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Nucléaire iranien : Kofi Annan estime salutaire la participation de l'Iran aux pourparlers de Moscou

Nucléaire iranien : Kofi Annan estime salutaire la participation de l'Iran aux pourparlers de Moscou

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Rappelant que l'absence de règlement de la crise iranienne pèsera sur la sécurité régionale et internationale, le Secrétaire général s'est félicité aujourd'hui d'apprendre que l'Iran participera bien aux pourparlers de Moscou, le 20 février prochain, afin de discuter d'une proposition russe pour l'enrichissement de l'uranium iranien.

« En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, la contribution de la Russie pour ramener toutes les parties à la table de négociations est vitale », indique le Secrétaire général dans un message transmis aujourd'hui par son porte-parole.

Afin que l'Iran puisse poursuivre un programme nucléaire civil sans procéder sur son territoire à l'enrichissement de l'uranium qui pourrait être utilisé à des fins militaires, la Fédération de Russie a proposé que cet enrichissement se fasse sur le territoire russe.

Dans son message, le Secrétaire général se déclare « convaincu que l'Iran profitera des pourparlers à Moscou et de la période d'ici au début du mois de mars pour prendre les mesures nécessaires afin de rétablir la confiance sur le fait que le programme nucléaire iranien vise des fins purement pacifiques ».

Mohammed ElBaradei, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), présentera son prochain rapport sur le programme nucléaire iranien au Conseil des gouverneurs le 6 mars prochain.

Le Secrétaire général exprime par ailleurs l'espoir que « l'Iran répondra de façon positive aux résolutions adoptées par le Conseil des gouverneurs de l'AIEA sur la mise œuvre de l'Accord de sauvegarde du TNP en République islamique d'Iran ».

« De telles mesures seraient bien accueillies par la communauté internationale, ne serait-ce que parce que la présente situation a des implications au-delà de l'Iran. Si elle n'est pas rapidement réglée, elle aura des conséquences négatives pour la sécurité régionale et internationale et pour l'avenir du régime de non-prolifération nucléaire lui-même », prévient Kofi Annan.

« Il est temps pour tous les gouvernements qui soutiennent et qui comptent sur ce régime pour leur propre sécurité ainsi que pour notre sécurité collective qu'ils contribuent à régler cette crise de façon à maintenir l'intégrité et l'efficacité du régime » de non-prolifération, conclut le Secrétaire général.

Après avoir cessé les pourparlers avec l'Iran, l'UE-3 - France, Allemagne et Royaume-Uni - avaient décidé de demander à l'AIEA qu'elle renvoie le dossier iranien au Conseil de sécurité, dans une déclaration adoptée le 13 janvier dernier.

A l'issue d'une réunion extraordinaire, le Conseil des gouverneurs avait adopté, le 4 février dernier, une résolution qui demandait à son directeur général de transférer le dossier nucléaire iranien au Conseil de sécurité (voir notre dépêche du 6 février 2006).

Le Conseil des gouverneurs exigeait aussi que l'Iran rétablisse la suspension de « toutes activités liées à enrichissement et au retraitement, y compris la recherche et le développement », qu'il « ratifie immédiatement et mette en oeuvre pleinement le Protocole additionnel » au Traité de non prolifération nucléaire (TNP) que l'Iran a signé en décembre 2003 et qui constitue le principal outil international de surveillance d'un programme nucléaire et qu'il rétablisse « pleinement et rapidement sa coopération avec l'Agence ».

Réagissant le 6 février à la résolution de l'AIEA, le Secrétaire général avait estimé que « tous les recours n'étaient pas épuisés » et espéré que l'Iran prendrait « des mesures susceptibles de ramener les parties à la table des négociations » (voir notre dépêche du 6 février 2006).

Dans un discours prononcé le 31 janvier à Londres, à l'occasion du 60e anniversaire de la première réunion du Conseil de sécurité, le Secrétaire général avait une fois de plus dénoncé les faiblesses du système de sécurité internationale et souligné l'urgence de désarmer et de renforcer le régime de non-prolifération nucléaire, « comme nous le rappelle l'Iran » (voir notre dépêche du 1er février 2006).

« Peut-il y avoir une menace plus alarmante, dans le monde d'aujourd'hui, que la menace d'une arme nucléaire ou biologique tombant entre les mains de terroristes ou utilisée par un Etat, suite à une terrible incompréhension ou un mauvais calcul ? », avait fait observer Kofi Annan.

« Plus s'accroît le nombre des Etats qui possèdent de telles armes, plus grand est le risque. Et plus les Etats qui possèdent déjà de telles armes augmentent leur arsenal, ou insistent sur le fait que de telles armes sont essentielles pour leur sécurité nationale, plus d'autres Etats ont le sentiment qu'ils doivent aussi les avoir, pour leur sécurité », avait-il affirmé.

Lorsque « nous prenons du recul sur les gros titres, il est évident que nous ne pouvons pas continuer à tanguer de crise en crise, jusqu'au moment où le régime de non-prolifération sera plongé dans une cascade de prolifération nucléaire », avait estimé le Secrétaire général.