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Kofi Annan réaffirme l'indépendance de l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri

Kofi Annan réaffirme l'indépendance de l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri

Detlev Mehlis
Le Secrétaire général a réaffirmé aujourd'hui l'indépendance des travaux menés par le chef de la Commission d'enquête internationale sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, pour dissiper les doutes sur une quelconque influence sur son contenu.

« Le Secrétaire général a insisté tout au long du processus sur l'importance du caractère indépendant de la Commission d'enquête internationale indépendante des Nations Unies, dirigée par Detlev Mehlis », a déclaré aujourd'hui le Secrétaire général dans un message transmis par son porte-parole, après avoir reçu hier le rapport qui résume quatre mois d'enquête.

« C'est M. Melhis qui a mené l'enquête et c'est lui qui a établi le rapport », a-t-il insisté.

« Le Secrétaire général n'a, à aucun moment, tenté d'influencer le contenu du rapport », ajoute le message.

Ce message fait suite à une conférence de presse donnée aujourd'hui par Detlev Mehlis, au siège de l'ONU à New York, dans laquelle il a tenté de dissiper les doutes émis par certains sur la réelle indépendance de sa Commission.

image • Retransmission de la conférence de presse[24mins]

Detlev Mehlis a présenté hier au Secrétaire général une version du rapport de sa Commission qui diffère de celle qui est parvenue à la presse à la faveur d'une fuite.

Défendant ce que certains appellent déjà « un rapport discrédité », le chef de la Commission a expliqué que, pendant deux semaines, son équipe a rédigé plusieurs moutures du rapport.

« Celle qui a fait l'objet de la fuite n'est absolument pas conforme à la version finale », a-t-il souligné.

La polémique vient de la suppression, dans la version finale, des noms des quatre hauts fonctionnaires libanais et syriens, présentés comme suspects.

« Personne d'autre que les membres de l'équipe n'a touché au rapport. Les changements ne m'ont été suggérés ni par Kofi Annan, ni par personne d'autre au Secrétariat de l'ONU », a affirmé le chef de la Commission, répondant à une question sur le fait que le Secrétaire général ait pu exercer une influence en vue d'apporter des modifications.

Detlev Mehlis a expliqué qu'il a décidé de supprimer les noms des responsables libanais et syriens lorsqu'il a appris que le rapport serait rendu public.

« Ce rapport, a-t-il confié, a été rédigé avec l'idée qu'il devait rester confidentiel mais devant les faits, j'ai cru bon de m'attacher au principe de la présomption d'innocence ».

« Ces noms ont été cités par un témoin et leur inclusion dans le rapport aurait permis, à un public non averti, de conclure trop rapidement à la culpabilité des personnes concernées, a ajouté le magistrat allemand », précisant qu'il « n'a pas l'habitude de porter les résultats de ses enquêtes sur la place publique ».

« Pourquoi supprimer certains noms et pas d'autres ? », se sont tout de même interrogés les journalistes. « Nous n'avons jamais dit que nous ne mentionnerons aucun nom mais nous savons qui citer ou qui exclure », a répondu le Chef de la Commission.

Le Chef de la Commission présentera son rapport aux membres du Conseil de sécurité mardi 25 octobre.

« Un faisceau de preuves conduit à l'implication tant du Liban que de la Syrie dans l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri », conclut le rapport de la Commission qui a interrogé plus de 400 personnes et examiné plus de 60.000 documents. (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

Le Secrétaire général qui a soumis hier au Conseil de sécurité le rapport de la Commission a indiqué, dans une lettre en annexe, son intention d'en proroger le mandat jusqu'au 15 décembre 2005 (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

La Commission avait été créée le 7 avril dernier par la résolution 1595 du Conseil de sécurité dans le but d'identifier les auteurs, commanditaires, organisateurs et complices de l'attentat terroriste visant l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri et causant la mort de 22 autres personnes (voir notre dépêche du 7 avril 2005).