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Le maintien de la paix au Conseil : une demande croissante à laquelle l'ONU ne peut se soustraire, selon Kofi Annan

Le maintien de la paix au Conseil : une demande croissante à laquelle l'ONU ne peut se soustraire, selon Kofi Annan

Kofi Annan au Conseil de sécurité
Le succès croissant des activités de maintien de l'ONU est infiniment moins coûteux que la guerre a souligné le Secrétaire général de l'ONU devant le Conseil de sécurité réuni pour un échange de vues sur cette question ce matin. Cette demande croissante pose des problèmes nouveaux pour lesquels il a demandé l'appui du Conseil.

« Une étude récente réalisée par les économistes de l'université d'Oxford a montré que le coût des guerres civiles en termes de pertes de revenu et d'impact local et régional était de l'ordre de 128 milliards de dollars par an », a indiqué ce matin Kofi Annan dans son allocution d'ouverture de la séance du Conseil de sécurité sur les opérations de maintien de la paix.

Ces considérations s'inscrivaient dans le cadre d'une demande croissante d'interventions de maintien de la paix de l'ONU.

« Le mois dernier, a indiqué le Secrétaire général, plus de 53 000 soldats, observateurs militaires et policiers civils servaient dans 15 missions de l'ONU. »

Et la liste devrait s'allonger. « Le Conseil de sécurité a récemment autorisé la création d'une nouvelle Mission en Haïti et a augmenté la capacité de la Mission existante en Côte d'Ivoire.

» D'autres missions au Burundi, au Soudan, « se profilent à l'horizon », a ajouté Kofi Annan qui a précisé que pour l'ensemble des opérations en cours et à venir, il était possible que l'ONU ait besoin d'ajouter un milliard supplémentaire au budget du maintien de la paix qui s'élève à l'heure actuelle à 2,82 milliards.

Comparé aux 128 milliards du coût des conflits, « le maintien de la paix est infiniment peu onéreux », a-t-il souligné.

Par ailleurs, « notre devoir est de répondre à cette demande, de saisir l'occasion de mettre fin à des conflits qui s'éternisent », a ajouté le Secrétaire général. « Pour des millions de nos frères humains, une mission de maintien de la paix offre le meilleur et parfois le seul espoir d'un avenir sûr et stable. »

Alors que les opérations deviennent de plus en plus complexes, il importe de s'assurer qu'elles s'inscrivent dans une stratégie à long terme de façon à jeter les fondations d'une paix solide, si nous ne voulons pas, comme c'est le cas à Haïti et au Libéria, être obligés de revenir », a souligné Kofi Annan.

Plus l'ONU s'engage dans des aspects inédits du maintien de la paix, plus les soldats de la paix deviennent des cibles pour ceux qui « espèrent que la poursuite de la violence leur permettra de réaliser leurs objectifs. » Pour se prémunir contre ces menaces, l'ONU a besoin de savoir exactement dans quel environnement elle opère, a-t-il indiqué.

« Le Conseil de sécurité porte la lourde responsabilité d'être l'instance qui mandate ces missions difficiles et dangereuses. Pour réussir, nos soldats de la paix ont besoin de votre indéfectible appui et de mandats clairs et réalisables. Il vous revient de servir de guide aux autres Etats Membres de telle sorte que chaque Mission reçoive les troupes et les ressources dont elle a besoin », a déclaré le Secrétaire général.

Il a attiré l'attention sur les problèmes qui se posaient lors de la mise sur pied des missions de la paix de l'ONU, problèmes récurrents comme « le manque de capacités militaires spécialisées, généralement disponibles chez les troupes des pays développés » ou conjoncturels comme actuellement « le besoin urgent de personnel francophone notamment dans la police», un besoin qui ne fera que s'intensifier cette année du fait des missions qui viennent de prendre de l'ampleur en Côte d'Ivoire, ou de celles qui vont voir le jour comme c'est le cas en Haïti, et peut-être au Burundi.

« Le maintien de la paix n'était pas une activité de l'ONU prévue par la Charte ; elle est pourtant en totale conformité avec la vision de la Charte. Il ne s'agit pas de soustraire les nations à leurs responsabilités mais au contraire de mettre en commun les responsabilités nationales au nom d'un bien supérieur », a fait observer Kofi Annan.

« Le signal adressé par les troupes du maintien de la paix n'en est que plus fort lorsqu'il provient de l'ensemble de la communauté internationale, des pays riches comme des pays pauvres.

C'est pour cela que je demande instamment à l'ensemble des Etats membres de fournir des troupes », a-t-il ajouté.

Une quarantaine de délégués, dont le Ministre des affaires étrangères du Pakistan, Khurshid M. Kasuri, sont intervenus au cours du débat qui a suivi.