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L'Afrique victime d'une discrimination sur le plan de l'assistance humanitaire, selon Jan Egeland

L'Afrique victime d'une discrimination sur le plan de l'assistance humanitaire, selon Jan Egeland

Jan Egeland
Le responsable des affaires humanitaires de l'ONU, Jan Egeland, a estimé hier que les crises les plus graves, notamment en Afrique, pourraient être réglées si on leur accordait plus d'attention, de pressions politiques et de moyens, à la mesure de ce qui est fait en Europe ou au Moyen-Orient. Le Conseil de sécurité, par la voix de sa présidente, a appelé à une répartition équilibrée de l'assistance aux crises en Afrique.

« Les membres du Conseil ont exprimé leur grave préoccupation à l'égard de la situation humanitaire dans de nombreuses régions d'Afrique », a indiqué hier soir, dans une déclaration à la presse, la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois de mai, Ellen Margrethe Løj, ambassadeur du Danemark.

Cette déclaration intervenait à l'issue d'une séance à huis clos au cours de laquelle Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, a présenté un exposé sur l'assistance humanitaire à l'Afrique.

De nombreux membres du Conseil ont « condamné les atrocités perpétrées par l'Armée de la résistance du Seigneur (LRA selon son acronyme anglais) » et « exprimé l'espoir qu'une solution pacifique serait trouvée au conflit dans le nord de l'Ouganda », a déclaré la Présidente, ajoutant qu'ils « encourageaient le Gouvernement ougandais à faciliter une telle solution ».

S'agissant du Darfour, le Conseil a exprimé l'espoir que le déploiement plus large des forces de l'Union africaine (UA) au Darfour, la situation humanitaire globale s'améliorerait, y compris pour le personnel d'assistance.

Ellen Margrethe Løj a rappelé que le Conseil de sécurité consacrerait, demain, une séance à la situation au Soudan.

Le Conseil s'est par ailleurs déclaré inquiété par la situation au Tchad, au regard du flux de réfugiés en provenance du Darfour (carte)/

Il a aussi espéré que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et l'UA seraient en mesure d'éviter une aggravation de la situation au Togo.

S'agissant par ailleurs de l'assistance humanitaire, le Conseil a reconnu la nécessité d'un financement rapide et prévisible, réitéré son appui aux efforts humanitaires mis en oeuvre en Afrique et appelé à une répartition équilibrée de l'assistance aux crises que traverse l'Afrique.

« Si nous parvenons à rassembler plus d'attention politique, de pression diplomatique et de ressources, nombre des crises les plus graves dans le monde, notamment en Afrique, peuvent être résolues », a déclaré Jan Egeland.

« Les progrès accomplis au Darfour doivent beaucoup à l'accroissement de l'aide humanitaire », a-t-il indiqué, mais « de façon générale, il y a trop peu d'attention et d'investissement, par exemple dans le nord de l'Ouganda, où le flux d'assistance alimentaire risque d'être interrompu en juin ». « De maigres, les rations deviendraient largement en dessous des normes ».

« L'Ouganda reste une des pires crises humanitaires dans le monde », a-t-il déclaré.

« C'est le résultat d'une discrimination ». « Nous apportons plus d'aide aux crises humanitaires si elles se déroulent en Europe ou au Moyen-Orient que si elles interviennent en Afrique ».

« Si nous convenons tous que la vie humaine a la même valeur partout, la même attention devrait être portée au Nord de l'Ouganda que dans le Nord de l'Iraq, au Congo qu'au Kosovo, et ce n'est pas le cas aujourd'hui ».

« La majorité de nos appels en Afrique sont gravement sous-financés, en dessous de 20% pour l'instant cette année », a précisé Jan Egeland, ajoutant que les promesses de don pour le Soudan faites à Oslo n'avaient toujours pas été débloquées (voir notre dépêche du 12 avril 2005), alors que le nombre de personnes dans le besoin risque de s'élever bientôt à 3 millions.

Interrogé sur le rôle de la presse américaine dans la couverture de ces crises, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a estimé que les médias occidentaux jouait son rôle pour le Darfour mais « qu'il était déloyal en ce qui concernait les autres crises », notamment Ouganda, au Togo, et au Tchad. Il a aussi attiré l'attention sur le Zimbabwe.

Jan Egeland a estimé que cela était dû à la difficulté, notamment dans le cas de l'Ouganda, à expliquer la situation en termes facilement compréhensibles pour le public.

La situation en Ouganda (voir notre dépêche du 6 mai 2005), avec la Somalie et la Sierra Leone font partie de la liste pour 2005 des « Dix sujets dont le monde n'entend pas assez parler » sélectionnés par le Département de l'information de l'ONU.

image• Retransmission de la déclaration [19 mins]