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Kofi Annan au Sommet de l'Union africaine : pas de règlement des conflits sans volonté politique des Africains

Kofi Annan au Sommet de l'Union africaine : pas de règlement des conflits sans volonté politique des Africains

Kofi Annan
Devant les chefs d'Etat rassemblés au Mozambique pour le Sommet de l'Union africaine, le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a affirmé que la responsabilité de mettre fin aux conflits qui pèsent de façon intolérable sur les populations et le développement du continent, incombait d'abord au dirigeants africains.

Devant les chefs d'Etat rassemblés au Mozambique pour le Sommet de l'Union africaine, le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a affirmé que la responsabilité de mettre fin aux conflits qui pèsent de façon intolérable sur les populations et le développement du continent, incombait d'abord au dirigeants africains.

« L'ONU et le reste de la communauté internationale auront beau nommer des envoyés, demander l'ouverture de négociations et dépenser des millions de dollars pour financer des missions de maintien de la paix, tout cela restera vain s'il n'existe pas, ici même, en Afrique, la volonté politique et les capacités nécessaires», a-t-il déclaré aujourd'hui à Maputo au Mozambique où s'ouvrait le Sommet de l'Union africaine.

« C'est pourquoi, a-t-il ajouté, les membres de l'Union africaine doivent impérativement mettre au point une stratégie commune de règlement pacifique des conflits. »

Citant le Mozambique comme « un exemple de ce que la volonté politique peut produire », Kofi Annan n'en a pas moins fait observer que les « événements tragiques récents » au Libéria, en République démocratique du Congo dans l'Ituri et les Kivus » montraient « malheureusement que l'Afrique était loin d'avoir les mécanismes dont elle avait besoin pour empêcher un conflit d'éclater ou faire respecter les principes élémentaires du droit international humanitaire. »

Dans ces pays, a-t-il dit, « des horreurs sans nom ont été commises, qui devraient être un sujet de honte pour tous les Africains, pour tous les êtres humains. »

Dans un vibrant plaidoyer en faveur de la démocratie, le Secrétaire général l'a présentée comme l'une des deux conditions à l'instauration d'une paix durable, la seconde étant la bonne gouvernance. « Comme on le sait, les pays démocratiques ne se font généralement pas la guerre. Plus les pays démocratiques seront nombreux, plus grandes seront nos chances de voir une paix durable régner dans l'ensemble de la région », a-t-il affirmé.

Il a fait remarquer que la démocratie allait de pair avec l'alternance des pouvoirs. « S'il faut, pour la réaliser, limiter la durée des mandats, eh bien qu'on la limite ! », a-t-il lancé.

En matière de développement, « s'il est vrai, a déclaré Kofi Annan, que le développement des échanges dépend largement du démantèlement par les pays développés des systèmes de subvention et de douane », il n'en a pas moins insisté pour que l'Afrique « fasse des efforts » en améliorant sa compétitivité économique, en favorisant le commerce interrégional et en renforçant sa capacité de participation aux négociations commerciales internationales.

Plus spécifiquement, le Secrétaire général a à nouveau mis en avant la nécessité de réformer l'agriculture africaine. « La récente famine en Ethiopie et en Erythrée nous rappelle de manière tragique que l'Afrique a désespérément besoin de se donner les moyens de nourrir ses habitants et de faire à son tour la révolution verte qui a réussi ailleurs », a-t-il indiqué.

Il a également appelé à une « mobilisation coordonnée dans toutes les sphères de la société » africaine pour lutter contre le sida, une maladie qui « fauche les jeunes adultes au seuil de leurs années les plus productives, spolie tout un continent de ses futures élites » et « mine les efforts de l'Afrique. »

Soulignant que l'expérience a montré « qu'il était possible de faire reculer le fléau » et que « certains pays africains y étaient parvenus », il a appelé les dirigeants africains rassemblés à Maputo, à montrer la voie en brisant le terrible mur du silence qui continue d'entourer la maladie et en faisant de la lutte contre le sida une priorité absolue. »

La naissance de l'Union africaine a marqué un tournant, avait déclaré le Secrétaire général en commençant son allocution. Il l'a conclue en affirmant qu'elle donnait aux Africains « la possibilité, le droit et la responsabilité de montrer la réalité de leur contribution au monde. »