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Le Libéria face à la phase critique de consolidation, selon un rapport de l'ONU

Le Libéria face à la phase critique de consolidation, selon un rapport de l'ONU

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Maintenant que sont passées les étapes de la démobilisation et du désarmement, le Gouvernement du Libéria devra, selon un rapport de l'ONU, réussir la réinsertion des ex-combattants et le renforcement de ses structures pour offrir des services sociaux et obtenir la confiance de sa population comme des donateurs, ainsi que pour préparer les élections d'octobre 2005.

« Le processus de paix se trouve actuellement à un tournant critique, l'accent s'orientant rapidement vers les préparatifs des élections d'octobre 2005 », la réinsertion des anciens combattants et la poursuite du rétablissement de l'autorité de l'État dans tout le pays indique le Secrétaire général dans son dernier rapport au Conseil de sécurité sur le Libéria, alors que le Conseil vient de reconduire ses sanctions sur le pays (voir notre dépêche du 21 décembre 2004).

Au nombre des progrès ont accomplis, le rapport, qui fait le point sur les activités de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) depuis le 10 septembre 2004, souligne des étapes dans l'application de l'Accord général de paix et dans le processus de paix : la fin officielle de l'opération de désarmement et de démobilisation le 31 octobre 2004, le démembrement formel des factions armées le 3 novembre le début du rapatriement des réfugiés le 1er octobre et de la réinstallation des personnes déplacées le 8 novembre.

« A ce stade du processus de paix, de nombreuses questions critiques doivent encore trouver une solution afin que les progrès réalisés jusqu'à présent ne soient pas compromis », estime le rapport qui souligne que l'aptitude du Gouvernement national de transition à fournir à la population les services de base demeure très limitée.

« Il importe que les arriérés de traitement dus aux fonctionnaires leur soient versés et payés régulièrement » et que le Gouvernement national de transition « applique d'urgence des mesures rigoureuses pour combattre efficacement la corruption, assurer la transparence dans la gestion des fonds et organismes publics, et restaurer la confiance nécessaire pour amener les donateurs à fournir de nouveaux moyens de financement pour la reconstruction ».

De même, « la menace que font peser sur la sécurité et la stabilité du pays et de la région les plus de 100 000 anciens combattants désoeuvrés, instables et rétifs doit être prise très au sérieux », alors que « l'écart entre les contributions versées et les besoins estimés s'élève à quelque 60 millions de dollars ne serait-ce que pour les anciens combattants », souligne le rapport du Secrétaire général.

Sur le plan politique, « l'effet négatif persistant des dissensions au sein des LURD (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie) sur l'aptitude du Gouvernement national de transition à appliquer l'Accord général de paix demeure un grave sujet de préoccupation ».

« Il est regrettable que certaines personnes continuent à chercher à promouvoir les intérêts particuliers de leur faction et cherchent à mettre les bâtons dans les roues au Gouvernement national de transition », déplore Kofi Annan.

Par ailleurs, les troubles qui ont secoué le pays entre le 28 et le 31 octobre ont fait apparaître les problèmes sous-jacents auxquels il faut que l'on s'attaque d'urgence, notamment avec l'aide de la MINUL, pour empêcher de nouvelles flambées de violence.

L'enquête sur les causes des troubles du mois d'octobre qui avaient conduit à l'incendie de plusieurs églises, mosquées et bâtiments résidentiels et commerciaux Monrovia et à Kakata (voir notre dépêche du 29 octobre 2004) est toujours en cours, mais « c'est un différend foncier qui aurait déclenché les premières émeutes, lesquelles ont rapidement pris un caractère ethnique et religieux, faisant intervenir le groupe ethnique prédominant, celui des Mandingo ».

« Parallèlement, la situation a également été à plusieurs reprises exploitée pour exprimer leurs propres griefs par des combattants mécontents en attente de réinsertion, des fidèles de l'ex-Président Charles Taylor et certains éléments des factions rivales au sein des LURD », indique le rapport.

« Enfin, le fait que les Libériens ne parviennent toujours pas à se mettre d'accord sur la législation devant encadrer les élections d'octobre 2005 est également un sujet de préoccupation », indique le rapport.

« Le retard considérable avec lequel la loi de réforme électorale a été finalement adoptée a entravé les préparatifs des élections d'octobre 2005. Si l'on veut qu'elles aient lieu, on ne peut se permettre de nouveaux revers et retards. En outre, l'adoption d'une loi électorale qui ne garantit pas des normes minimales d'équité risque de dissuader les donateurs potentiels », prévient Kofi Annan dans son rapport.

Par ailleurs, dans un entretien accordé entretien au Centre d'information de l'ONU, le 22 décembre (en anglais), le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Libéria, Jacques Paul Klein indiquait que « MINUL avait constaté des pratiques de pêche illégale et de rejet des eaux de cale dans les eaux internationales du pays ».

Jacques Klein a souligné qu'il serait utile d'avoir l'autorité nécessaire pour forcer ces bateaux à accoster dans le port, afin de leur faire payer des amendes, ce qui « génèrerait des revenus pour le Gouvernement ».

- Dossier Afrique de l'Ouest du site de l'ONU