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Kofi Annan recommande au Conseil de sécurité la création d'une Commission de consolidation de la paix

Kofi Annan recommande au Conseil de sécurité la création d'une Commission de consolidation de la paix

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Devant le Conseil de sécurité réuni pour une séance sur son rôle dans les crises humanitaires, le Secrétaire général a plaidé aujourd'hui pour la consécration du principe de « la responsabilité de protéger » et pour la création d'une Commission de consolidation de la paix qui pourrait coordonner l'assistance et retenir l'attention internationale dans des pays qui, en raison de la cessation des hostilités actives, ne font plus la une des médias. Le Conseil de sécurité a exprimé son intérêt quant à cette proposition.

Devant le Conseil de sécurité réuni pour une séance sur son rôle dans les crises humanitaires, le Secrétaire général a plaidé aujourd'hui pour la consécration du principe de « la responsabilité de protéger » et pour la création d'une Commission de consolidation de la paix qui pourrait coordonner l'assistance et retenir l'attention internationale dans des pays qui, en raison de la cessation des hostilités actives, ne font plus la une des médias.Le Conseil de sécurité a exprimé son intérêt quant à cette proposition.

« Le 11 juillet 1995, Srebrenica – que ce Conseil avait déclarée « zone de sécurité » et qui était tenue par les forces de maintien de la paix des Nations Unies – tombe sous l'attaque des forces serbes. Le 13 juillet, le massacre systématique des hommes et des garçons musulmans commence. Le souvenir de ces événements révoltants nous rappelle que, chaque fois que le Conseil de sécurité prend la responsabilité de protéger des civils, il doit établir un mandat qui ne laisse place à aucune ambiguïté et prévoir des ressources qui permettent d'accomplir la tâche prescrite », a déclaré aujourd'hui le Secrétaire général au Conseil de sécurité réuni pour une séance publique sur le rôle du Conseil dans les crises humanitaires.

« Toutes les parties impliquées – depuis le Conseil lui-même jusqu'à notre personnel sur le terrain, en passant par l'ensemble des États Membres de l'Organisation et le Secrétariat, ici, à New York – doivent être pleinement conscientes des espoirs qu'elles ont suscités parmi ceux qui cherchent désespérément un secours face à de graves dangers », a rappelé Kofi Annan.

Nous manquons trop souvent à la tâche de prévenir les souffrances humaines, « parce que nous ne reconnaissons la gravité de la menace que lorsqu'il est trop tard », a souligné le Secrétaire général, estimant que « les États Membres devraient admettre que, chaque fois qu'un État en particulier ne peut pas ou ne veut pas protéger ses citoyens contre des violences extrêmes, tous les États ont la responsabilité collective de le faire – responsabilité qui doit être assumée par ce Conseil ».

Le Secrétaire général a ce faisant fait référence au principe de la « responsabilité de protéger », dont il préconisait, dans son rapport intitulé « Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et droits de l'homme pour tous », d'en faire un principe consacré en droit international.

« En général, le débat ne porte que sur des cas extrêmes où seule une intervention armée peut mettre fin à l'effusion de sang. Pourtant, plus tôt nous essaierons de résoudre la crise par d'autres voies, plus nous aurons de chances de l'empêcher d'atteindre ce degré de gravité », a rappelé Kofi Annan, qui a exhorté le Conseil à « prévenir des futurs conflits en s'attaquant à leurs causes profondes ».

Le Secrétaire général a mis en avant, par ailleurs, une autre de ses propositions de réforme contenues dans son rapport, à savoir la création d'une nouvelle Commission de la consolidation de la paix, qui aurait pour rôle de coordonner les activités des différents organismes du système des Nations Unies, notamment des institutions financières internationales, entre elles, et avec les donateurs bilatéraux et les États qui fournissent des contingents.

« Cette commission devrait contribuer à retenir l'attention internationale sur les activités de la consolidation de la paix dans des pays qui, en raison de la cessation des hostilités actives, ne font plus la une des médias. En rassemblant les différents acteurs internationaux et régionaux présents dans ces pays, elle devrait harmoniser les activités de consolidation de la paix dans tout le système multilatéral », a-t-il souligné.

