurité », le ministre libanais a aussi souligné que les activités d'Israël rendaient « plus difficile » la tâche de son gouvernement et l'obtention d'un consensus libanais, a encore rapporté le Conseiller spécial.

Vijay Nambiar a indiqué par ailleurs que le Premier ministre estimait que « toutes les mesures destinées à atténuer la crise nécessitaient un consensus interne libanais » et « qu'il faudrait régler les questions fondamentales dont la question des fermes de Chebaa ».

En Israël, a-t-il poursuivi, la mission de médiation a rencontré le Premier ministre Ehud Olmert et la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni ainsi que le Vice-Premier ministre Shimon Peres.

« Tous les interlocuteurs ont souligné la responsabilité du Hezbollah pour avoir déclenché le conflit et pour ses attaques terroristes contre des centres de population à l'aide de roquettes à longue distance. Ils ont aussi souligné que le Hezbollah était financé, armé et soutenu par la Syrie et l'Iran », a affirmé le Conseiller du Secrétaire général.

« Ils ont dit clairement qu'Israël avait décidé que les opérations militaires se poursuivraient jusqu'à ce que le Hezbollah soit sérieusement affaibli », a-t-il ajouté.

« Ils ont aussi dit, a-t-il rapporté, qu'il ne s'agissait pas, comme par le passé, d'une réponse à un incident particulier ? l'enlèvement de deux soldats ? mais une réponse définitive à une menace stratégique inacceptable posée par le Hezbollah et un message à l'Iran et à la Syrie que les menaces posées par la voie d'intermédiaires ne seraient plus tolérées ».

Israël a aussi déclaré que « les captifs devraient être relâchés de façon inconditionnelle et que cette fois il ne serait pas prêt à négocier avec le Hezbollah par l'intermédiaire de tierces parties, ce qui avait conduit par le passé à des échanges de prisonniers ».

« Les interlocuteurs israéliens ont aussi souligné qu'ils cherchaient à minimiser les pertes en vies humaines et les dommages au gouvernement et à l'infrastructure publique, accusant le Hezbollah de recourir à des tactiques qui rendaient inévitables la présence de civils dans la ligne de tirs lorsqu'Israël chercherait à se défendre », a-t-il encore poursuivi.

« Le Premier ministre Olmert et la ministre des Affaires étrangères Livni ont souligné qu'une fois que le Hezbollah serait suffisamment affaibli pour qu'il ne puisse plus poser une menace terroriste directe aux citoyens israéliens, ils soutiendraient un cadre politique destiné à éviter le retour au statu quo ante et à faciliter la mise en oeuvre de la résolution 1559 (2004) du Conseil de sécurité », a-t-il encore dit.

Le Conseiller spécial a par ailleurs rendu compte de son entrevue avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Gaza.

Mahmoud Abbas s'est déclaré « particulièrement préoccupé par le fait que la crise actuelle au Liban implique notamment une tentative, de la part d'extrémistes non-Palestiniens, de prendre en otage la question palestinienne », a affirmé Vijay Nambiar.

« Il a estimé qu'il était important de disjoindre les deux crises et de répondre à la question palestinienne en soi, de façon urgente et créative », a conclu l'émissaire du Secrétaire général.