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Kofi Annan sur le Gouvernement iraquien : un nouveau départ avant une nouvelle résolution

Kofi Annan sur le Gouvernement iraquien : un nouveau départ avant une nouvelle résolution

Kofi Annan
« Je voudrais ajouter ma voix à ceux qui rendent hommage au peuple iraquien pour avoir désigné un nouveau Gouvernement », a déclaré ce matin Kofi Annan qui a félicité son Envoyé pour le travail accompli dans un contexte difficilelors d'une rencontre avec la presse au Siège de l'ONU, à New York.

« Je pense que c'est un nouveau départ [...]. Il reste une rude tâche à accomplir, et je voudrais aussi féliciter mon propre Envoyé, Lakhdar Brahimi, pour le travail accompli. Cela a été difficile, il a dû faire des compromis pour faire avancer le processus. Il n'a jamais été question que cela soit facile, et il le savait, mais maintenant que le nouveau Gouvernement est installé, il nous faut tous regarder de l'avant dans la perspective du transfert de souveraineté et de pouvoir aux Iraquiens, le 30 juin » a-t-il précisé.

« Comme vous le savez, le Conseil de sécurité va poursuivre ses discussions sur la nouvelle résolution, et il est prévu que le nouveau gouvernement sera aussi consulté sur le contenu de la résolution », a déclaré Kofi Annan, ajoutant qu'il ne savait pas comment le Conseil allait procéder quant à cette consultation, mais qu'il espérait « qu'ils serait en serait mesure de la mettre en place aussi rapidement que possible ».

Répondant aux questions des journalistes sur le contenu du nouveau gouvernement iraquien, M. Annan a indiqué que M. Brahimi avait produit une liste, et que le Premier Ministre désigné pour le Gouvernement intérimaire iraquien provenait de la liste établie par Lakhdar Brahimi.

« M. Iyad Allaoui [le nouveau Premier Ministre du Gouvernement intérimaire iraquien] lui-même était sur cette liste. Quand au gouvernement lui-même, [M. Brahimi] a débattu de la liste avec le nouveau Premier Ministre, qui a exercé, après discussions, son privilège, et qui a sélectionné le cabinet. Mais là encore à partir de la liste produite par M. Brahimi » a indiqué le Secrétaire général.

Interrogé sur le fait que certains membres du Conseil se seraient plaints de pressions américaines sur le processus de décision, Kofi Annan a déclaré que, « depuis le départ, il était clair qu'il devrait y avoir des discussions avec l'Autorité provisoire de la coalition, avec les membres du Conseil de gouvernement, et avec les autres institutions iraquiennes, conduisant à la désignation du gouvernement. En conséquence, le fait qu'ils aient été impliqués dans les discussions n'est pas surprenant ».

Le Secrétaire général a rappelé que le Conseil de sécurité devait commencer à débattre aujourd'hui d'un deuxième projet de résolution sur l'Iraq, qui devrait faire apparaître les différences concernant la question de la souveraineté.

« Mon sentiment est que la plupart des membres du Conseil sont déterminés à garantir que l'Iraq bénéficie d'une pleine souveraineté ».

Interrogé sur son message aux Iraquiens face à la désignation du nouveau Gouvernement, Kofi Annan a déclaré qu'il fallait reconnaître que « le processus n'était pas parfait, que l'environnement était difficile et que, compte tenu des circonstances, M. Brahimi avait fait de son mieux ».

« Il ne faut pas oublier », a-t-il poursuivi, « que le gouvernement désigné comprend six femmes, ce qui est un progrès considérable. Il comprend d'autres visages nouveaux. Oui, il reste des membres du Conseil de gouvernement, mais il y a aussi des visages nouveaux dans cette équipe. Nous devrions considérer le Gouvernement dans son ensemble, pas ses membres pris individuellement ».

Répondant à la question de savoir si l'ONU avait été « prisonnière du processus », Kofi Annan a proposé de prendre un peu de recul, et d'examiner la situation.

« A la réunion du 19 janvier à l'ONU, et même avant cela, les Iraquiens et le Conseil de gouvernement nous avaient demandé de déterminer si des élections étaient possible, avant le 30 juin, si le système de scrutin indirect par collèges électoraux proposé était viable, et si cela n'était pas le cas, de proposer une nouvelle approche », a-t-il expliqué.

« Et je pense que nous y sommes parvenus. Non seulement nous y sommes parvenus, mais nous travaillons aussi avec eux pour préparer les élections en janvier 2005. Nous avons établi une Commission électorale indépendante, un Administrateur électoral a été nommé, et nous travaillons sur les partis politiques etc... », a poursuivi Kofi Annan.

« Donc nous sommes parvenus à faire exactement ce que nous avions entrepris, et il n'a jamais été prévu que l'ONU nomme et impose un gouvernement aux Iraquiens », a-t-il ajouté. « Nous devions en débattre avec eux. Et compte tenu des circonstances et des facteurs sur le terrain, il n'est pas étonnant que vous ayez un mélange de personnes du Conseil de gouvernement et de l'extérieur pour former le nouveau Gouvernement. »

Le Secrétaire général a précisé que l'introduction de membres ayant vécu en exil et de personnes de l'intérieur est provenu des consultations, sans que l'ONU n'impose la composition, et sans que l'ONU n'ait été « utilisée » à cet égard.

Par ailleurs, il a exprimé sa préoccupation quant à la violence en Iraq, et indiqué « qu'il n'y avait pas de raisons de croire que la violence allait s'arrêter parce qu'un gouvernement avait été nommé », ajoutant qu'il avait fait part aux chefs d'Etats et au Président Bush de la « nécessité de réduire le niveau de violence, parce que cela sera crucial, pas seulement pour les élections, pour la reconstruction, mais simplement pour l'Iraquien de la rue ».