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L'envoyé de l'ONU en Iraq : le processus politique, dont il trace les grandes lignes, plus que jamais nécessaire

L'envoyé de l'ONU en Iraq : le processus politique, dont il trace les grandes lignes, plus que jamais nécessaire

Lakhdar Brahimi
S'exprimant dans un contexte iraquien qu'il a qualifié de « particulièrement difficile », Lakhdar Brahimi a exposé la façon dont il envisageait la transition avec la mise en place d'un gouvernement d'administration intérimaire et la tenue d'une Conférence nationale, insistant toutefois sur le fait que la véritable pierre de voûte du processus serait la tenue des élections en janvier 2005. A condition, a-t-il souligné, que la sécurité d'ici-là s'améliore.

S'exprimant dans un contexte iraquien qu'il a qualifié de « particulièrement difficile », Lakhdar Brahimi a exposé la façon dont il envisageait la transition avec la mise en place d'un gouvernement d'administration intérimaire et la tenue d'une Conférence nationale, insistant toutefois sur le fait que la véritable clef de voûte du processus serait la tenue des élections en janvier 2005. A condition, a-t-il souligné, que la sécurité d'ici-là s'améliore.

Lors d'une conférence de presse à Bagdad à laquelle participait également le Président du Conseil de gouvernement iraquien, Massoud Barzani, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l'Iraq, Lakhdar Brahimi, a exposé « quelques observations préliminaires » préfigurant les recommandations qu'il soumettra au Secrétaire général dès son retour à New York.

Tout d'abord, a-t-il indiqué, « la situation actuelle du point de vue de la sécurité rend plus important et plus urgent que jamais la poursuite du processus politique et j'espère que toutes les parties prenantes redoubleront d'efforts pour mener ce processus à son terme. »

Il a insisté sur le fait que les élections prévues en janvier 2005 constituaient la clé de voûte de l'ensemble « Rien ne peut se substituer à la légitimité conférée par des élections libres et équitables. Par voie de conséquence, l'Iraq n'aura un gouvernement réellement représentatif qu'après janvier 2005 », a-t-il souligné.

Dans l'intervalle, « le but reste actuellement de mettre en place un gouvernement d'administration intérimaire qui prendra ses fonction le 1er juillet 2004 et les conservera jusqu'en janvier 2005 », a exposé M. Brahimi qui a s'est dit confiant dans la possibilité de « former un tel gouvernement en temps voulu c'est-à-dire pendant le mois de mai 2004. »

« Ce que nous envisageons, c'est un gouvernement conduit par un Premier Ministre et composé d'hommes et de femmes iraquiens connus pour leur honnêteté, leur intégrité et leur compétence » ainsi qu'un Président qui agirait en tant que Chef de l'Etat et deux Vice-présidents, a-t-il précisé.

Lakhdar Brahimi a également rappelé que, selon l'accord conclu avec l'Autorité provisoire de la Coalition, l'actuel Conseil de gouvernement iraquien cesserait d'exister le 30 juin. « Certains de ses membres assument d'ores et déjà d'autres responsabilités et d'autres membres seront sans aucun doute appelés à participer aux différentes institutions de l'Etat », a-t-il indiqué.

Il a également indiqué qu'il trouvait que la réunion d'une grande Conférence nationale, une initiative qui lui avait été suggérée par un très grand nombre d'interlocuteurs, aurait l'avantage d'encourager le dialogue national, de favoriser l'émergence d'un consensus et la réconciliation nationale.

« Un comité préparatoire pourrait être créé rapidement et la Conférence pourrait avoir lieu après le rétablissement de la souveraineté en juillet », a-t-il précisé, ajoutant que la Conférence nationale pourrait également élire une Assemblée consultative qui serait opérationnelle jusqu'aux élections législatives de janvier 2005 et travaillerait aux côtés du gouvernement.

M. Brahimi s'est également fait l'écho des nombreuses plaintes qui lui avaient été soumises et qu'il estime devoir être prises en compte. « Des détenus sont retenus souvent sans que des charges soient prononcées à leur encontre ou sans être jugés. Ils devraient être inculpés ou libérés et leurs familles et leurs avocats devraient pouvoir les rencontrer », a-t-il déclaré.

« La question des anciens militaires doit également être réglée. Par ailleurs, il est difficilement compréhensible que des milliers et des milliers d'enseignants, de professeurs d'université, de médecins, d'employés hospitaliers, d'ingénieurs et d'autres professionnels dont le pays a tellement besoin, aient été renvoyés dans le cadre du processus de débaassification » (ou élimination des membres du parti Baas), a-t-il ajouté.

En ce qui concerne les préparatifs des élections, M. Brahimi a indiqué que l'équipe électorale de l'ONU avait fait preuve d'une grande diligence, qu'elle s'était rendue dans le Nord et dans le Sud du pays et que, même si les conditions de sécurité limitaient quelque peu leur liberté de mouvement, comme cela avait été le cas pour lui-même, le groupe pensait pouvoir apporter dans ce domaine une aide significative.

Cependant, a souligné Lakhdar Brahimi, « il est important et urgent que, du côté iraquien, les mesures nécessaires soient prises afin que les élections aient lieu à la date fixée. »

« Et naturellement, la situation en matière de sécurité doit s'améliorer de façon significative pour que ces élections puissent avoir lieu dans un environnement acceptable », a-t-il ajouté.

Il a enfin indiqué que toutes ces idées seraient soumises au Secrétaire général de l'ONU et discutées plus longuement dans le cadre de consultations larges organisées par un Comité créé à cet effet par le Conseil de gouvernement et sa propre équipe.