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Afghanistan : la FAO veut combattre l'économie de l'opium par une aide agricole adaptée

Afghanistan : la FAO veut combattre l'économie de l'opium par une aide agricole adaptée

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L'Afghanistan pourrait, par exemple, devenir un exportateur de noix et de raisins biologiques, construire des petits barrages et désensabler le réservoir de Kandahar autrefois région de vergers. En avant-première de la Conférence de Berlin, l'agence de l'ONU pour l'agriculture décrit ses projets pour le pays qu'elle chiffre à 60 millions de dollars.

Même si la lutte contre la production d'opium en Afghanistan passe également par l'action coercitive, le relèvement de l'agriculture est un élément crucial de ce combat dans un pays où 85% environ de la population dépend de l'agriculture, indique aujourd'hui l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) dans un communiqué diffusé à deux jours d'une conférence internationale de bailleurs de fonds à Berlin.

"Le développement d'une agriculture de subsistance et de rente et la création de moyens d'existence de substitution pour des millions d'Afghans qui ont souffert de la guerre et de la misère représenteraient une importante contribution à la paix et à la stabilité du pays. La pauvreté rurale et le manque de revenus sont les principales raisons expliquant que les agriculteurs produisent de l'opium", a déclaré le représentant de la FAO en Afghanistant, Serge Verniau.

L'Afghanistan, leader mondial de la production de pavot, prévoit une production d'opium record cette année, cette culture progressant dans les zones reculées et la FAO envisage un engagement à long terme de probablement plus d'une décennie pour créer des opportunités de revenus de remplacement. L'agence a pour objectif de réhabiliter l'infrastructure agricole afin de renforcer les liens entre les régions et le gouvernement central, en particulier dans quelques-unes des principales régions productrices d'opium.

« La FAO ambitionne également de relancer l'horticulture, l'élevage et la culture de rente afin de créer des revenus de remplacement pour les petits agriculteurs, les travailleurs sans terre et les groupes vulnérables », a ajouté M. Verniau qui plaide pour que soient créées les conditions nécessaires à la production et à l'exploration de nouveaux marchés pour les produits répondant à des standards de production requis au niveau international.

Le responsable de la FAO recommande la remise en état de pépinières afin de répondre à la demande croissante de matériel végétal et la construction des barrages de petite irrigation là où les agriculteurs font face à des restrictions d'approvisionnement en eau. A Kandahar, par exemple, l'ensablement du principal réservoir en eau après plusieurs années de sécheresse a provoqué la dégradation des vergers autrefois prospères.

Le rétablissement des systèmes d'irrigation devrait être accompagné de la distribution d'intrants agricoles, de semences améliorées, de la création d'installation de stockage et d'encouragement au commerce. La FAO a également proposé d'intensifier la production horticole par la formation des exploitants de vergers aux technologies après récolte et à la gestion des installations de stockage.

Dans les domaines de l'élevage et de la lutte antiacridienne "les éleveurs devraient avoir accès au crédit pour acheter des moutons et chaque province devrait posséder un broyeur de fourrage. La FAO souhaite également étendre ses projets avicoles pour les femmes, projets qui ont démontré leur efficacité à générer des revenus", indique Serge Verniau.

La FAO est préoccupée par la défaillance des services de santé animale dans le pays et insiste sur le fait que, par exemple, il n'existe selon M. Verniau, « aucune capacité de contrôle des importations d'animaux et de leurs maladies en provenance du Pakistan ». L'Afghanistan a besoin d'un service vétérinaire pour vérifier que le pays est exempt des principales maladies animales telles que la peste bovine, indique l'agence.

La santé animale est indispensable pour permettre aux familles de reconstituer leurs troupeaux décimés lors de la dernière sécheresse, souligne-t-elle, indiquant que l'élevage a traditionnellement été une importante source de nourriture et de revenus en Afghanistan.

Dans le nord du pays, la FAO soutient une campagne de lutte contre le criquet pèlerin, en collaboration étroite avec les départements provinciaux de protection phytosanitaire. Les campagnes antiacridiennes ont démontré leur succès ces dernières années.

"Toutefois, une stratégie régionale intégrée à long terme et l'aide des bailleurs de fonds sont requises afin de permettre aux institutions, aux agriculteurs et à leurs communautés de lutter contre les criquets. La lutte antiacridienne devrait être constante et motivée par l'urgence. La mobilisation des communautés, le suivi et la mise en place de mesures de lutte ainsi que la formation en protection intégrée devraient devenir une priorité", a déclaré M. Verniau.

Pour le représentant de la FAO, « les interventions techniques ne porteront leurs fruits que si l'Afghanistan parvient à créer des institutions efficaces pour soutenir les communautés locales. Cela prendra du temps et de l'argent. »

Pour mettre ses projets en oeuvre, la FAO lance un appel de 60 millions de dollars dont 25,5 millions de dollars iront au développement agricole des quatre principales provinces productrices de pavot et cible, sur les cinq prochaines années, 1,5 million de personnes se trouvant dans ces régions.

Malgré une récolte record en 2003, des millions de familles rurales, des réfugiés de retour du Pakistan et d'Iran et des personnes déplacées n'ont toujours pas accès à la nourriture, souligne la FAO dans son communiqué.