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Côte d'Ivoire : l'ONUCI déplore les graves violations des droits de l'homme commises tant par les forces nationales que par les forces rebelles

Côte d'Ivoire : l'ONUCI déplore les graves violations des droits de l'homme commises tant par les forces nationales que par les forces rebelles

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Dans un rapport sur la situation des droits de l'homme en Côte d'Ivoire, l'Opération des Nations Unies dans le pays a déploré aujourd'hui les graves violations des droits de l'homme commises tant par les éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) - les forces nationales ivoiriennes - que par des éléments des Forces armées des Forces Nouvelles (FAFN) – les forces rebelles.

Au cours de la présentation de son deuxième rapport bimestriel sur la situation des droits de l'homme en Côte d'Ivoire, couvrant les mois de mars et avril 2005, faite aujourd'hui par Simon Munzu, chef de la Division des droits de l'homme, l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) a épinglé aussi les milices et les groupes paramilitaires progouvernementaux ainsi que les groupes armés ethniques agissant dans le cadre des conflits intra et intercommunautaires, les milices Dozos et Cocotayes, et d'autres groupes incontrôlés, parmi lesquels les « coupeurs de routes » opérant dans la zone de confiance, indique un communiqué de presse de la Mission de l'ONU.

« Dans la zone sous contrôle gouvernemental, la sécurité humaine, les droits de l'homme, l'assistance humanitaire et la protection des biens et des personnes ont été compromis par une escalade de la violence armée intercommunautaire qui a pris la forme d'attaques ciblées, de meurtres, de tueries, d'incendies de villages, de destruction de maisons et de biens dans l'ouest de la Côte d'Ivoire », indique le communiqué.

« Ces violences perpétrées par des groupes composés de jeunes, dont la plupart sont enrôlés au sein des différentes communautés, ont conduit au déplacement à l'intérieur du pays de milliers de personnes par crainte de représailles », précise-t-il.

« La fréquence et la nature des violations des droits de l'homme constatées dans la zone sous le contrôle des Forces Nouvelles témoignent d'un climat d'impunité quasi-totale et renforcé le règne du non droit dans cette zone », constate par ailleurs la Division des droits de l'homme de l'ONUCI.

« Les éléments des Forces Nouvelles ont enlevé, détenu, et exécuté de nombreux civils, y compris parmi leurs propres partisans, suspectés de soutenir le Président Laurent Gbagbo. D'autres membres des Forces Nouvelles ainsi que des civils, accusés de soutenir le leader d'une faction rivale des Forces Nouvelles ont été mis aux arrêts, voire exécutés sommairement pour certains d'entre eux, ou encore contraints à l'exil dans les pays limitrophes », explique-t-elle.

« Au cours de la même période, des éléments des Forces Nouvelles se sont également appropriés des biens mobiliers et immobiliers appartenant à des civils par la force et sous la menace de représailles ou d'exécution sommaires afin de les dissuader d'intenter toute démarche visant à recouvrer leurs biens », ajoute-t-elle.

Le rapport de la Division des droits de l'homme note également qu'à l'intérieur de la zone de confiance, des exactions, des attaques à mains armées, des arrestations, des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des enlèvements suivis de demandes de rançons et des campagnes de rapine se sont ajoutées aux activités criminelles habituelles des coupeurs de route.

« Ces graves violations des droits de l'homme ont été indistinctement l'œuvre d'éléments des Forces Nouvelles et des milices Dozo, des milices progouvernementales, d'éléments infiltrés des Forces de défense et de sécurité, des milices tribales et des coupeurs de route », affirme l'ONUCI.

Le rapport indique toutefois que « la signature de l'Accord de Pretoria, le 6 avril dernier, a eu le mérite d'apaiser le climat politique en Côte d'Ivoire, ce qui, à terme, pourrait mener à la réduction de la fréquence des violations des droits de l'homme ».

L'ONUCI déplore cependant que face aux exactions et aux violations massives des droits de l'homme recensées dans son rapport, ni le Gouvernement de réconciliation nationale, ni les Forces Nouvelles n'aient pris des mesures appropriées pour enquêter sur ces événements, établir les responsabilités et traduire leurs auteurs en justice.

Voir, sur l'appel lancé à l'ouverture d'une enquête sur le massacre commis dans la région de Duékoué, notre dépêche d'aujourd'hui.