« En tant qu'organisme consultatif, la Commission n'empiéterait pas sur l'autorité du Conseil et ne réduirait en rien ses responsabilités. Quels que soient les bons résultats qu'elle pourra obtenir dans ses travaux, ce sera toujours [au] Conseil, qu'il appartiendra d'élaborer et d'adopter les mandats dans le cadre desquels l'Organisation des Nations Unies travaille dans les pays déchirés par la guerre », a expliqué le Secrétaire général.

Si ce projet était adopté, le Conseil de sécurité continuerait de décider de la durée et de l'étendue des mandats des missions, afin de « donner aux pays touchés une chance véritable de se doter des institutions nécessaires et d'instaurer les comportements voulus pour inscrire dans la durée l'état de droit », a conclu Kofi Annan.

La proposition de Kofi Annan a reçu l'approbation du Conseil de sécurité, exprimée par Petros Molyviatis, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, assumant la présidence du Conseil, à l'issue de la séance.

« Le Conseil de sécurité considère que la création d'une Commission de consolidation de la paix pourrait grandement contribuer à rapprocher le maintien de la paix et de la sécurité internationales des activités d'assistance humanitaire et d'aide au développement économique », a-t-il déclaré cet après-midi (voir le communiqué de presse de l'ONU).

Aux termes du premier projet de déclaration du sommet qui réunira en septembre les chefs d'état du monde entier au siège de l'ONU à New York, présenté par le Président de l'Assemblée générale, Jean Ping, les Etats Membres se sont dit prêts à établir une Commission de consolidation de la paix (voir notre dépêche du 3 juin 2005).

image • Retransmission de la séance du Conseil [3h23mins]

Lors d'un point avec la presse hier à l'ONU, le chef de la Mission de l'ONU au Rwanda au moment du génocide, le sénateur canadien Roméo Dallaire, avait estimé que « les réformes issues du rapport Brahimi [sur les opérations de maintien de la paix] et celles lancées par le Secrétaire général [dans son rapport intitulé « Dans une liberté plus grande »] étaient absolument cruciales pour le fonctionnement interne de l'ONU et pour sa crédibilité face aux Etats Membres » (voir notre dépêche du 11 juillet 2005).

Il s'agit de savoir « comment en faire un instrument efficace et comment mettre fin aux récriminations constantes qui en font un bouc émissaire », avait-il souligné.

Par ailleurs, sur la responsabilité du Conseil de sécurité face au massacre de Srebrenica, lors d'une interview (audio) diffusée hier à la radio de l'ONU, Diego Arria, représentant permanent du Venezuela aux Nations unies et Président du Conseil de sécurité au moment des événements, se déclarait « modérément optimiste quant au fait que la mémoire de Srebrenica puisse avoir un effet sur l'opinion publique internationale et les affaires des Nations Unies, y compris sur les Etats membres permanents du Conseil de sécurité ».

« Je pense qu'il est indispensable que ces membres, la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Russie et la Chine, transmettent au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie ( TPIY ) toutes les informations dont ils disposaient sur la terrible situation à Srebrenica ».

Diego Arria a estimé de façon ironique que le Conseil de sécurité, à l'époque, était « le Conseil le moins informé auquel il ait jamais appartenu ». « Il n'était pas politiquement disposé à aider les Bosniaques [Musulmans], le conflit ayant pris une dimension ethnique, religieuse et politique ».

« L'OTAN aurait eu les moyens d'arrêter très facilement, en 1992, le président de la Serbie, Slobodan Milosevic ».

Il a aussi déploré que, « dix ans après », les coupables du génocide soient toujours protégés par la Serbie et le Monténégro et la Republika Srpska, qui ne reconnaissent toujours pas les crimes qu'ils ont commis (voir, sur les commémorations du massacre, notre dépêche sur la déclaration de Kofi Annan, et notre dépêche sur l'intervention du Président du TPIY du 11 juillet 2005).