L'actualité mondiale Un regard humain

Liban/Syrie : le Conseil de sécurité demande la mise en oeuvre "intégrale" de la résolution 1559

Liban/Syrie : le Conseil de sécurité demande la mise en oeuvre "intégrale" de la résolution 1559

media:entermedia_image:7f5fe8ae-97e6-403e-b289-22ee87a05b3d
Malgré l'abstention de la Russie et de la Chine, le Conseil de sécurité a adopté aujourd'hui une résolution sur la mise en oeuvre de la 1559 qui concerne la souveraineté du Liban, demandant la délimitation des frontières avec la Syrie, la dissolution des milices et regrettant que des armes continuent d'entrer au Liban.

Dans sa résolution 1680, adoptée aujourd'hui avec 13 voix pour et deux abstentions - Russie et Chine, le Conseil de sécurité s'est déclaré « heureux de noter que des progrès sensibles ont à nouveau été accomplis dans le sens de l'application intégrale de toutes les dispositions de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, en particulier grâce au dialogue national libanais ».

image - Retransmission de la séance du Conseil de sécurité [15mins]

Le Conseil de sécurité a néanmoins ajouté son « regret » de ne pas voir appliquer « intégralement » les dispositions de la résolution 1559. Il cite « la dissolution et le désarmement de toutes les milices libanaises ou autres, l'extension du contrôle de l'État libanais à tout le territoire du pays, le strict respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale, de l'unité et de l'indépendance politique du pays et la tenue d'élections présidentielles libres et régulières, conformément aux règles fixées par la Constitution libanaise et sans intervention ni pression étrangères ».

Le Conseil souligne par ailleurs, « avec préoccupation », que le Secrétaire général constate dans son dernier rapport (S/2006/248) « qu'au cours des six derniers mois, des armes ont été introduites en territoire libanais à l'intention de milices » (dépêche du 26.04.06).

Ce rapport avait été présenté le 26 avril dernier par le Représentant spécial du Secrétaire général, Terje Roed-Larsen, lors d'un exposé au Conseil de sécurité.

La résolution adoptée aujourd'hui demande en conséquence « à nouveau que soient intégralement appliquées toutes les prescriptions de la résolution 1559 (2004), et que « tous les États et toutes les parties concernés dont il est question dans le rapport coopèrent pleinement, à cette fin, avec le gouvernement libanais, le Secrétaire général et le Conseil de sécurité ».

La résolution encourage par ailleurs « vivement le gouvernement syrien à donner suite à la demande faite par le gouvernement libanais, conformément aux accords issus du dialogue national libanais, de délimiter leur frontière commune, surtout dans les secteurs où celle-ci est incertaine ou contestée, et d'établir des relations diplomatiques complètes et une représentation en bonne et due forme ».

Le Conseil note « que ce serait un pas important dans le sens de la consécration de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique du Liban, ainsi que de l'amélioration des relations entre les deux pays, et que cela contribuerait ainsi à la stabilité de la région.

Le texte prend soin de noter aussi que le Conseil garde « à l'esprit que l'instauration de relations diplomatiques et l'envoi de missions diplomatiques entre États se font par consentement mutuel ».

La résolution félicite le gouvernement libanais d'avoir pris « des mesures pour empêcher l'introduction d'armes en territoire libanais et engage le gouvernement syrien à prendre des mesures analogues ».

Elle salue enfin « la décision issue du dialogue national libanais selon laquelle les milices palestiniennes se trouvant en dehors des camps de réfugiés seront désarmées dans les six mois », souhaitant « que cette décision soit exécutée » et demandant « qu'il soit fait encore davantage pour dissoudre et désarmer toutes les milices libanaises ou autres et pour rétablir complètement le contrôle de l'État libanais sur toute l'étendue de son territoire ».

A l'issue du vote, le représentant de la Russie a estimé que cette résolution « ne contribuait pas » à l'amélioration de la situation. Il a fait savoir que son pays aurait soutenu un projet de déclaration présidentielle mais qu'une résolution ne rassemblant pas l'unanimité n'était pas souhaitable.

Pour sa part, le représentant des Etats-Unis, John Bolton, s'est déclaré « très heureux de cette résolution, qui se réfère pour la première fois au rôle de l'Iran pour ramener l'ordre public au Liban ».

« La Syrie doit maintenant répondre à l'appel du Liban pour établir les frontières. La résolution dit aussi clairement que la Syrie doit faire plus pour arrêter le flux d'armes », a déclaré à la presse le représentant américain.

Interrogé sur le fait que la résolution ne cite pas nommément l'Iran, John Bolton a expliqué qu'elle se référait au rapport du Secrétaire général, qui cite sans ambiguïté l'Iran et la Syrie.

Sur les résultats du vote, John Bolton a estimé que « l'unanimité était désirable mais qu'elle n'était pas indispensable ». « Nous avons estimé qu'une déclaration présidentielle n'était pas suffisante et c'est pourquoi nous avons demandé une résolution », a-t-il indiqué.

image - Retransmission du point de presse de John Bolton [6mins]

Le représentant de la France, Jean-Marc de la Sablière, a estimé par ailleurs que cette résolution était « cohérente avec le dialogue national et avec ce que le Premier ministre du Liban, Fouad Siniora, avait demandé au Conseil de sécurité ».

Lors d'un exposé au Conseil de sécurité en présence du Secrétaire général, le Premier ministre Fouad Siniora, avait rendu hommage, fin avril, au « soutien indéfectible » apporté par les Nations Unies à son pays, au cours des 19 derniers mois, indiquant qu'il demanderait l'assistance des Nations Unies sur le statut du territoire connu sous le nom de « fermes de Chebaa ».

A la question de savoir si le Conseil « interférait » dans les relations entre le Liban et la Syrie, Jean-Marc de la Sablière a souligné aujourd'hui qu'il s'agissait d'une réponse à une demande libanaise et que tout cela était dans la lignée de la résolution 1559, qui vise à rétablir la souveraineté du Liban.

image - Retransmission du point de presse de l'ambassadeur de la France, Jean-Marc de la Sablière[9mins]