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Sommet de septembre : des ONG accusent les Etats-Unis de vouloir affaiblir le projet de déclaration finale

Sommet de septembre : des ONG accusent les Etats-Unis de vouloir affaiblir le projet de déclaration finale

Dans une conférence de presse donnée aujourd'hui à l'ONU, plusieurs organisations non gouvernementales ont accusé le gouvernement des Etats-Unis et quelques autres pays de vouloir affaiblir la déclaration finale du sommet de septembre sur la réforme du système des Nations Unies actuellement en négociation.

« Oxfam est très préoccupé par le fait que quelques gouvernements – dont les Etats-Unis mais pas seulement - travaillent à affaiblir la déclaration du sommet, en tentant d'enlever des termes clés, notamment en ce qui concerne les Objectifs du Millénaire, l'aide au développement et la responsabilité de protéger », a déclaré aujourd'hui Nicola Reindorp de l'organisation non gouvernementale Oxfam, lors d'une conférence de presse donnée au siège de l'ONU à New York.

« Oxfam estime que si les Etats-Unis, à travers leur gouvernement, affaiblissent de manière significative le document final, on pourra parler d'un échec du sommet mondial », a insisté Nicola Reindorp.

image• Retransmission de la conférence de presse [40mins]

« En ce qui concerne la responsabilité de protéger, nous sommes préoccupés par le fait que certains gouvernements veulent affaiblirent, dans les négociations en cours, les termes du document final », a-t-elle expliqué.

Le concept émergent dans les normes internationales de « la responsabilité de protéger » les populations civiles contre les génocides, les nettoyages ethniques et les crimes contre l'humanité figurent dans le troisième projet de déclaration du sommet, élaboré par le président de l'Assemblée général, Jean Ping, et rendu public le 5 août dernier (voir notre dépêche du 5 août 2005).

Oxfam s'est également déclaré « très préoccupé par les efforts des Etats-Unis pour affaiblir les engagements pris dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, pour enlever les références aux Objectifs du Millénaire, pour atténuer les engagements pris dans l'aide au développement et l'allègement de la dette ».

Finalement, l'ONG craint que la référence aux Objectifs du Millénaire pour le développement (ODM) soit supprimée, que les pays développés ne s'engagent pas à augmenter leur aide au développement pour atteindre l'objectif de 0,7% du PNB et que les sources innovantes de financement pour le développement tels que la Facilité de financement international (IFF) et la « taxe » de solidarité sur les billets d'avion ne soient pas mentionnés dans le document final.

Face à la position des Etats-Unis, le Secrétaire général avait réaffirmé hier son attachement à la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement qui vise notamment à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici à 2015 (voir notre dépêche du 30 août 2005).

« D'une manière générale, il y a les pays qui soutiennent les principales recommandations du document final – les pays de l'Union européenne, le groupe des Etats africains, le groupe de Rio excepté le Venezuela, le groupe CANZ – et ceux qui s'opposent aux propositions – l'Egypte, le Pakistan et trois membres du Conseil de sécurité », a déclaré de son côté William Pace de « World Federalist Movement ».

« 80% à 90% des gouvernements veulent faire des progrès significatifs, 10% à 20% ont maintenant le potentiel de bloquer ces initiatives », a-t-il ajouté.

Amnesty international s'est inquiété pour sa part de ne pas voir figurer, dans la déclaration finale, la création d'un Conseil des droits de l'homme et la référence à la Cour pénale internationale (CPI).

« Créer un Conseil des droits de l'homme constituerait le développement le plus important dans l'histoire des droits de l'homme aux Nations Unies depuis la création du poste de Haut Commissaire aux droits de l'homme », a déclaré Yvonne Terlingen d'Amnesty International.

Le 2 juin dernier, le Secrétaire général a précisé sa proposition concernant la création d'un Conseil des droits de l'homme « qui pourrait se réunir à tout moment pour s'occuper de crises imminentes » et dont les membres seraient être moins nombreux que ceux de la Commission « pour des débats mieux circonscrits » (voir notre dépêche du 2 juin 2005).

« Etant donné que la (CPI) était un point essentiel de la Déclaration du Millénaire – alors même qu'elle n'existait pas - et qu'elle est restée un élément clé du projet de document final – elle existe maintenant et fonctionne - , cela constituerait un véritable pas en arrière que d'éliminer la CPI du document final », a ajouté Yvonne Terlingen.

Etant donné l'ampleur des divergences, le président de l'Assemblée générale, chargé de mener les négociations, a décidé de créer vendredi dernier un « noyau dur », composé d'une trentaine de pays et groupes régionaux, pour accélérer le processus (voir notre dépêche du 29 août 2005).