L'actualité mondiale Un regard humain

L'ONU met en garde contre le déploiement de nouvelles opérations de maintien de la paix en 2005

L'ONU met en garde contre le déploiement de nouvelles opérations de maintien de la paix en 2005

media:entermedia_image:ce8c3f5c-0ef9-48a1-af91-7a863eaf3c1f
Plaidant pour une consolidation des missions déjà existantes et pour la continuation des réformes entreprises, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a mis en garde la communauté internationale contre le déploiement de nouvelles missions, au-delà de ce qui a déjà été prévu, comme le déploiement d'une opération complexe au Soudan, le plus grand pays d'Afrique.

Présentant au Comité spécial des opérations de la maintien de la paix le rapport du Secrétaire général, Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a plaidé hier pour « l'établissement d'une force de police civile permanente » et « la mise en place d'une force militaire de réserve stratégique », « deux investissements qui permettraient aux opérations de maintien de la paix d'être plus efficaces et, par conséquent, plus rentables ».

« Imaginez que nous puissions déployer, en 72 heures, 20 spécialistes hautement qualifiés de police civile, des spécialistes qui auraient été formés et qui auraient travaillé ensemble, et qui pourraient planifier et lancer un mandat de police civile », a lancé Jean-Marie Guéhenno lors de son exposé, expliquant que l'impact d'une telle force serait dix fois plus grand que celui d'un groupe de généralistes.

« Imaginez que nous puissions avoir une force militaire prévisible et rapide, disponible pour appuyer une opération de maintien de la paix menacée par des crises, et qui aurait les moyens de la contenir », a-t-il scandé.

L'année 2004, qui a vu une augmentation considérable du nombre d'opérations déployées sur le terrain a été, selon Jean-Marie Guéhenno, une bonne année pour le maintien de la paix. « Plusieurs missions ont atteint ou même dépassé leurs objectifs, d'autres ayant accompli leur mandat seront mises en sommeil », a indiqué le Secrétaire général adjoint, qui a rappelé que les nouvelles missions intégraient les recommandations du Rapport Brahimi de 2000 et les « douloureux enseignements tirés au cours des années 90 ».

Au Timor-Leste, par exemple, les Nations Unies achèvent leur mandat. En Sierra Leone, le Gouvernement démocratiquement élu, qui consolide une situation fragile, pourra bientôt « prendre en charge la responsabilité de la sécurité du pays ». En Afghanistan, la mission de l'ONU a commencé l'année « en apportant avec succès un soutien à la Loya Jirga qui a approuvé une nouvelle Constitution » et continué « en aidant les Afghans – dont des millions de femmes – à élire démocratiquement leur Président, Hamid Karzaï ».

A ce jour, le Département des opérations de maintien de la paix gère 17 missions qui comprennent 75 000 militaires, policiers et civils - contre 55 000 l'année dernière à la même époque. Au total, 120 000 militaires, policiers et civils, venant de plus de 100 pays, ont été mobilisés au cours de l'année 2004.

Au cours de l'année 2005, il faudra « consolider nos succès » et « continuer les réformes entreprises », a indiqué le Secrétaire général adjoint, ajoutant que « malgré les bonnes nouvelles, il ne fallait pas se faire d'illusions ».

« Le chemin qui nous attend en Afghanistan, au Burundi, au Libéria, en Haïti, en République démocratique du Congo et en Côte d'Ivoire sera périlleux. De même, les processus politiques que nous gérons au Kosovo, Éthiopie/Érythrée et en Géorgie demeurent complexes alors que de nouvelles ressources n'ont toujours pas été fournies », a-t-il précisé.

« A ces 9 missions, il faudra en ajouter d'autres très importantes, comme le déploiement d'une opération complexe au Soudan, le pays le plus grand d'Afrique », a-t-il ajouté.

Rappelant que plusieurs missions qui opéraient toujours dans un environnement précaire auraient besoin d'être soutenues pour atteindre les objectifs de leur mandat et insistant sur le fait qu'il fallait continuer les réformes entreprises, Jean-Marie Guéhenno a souhaité que les Nations Unies n'aient pas à déployer une autre opération complexe en 2005, au-delà de ce qui a déjà été prévu.

Dans son exposé à l'Assemblée générale, le Secrétaire général adjoint a évoqué les allégations d'abus sexuels et d'exploitation commis par des membres du personnel militaire et civil de la Mission d'observation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) (voir notre dépêche précédente sur ce sujet).

« Nous devons répondre à ces allégations avec vigueur », a-t-il déclaré.