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Kofi Annan encourage les Etats Membres à endosser ses propositions pour renforcer le TNP

Kofi Annan encourage les Etats Membres à endosser ses propositions pour renforcer le TNP

Kofi Annan
Alors que l'Iran a fait connaître ses intentions en matière d'enrichissement de l'uranium et que la Corée du Nord entend procéder à des essais d'armes atomiques, le Secrétaire général a souligné aujourd'hui l'importance de renforcer le régime du Traité de non-prolifération nucléaire examiné en ce moment à l'ONU, exprimant l'espoir que les Etats Parties prendraient en compte les recommandations formulées dans son rapport « Dans une liberté plus grande».

La Conférence des parties chargée d'examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2005 se déroule du 2 au 27 mai au siège de l'ONU à New York.

Ce qui se passe en ce moment, avec la Corée du Nord et l'Iran, « indique l'urgence qu'il y a pour les Etats Membres de réellement prendre cette conférence au sérieux et de renforcer le TNP », a déclaré ce matin le Secrétaire général, lors d'un point avec la presse (en anglais) à son arrivée au Siège de l'ONU, à New York.

Sur la question de l'Iran, le Secrétaire général a rappelé que les « Européens font d'importants efforts pour poursuivre les pourparlers ». « Je ne crois pas que cela soit encore totalement hors de question », a-t-il estimé.

Quant à la Corée du Nord, il a plaidé pour la poursuite des pourparlers à six, comprenant la Chine, la Corée du Sud, les Etats-Unis, le Japon, la Fédération de Russie et le Japon.

« J'espère qu'ils seront fructueux, parce qu'il n'y a pas d'alternative », a-t-il affirmé.

Interrogé sur l'absence d'incitation suffisante à coopérer offertes par les Etats-Unis à l'Iran et à la Corée du Nord, Kofi Annan a souligné que dans ses propres relations avec la Corée du Nord, l'ONU avait fourni une assistance humanitaire et l'avait encouragée à coopérer sur la question du nucléaire. « Nous avons aussi essayé de leur faire comprendre quels avantages économiques ils pourraient tirer s'ils coopéraient avec la communauté internationale et s'ils se soumettaient à ses demandes ».

« Je pense que les perspectives économiques à long terme une fois que cette question sera réglée pourront constituer une véritable incitation à coopérer », a affirmé le Secrétaire général.

Interrogé sur la conférence d'examen du TNP, qui a lieu en ce moment à l'ONU, le Secrétaire général s'est déclaré « bien sûr, préoccupé, comme tout le monde, qu'il ait fallu deux semaines pour parvenir à un accord sur le programme de travail, et j'espère qu'ils accélèreront leur travaux », a déclaré Kofi Annan (voir notre dépêche du 12 mai 2005).

Précisant que l'ONU n'avait pas eu de contact récent avec la Corée du Nord, depuis que son Envoyé, Maurice Strong, a suspendu sa mission, le Secrétaire général a « appelé le pays à coopérer ».

S'agissant des recommandations formulées dans son Rapport intitulé « Dans une liberté plus grande: vers le développement, la sécurité et les droits de l'homme pour tous », le Secrétaire général a espéré qu'elles seraient prises en compte par les Etats Membres.

« Mohamed ElBaradei [le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA] et moi-même avons soumis des suggestions et j'espère que les Etats Parties les mettront en oeuvres », a-t-il indiqué.

Dans son rapport, le Secrétaire général estime « qu'il est essentiel de progresser sur les chapitres du désarmement et de la non-prolifération, et aucun des deux ne doit être l'otage de l'autre ».

« Le statut spécial des États dotés de l'arme nucléaire leur confère une responsabilité spéciale et ils doivent faire davantage, y compris, mais pas seulement, réduire encore leur arsenal d'armes nucléaires non stratégiques et continuer de respecter les accords de maîtrise des armements qui imposent la destruction totale et définitive de ces armes ».

« Ils devraient également réaffirmer leur détermination à offrir des garanties négatives de sécurité. Il importe qu'ils négocient promptement un traité d'interdiction des matières fissiles. Le moratoire sur les essais nucléaires doit de même être appliqué jusqu'à ce que nous ayons obtenu l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires », indique le Secrétaire général, qui « encourage vivement les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à entériner ces mesures lors de la Conférence des Parties de 2005.

Au chapitre des recommandations, le rapport du Secrétaire général propose notamment de renforcer le pouvoir de vérification de l'Agence internationale de l'énergie atomique « par l'adoption universelle du Modèle de protocole additionnel ».

« Ensuite, tout en maintenant la possibilité pour les États non dotés de l'arme nucléaire d'exploiter la technologie nucléaire, nous devrons chercher à inciter les États à renoncer d'eux-mêmes à se doter de moyens de production d'uranium enrichi et de séparation du plutonium, tout en leur garantissant un approvisionnement en combustible destiné à des usages pacifiques », estime le Secrétaire général.

Le rapport propose ainsi « un arrangement qui habiliterait l'AIEA à servir de garant pour la fourniture de matières fissiles à des utilisateurs du nucléaire à des fins civiles aux taux du marché ».

Kofi Annan proposait enfin que les États Membres adoptent « des mesures de contrôle efficaces qui couvriraient les exportations de missiles et d'autres vecteurs d'armes nucléaires, biologiques et chimiques et de missiles portables et interdire leur vente à des acteurs non étatiques » et que le Conseil de sécurité « adopte également envisager d'adopter une résolution visant à empêcher les terroristes d'acquérir ou d'utiliser des missiles portables ».

Par une résolution du 13 avril, l'Assemblée générale a adopté, par consensus, la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire (voir notre dépêche du 13 avril 2005).

image• Retransmission de la conférence de presse [7mins]

image• Retransmission de la conférence de presse de Sergio de Queiroz Duarte (Brazil), Président de la Conférence d'examen du TNP, le 12 mai à l'ONU [35mins]