L'actualité mondiale Un regard humain

OMS: le ralentissement de la lutte antipaludique menace les progrès accomplis

Les moustiquaires imprégnées d'insecticide sont cruciales dans la lutte contre le paludisme. Photo IRIN/Wendy Stone
Les moustiquaires imprégnées d'insecticide sont cruciales dans la lutte contre le paludisme. Photo IRIN/Wendy Stone

OMS: le ralentissement de la lutte antipaludique menace les progrès accomplis

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) publie un rapport qui révèle un ralentissement du financement de la lutte antipaludique, un menace pour les progrès accomplis depuis quelques années, notamment dans les pays les plus touchés par la maladie.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié lundi un rapport qui indique un renforcement de la lutte antipaludique partout dans le monde ces dix dernières années, grâce à des efforts concertés des pays touchés, des donateurs et des partenaires mondiaux, parallèlement à une baisse de son financement.

« Au cours des huit dernières années, le développement de la lutte antipaludique nous a permis d'éviter plus d'un million de décès. Nous devons conserver cette dynamique et tout faire pour éviter une résurgence de la maladie », a déclaré Ellen Johnson Sirleaf, Présidente du Libéria et Présidente de l'Alliance des dirigeants africains contre le paludisme, à l'occasion d'une présentation officielle du rapport à Monrovia au Libéria.

C'est dans les pays à transmission élevée que l'intensification des interventions de prévention et de lutte a eu le plus d'impact: sur 1,1 million de vies sauvées durant cette période, 58% l'ont été dans les dix pays supportant la plus forte charge.

Néanmoins, après avoir rapidement progressé entre 2004 et 2009, le financement mondial de la prévention et de la lutte antipaludiques s'est stabilisé entre 2010 et 2012, et la distribution de certains remèdes a reculé. Selon le Rapport, ces développements indiquent un ralentissement qui risque d'annuler les progrès remarquables récemment accomplis dans la lutte contre l'une des maladies infectieuses les plus meurtrières.

Par exemple, le nombre de moustiquaires à imprégnation durable (MID) distribuées aux pays d'endémie d'Afrique subsaharienne est passé d'un pic de 145 millions en 2010 à quelque 66 millions en 2012. Cela signifie que de nombreux ménages ne seront pas en mesure de remplacer les moustiquaires existantes au moment voulu, exposant ainsi une fraction plus large de la population à une maladie potentiellement mortelle.

Le développement des programmes de pulvérisation d'insecticides à effet rémanent à l'intérieur des habitations a également marqué le pas, le niveau de couverture de la population à risque dans la région africaine de l'OMS stagnant à 11% (77 millions de personnes) entre 2010 et 2011.

Selon le rapport, 50 pays sont en bonne voie de réduire de 75% d'ici à 2015 leurs taux d'incidence du paludisme et atteindre ainsi les cibles fixées par l'Assemblée mondiale de la Santé et le Partenariat Faire reculer le paludisme. Ces 50 pays ne représentent toutefois que 3% (ou 7 millions) des cas de paludisme estimés en 2000, année de référence à partir de laquelle les progrès sont évalués.

« À moins d'une accélération des progrès dans les pays les plus touchés, les cibles mondiales de réduction de la charge du paludisme ne seront pas atteintes » a déclaré le Directeur du Programme mondial de lutte antipaludique à Genève, Dr Robert Newman. « Ces pays sont dans une situation précaire et la plupart d'entre eux ont besoin d'une aide financière d'urgence pour pouvoir acheter et distribuer des produits susceptibles de sauver des vies. »

La charge du paludisme se concentre dans 14 pays d'endémie qui représentent quelque 80% des décès dus à cette maladie. Le Nigéria et la République démocratique du Congo sont les pays les plus touchés d'Afrique subsaharienne, tandis que l'Inde est la plus affectée en Asie du Sud-Est.

« La stratégie consistant à lutter sur plusieurs fronts contre le paludisme, définie dans le Plan d'action antipaludique, est efficace. Mais pour empêcher une résurgence du paludisme dans certains pays, il nous faut de toute urgence imaginer de nouveaux mécanismes de financement qui nous permettent de recueillir davantage de ressources », a affirmé le Directeur exécutif du Partenariat « Faire reculer le paludisme », le Dr Fatoumata Nafo-Traoré. « Nous étudions de nombreuses options, notamment les taxes sur les transactions financières, les taxes sur les billets d'avion avec l'UNITAID ou encore une "obligation paludisme". »